Faire collaborer le judiciaire et la police dans la lutte contre le narcotrafic : c’est le message que souhaitaient faire passer le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le Garde des Sceaux Didier Migaud, venus main dans la main annoncer leur plan de lutte contre la criminalité organisée, vendredi 8 novembre, depuis Marseille.
Si le combat contre le narcotrafic est « un combat national » comme le souligne Bruno Retailleau, Marseille en cristallise les enjeux, avec de nombreux faits divers survenus récemment : du tueur à gages de 14 ans arrêté pour le meurtre d’un chauffeur de VTC au vidéo de dérevendication de la DZ mafia (un des principaux gang), les faits divers y sont nombreux.
Juste avant leur prise de paroles, Didier Migaud et Bruno Retailleau ont d’ailleurs échangé longuement avec les familles de victimes du narcotrafic. Ce sont également des parlementaires locaux – les sénateurs Marie-Arlette Carlotti, Guy Benarroche et Jérémy Bacchi – qui sont à l’origine d’une mission d’information sur le narcotrafic.
Narcotrafic : une loi examinée par le Parlement début 2025
Cette mission d’information a d’ailleurs largement inspiré une proposition de loi portée par les députés Jérôme Durain et Etienne Blanc, qui accompagnaient les ministres à Marseille. Cette loi , qui sera examinée par les parlementaires à compter du 29 janvier, est l’un des socles du plan annoncé par les ministres. Ce texte prévoit notamment le renforcement du statut de repenti pour les personnes qui collaborent avec les enquêteurs, le renforcement des moyens d’enquête fiscale pour atteindre le patrimoine des trafiquants, ou encore la coupure de leurs aides sociales. Cependant « l’arsenal législatif seul ne sera pas suffisant », affirme Bruno Retailleau.
Le plan ministériel prévoit ainsi le renforcement des moyens d’investigation ainsi qu’une réorganisation des services. Les moyens de lutte devront également être mis à jour : « Aujourd’hui, il nous faut de nouveaux modes d’action. Nous devons mener un combat en totale asymétrie, alors que les dealers utilisent des drones pour livrer leurs drogues », poursuit le ministre de l’Intérieur.
A côté du volet répressif, le gouvernement souhaite aussi mettre l’accent sur la prévention avec le lancement d’une campagne de communication pour « pour révéler les liens entre l’usage de stupéfiants, les violences des trafiquants et les infractions qui en découlent. »
95 policiers supplémentaires à Marseille
Malgré le choix de la cité phocéenne pour égrener les mesures gouvernementales, peu d’entre elles concernaient finalement directement Marseille. Bruno Retailleau promet néanmoins l’arrivée « échelonnée de 95 policiers supplémentaires sur la voie publique dès l’an prochain. » De fait, dans un rapport paru en octobre dernier, la Cour des comptes pointe du doigt un déficit toujours croissant des forces de l’ordre à Marseille, malgré l’arrivée d’effectifs supplémentaires sous le précédent ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Côté judiciaire, Didier Migaud promet la création d’une cellule de coordination et surtout la création d’un parquet national dédié à la lutte contre le narcotrafic, rassemblant l’ensemble des affaires liées au trafic de drogue.
Marseille bénéficiera du moins comme les autres villes de France des mesures qui entreront en vigueur au niveau national. Le ministre de l’Intérieur préfère se montrer réaliste : « Ces annonces ne vont pas endiguer le trafic de drogue des demain. Il faudra des années pour cela. La menace est grandissante et il n’y aura des résultats que dans la durée. »
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