Cinq ans après Mon roi, Maïwenn revient derrière la caméra avec ADN : un drame familial intimiste et sensible sur le deuil et la quête identitaire, teinté d’humour et de gravité. Porté par une pléiade d’acteurs talentueux de divers horizons, on y retrouve entre autres la réalisatrice également interprète, aux côtés de Fanny Ardant, Louis Garrel, Caroline Chaniolleau, Henri-Noël Tabary (Une vie violente) et le marseillais Dylan Robert (Shéhérazade), César du meilleur espoir en 2019.
Le film sort dans les salles de la métropole mercredi 28 octobre. Gomet’ a rencontré Maïween accompagnée d’Henri-Noël Tabary, à l’occasion de leur venue à Marseille au cinéma Les Variétés. Critique et entretien (page suivante).
L’histoire d’un drame familial
Dans ADN, Maïwenn est Neige, une jeune quadra, divorcée et mère de trois enfants, très attachée à la figure tutélaire de son grand-père Emir (Omar Marwan), un ancien communiste algérien.
Venue lui rendre visite dans un Ehpad, Neige retrouve sa famille haute en couleur : sa mère égocentrique Caroline, (Fanny Ardant), sa tante bienveillante, Françoise (Caroline Chaniolleau), ses deux frères, Matteo (Henri-Noël Tabary) et Ali (Florent Lacget), sa soeur, Lilah (Marine Vacth), ainsi que son cousin marseillais, Kevin (Dylan Robert). Ensemble, ils feuilletent l’album souvenir du patriarche tandis que les conversations vont à vau-l’eau.
Mais le grand-père meurt peu de temps après et la disparition du pilier familial va révéler des tensions et des rancoeurs inavouées. Particulièrement bouleversée, Neige cherche refuge dans ce qui la lie à la mémoire de son grand-père et se lance à la recherche de ses origines …
Un mélange d’humour et de gravité
Une mise en scène vive, des affects exarcerbés, une direction d’acteur épatante, le nouvel opus de Maïwenn réunit tous les éléments qui font la singularité de son cinéma, avec un subtile dosage d’humour et de gravité. Pour cela, la réalisatrice et son ami Mathieu Demy, co-scénariste du film ne se privent pas de nous faire rire y compris dans des situations dramatiques.
À l’instar de cette joute verbale drolatique aux pompes funèbres dans laquelle Fanny Ardant, vénéneuse à souhait, reproche à sa soeur désarçonnée, Caroline Chaniolleau son mauvais goût concernant le choix de la couleur du capitonage du cercueil. Autre interstice humoristique, le personnage de François, l’ami de Neige, interprété par Louis Garrel, plus vrai que nature dans le rôle du confident pince-sans-rire.
La cinéaste excelle aussi quand il s’agit de transmettre de l’émotion dans des scènes plus intimes. Comme celle où la jeune femme est confrontée à l’indifférence de son père (Alain Françon) ou face à l’incompréhension de sa mère, un moment bouleversant. Dans ce tourbillon familial, se dessine alors la piste d’un retour de Neige aux origines, vers une nouvelle vie …