Dans votre lettre aux Marseillais vous parlez de Marseille à l’horizon 2050, mais quelle est votre vision de Marseille ?
B.G. J’ai toujours fait le parallèle entre les grands projets et la proximité. On ne peut pas penser le Marseille de demain, de 2050, sans penser le Marseille du quotidien. Ça doit se faire en harmonie avec la Métropole. Cela nécessite aussi de s’interroger sur le fait de redonner des compétences aux communes, et je sais que c’est ce que veut Martine Vassal, mais aussi redonner des compétences aux mairies d’arrondissements dans le cadre de conventions avec la mairie. Ça serait mieux si les maires de secteurs géraient la propreté, la voirie, un peu le stationnement. Aujourd’hui, c’est plus une méthode, que je veux mettre en place, cette méthode participative… plus qu’une vision, même si j’ai beaucoup d’idées naturellement. Le but c’est d’arriver à créer bien évidemment plus de richesses à Marseille pour que ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier, mais pour ça il faut développer l’économie, attirer des entreprises et surtout, il faut arriver, à ce que les gens, les cadres, les chefs d’entreprises, les employés… qui viennent à Marseille, y restent.
Vous parlez de grands projets et vous avez évoqué plus tôt dans cet entretien le casino, qu’en est-il de ce projet pour vous ?
B.G. Je suis pour le casino, comme le maire, mais aujourd’hui, il faut aller un peu plus loin. La création d’un casino est de la compétence unique du conseil municipal. Lorsqu’on fait l’appel d’offre, on doit arrêter un lieu, expliquer aux Marseillais ce qu’il doit rapporter en termes financier et après aller plus loin pour imaginer un projet autour de ce casino… J’ai un lieu en tête, j’ai un projet en tête, mais je ne peux vous le dire maintenant. Pour moi, ça fait partie des projets concrets. C’est du concret sur les impôts des Marseillais… Il y a 8 à 10 millions d’euros de rentrée d’argent pour la collectivité, ce qui pourrait permettre de s’engager à ne pas augmenter les impôts pendant un mandat. Je dis bien presque parce que ce n’est pas un engagement de campagne, c’est une réflexion… mais ça peut créer de la richesse. Ce n’est pas un gros mot richesse, ça veut dire de l’emploi, ça veut dire que pendant la construction il y a des entreprises marseillaises qui travaillent… Les débats actuels ne sont pas tranchés et ce n’est pas la faute du maire. Pour moi, ce sujet, comme celui du funiculaire par exemple, devraient presque être tranchés avant la fin de ce mandat, ne pas être inscrits dans le projet à venir. Dire seulement aux Marseillais « oui, on va le faire ! »
Jean-Claude Gaudin a toujours dit que le stade Orange-Vélodrome resterait à la Ville tant qu’il sera maire. Et vous, si vous êtes élu ?
B.G. C’est un débat. J’ai soutenu le maire pendant des années sur ce que l’on appelle les « bijoux de famille », pour dire effectivement que le stade appartient à tous les Marseillais. Là aussi, il peut y avoir une évolution. C’est peut-être un débat sans fin. Est-ce que c’est une décision qui sera prise par le prochain conseil municipal, après 2020 ? Est-ce qu’on doit demander l’avis des Marseillais ? Oui, le stade est la propriété des Marseillais, mais ils ne l’utilisent finalement qu’une fois dans l’année, lorsqu’il y a la fête des écoles. Le reste du temps, si on veut aller voir un match de foot, de rugby, un concert… on est sur du “privatif”, on paye. Il y a aussi les discussions avec l’OM… Là aussi pour moi, c’est une évolution de la mentalité politique : il ne faut pas avoir peur du débat. Sur certains projets, il va falloir être un peu provocateur, ça ne veut pas dire être fou. Mais aller titiller les gens, sinon on va rester sur du classique. Il faut parler du quotidien de tous les jours, mais il va falloir aussi essayer de rêver à court et à long terme, et de rêver quelque chose qu’on va faire; ça va être toute la difficulté de ce débat. Rappelez-vous le gros débat sur les navettes maritimes…
Vous avez aussi visiblement une idée sur ce sujet…
B.G. Les navettes maritimes sont de la compétence métropolitaine. Je ne veux froisser personne, mais là aussi est-ce qu’il n’y a pas un débat à avoir, sur la fameuse boucle qu’on avait imaginée. Quand on a fait les navettes maritimes, on nous a dit vous vous croyez à Venise. Non, on voit que ça marche… Il y a là un potentiel touristique encore énorme.
Restons dans le maritime avec le Grand port de Marseille, son développement, son ouverture… C’est un axe de travail pour vous ?
B.G. Bien évidemment. Lorsqu’il y a eu la loi Maptam sur la création des métropoles, avec Jean-Claude Gaudin, nous avons porté un amendement pour dire que les ports doivent être de compétences métropolitaines et non plus gérés par l’État. On nous a fait valoir le cas d’un conflit. Je veux bien le comprendre. Toulon n’est quand même pas loin… et si en cas de conflit Marseille doit accueillir des bateaux de guerre, je l’entends, mais c’est aussi un débat sans fin. Projetons-nous dans un avenir où il n’y a pas de conflits heureusement. Dans le port de Marseille, il y a une très grosse partie qui n’est pas utilisée. On supplie presque l’Etat, de permettre à la Ville, à la Métropole de l’utiliser, pour faire de la réparation navale de haut niveau comme à La Ciotat, par exemple. Il y a une économie fabuleuse.
Marseille accueillera l’été prochain le sommet pour la Méditerranée.
B.G. C’est à la fois le présent et l’avenir. Marseille, capitale euroméditerranéenne. C’est d’ailleurs mon ami Renaud Muselier qui avait au départ utiliser ce label. Je pense que là aussi, il faut plus de travail et de collaboration entre la Métropole, la Région et la Ville. Sur cette question méditerranéenne, je travaille d’ailleurs beaucoup avec Jean Roatta, adjoint au maire en charge de l’international, pour essayer d’aller plus loin. Des choses se préparent…
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