Une vidéo a marqué les esprits cette semaine : celle d’un gang cagoulé se présentant comme la DZ mafia, l’un des deux principaux clans, avec Yoda, impliqué dans le trafic de drogue à Marseille. Dans la vidéo, ses intervenants démentent leur implication dans l’exécution, en début de semaine, d’un chauffeur de VTC par un tueur à gage de 14 ans, se revendiquant de la DZ mafia.
Une vidéo perçue comme “une surprise” pour la sénatrice (PS) Marie-Arlette Carlotti : « Deux éléments sont inquiétants : d’abord l’implication de l’extrême jeunesse dans le trafic, puis ce genre de vidéo qui est inédit dans le trafic de stups. Elle est révélatrice du fonctionnement de la DZ mafia, qui fonctionne comme une entreprise capitaliste. Ils sont en train de créer une marque! » alerte-t-elle ainsi, aux côtés de ses confrères sénateurs Guy Benarroche (EELV) et Jérémy Bacchi (PCF). Les trois parlementaires, initiateurs d’une récente commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France ont donné rendez-vous à la presse, vendredi 11 octobre, pour un point d’étape.
Les résultats de cette enquête, impulsée en juin 2023, ont été dévoilés en mai 2024. Et depuis ? « Plus rien. Une proposition de loi sénatoriale (présentée par Etienne Blanc et Jérôme Durain, ndlr), avait été posée sur la table en juillet dernier, avant que la dissolution et la mise en place tardive de l’Assemblée nationale ne passent par là », se désole Marie-Arlette Carlotti. Les trois sénateurs des Bouches-du-Rhône demandent que cette proposition de loi soit remise sur la table parlementaire, d’autant que le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait lui-même soutenu la commission d’enquête sur le narcotrafic en tant que président du groupe Les Républicains au Sénat.
Bloc-Notes : le narcotrafic gangrène Marseille
Narcotrafic : un comité de pilotage pour trouver des solutions au niveau local ?
La proposition reprend en grande majorité les préconisations du rapport de la commission d’enquête, comme le fait de recourir davantage aux poursuites en cas d’exploitation de jeunes mineurs ou encore l’instauration d’un travail commun avec l’aide sociale à l’enfance.
Le rapport émis par la commission d’enquête considère en outre les opérations dites “Place nette” insuffisantes pour endiguer le narcotrafic et plaide pour « frapper le haut du spectre » en mobilisant les services de renseignements ou encore de taper les narcotrafiquants au portefeuilles en systématisant les enquêtes patrimoniales, en instaurant un gel judiciaire de leurs avoirs et en créant une confiscation sans condamnation pénale. « Nous espérons une loi d’ici la fin de l’année 2025 mais nous ne savons pas comment le calendrier parlementaire peut évoluer … », poursuit Marie-Arlette Carlotti.
Cependant, « la loi ne fait pas tout », souligne Guy Benarroche. C’est pourquoi les trois élus plaident pour la mise en place de mesures locales, à l’échelon des Bouches-du-Rhône. Ils demandent notamment la création d’un comité de pilotage en préfecture qui permettrait de convier à la réflexion les familles des victimes ainsi que l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, à l’instar des bailleurs sociaux. « Il nous faut inventer un dispositif qui permettrait à tout le monde de se mettre autour de la table pour avancer » abonde le sénateur EELV.
En savoir plus :
> Les conclusions de la commission d’enquête sur el narcotrafic sur le site du Sénat
> Drogue : les opérations « Place nette XXL » se multiplient dans les Bouches-du-Rhône
> Commission d’enquête sur le narcotrafic : « une vertigineuse promenade au bord du gouffre »
> Marseille : le bilan des règlements de compte liés au trafic de drogue s’alourdit encore