Ils étaient une cinquantaine d’habitants du secteur 1/7 à Marseille à s’être massés devant les grilles du Pharo, où se situe le siège de la Métropole Aix-Marseille Provence, à quelques minutes du début de la séance plénière, jeudi 12 octobre. Leurs sujets de préoccupations ? Pêle-mêle, la fermeture du métro la nuit, le tramway vers les Catalans, ou encore la refonte du réseau de bus. « A l’heure de l’urgence climatique, on nous prive de moyens de transports », « encore faudrait-il que les bus fonctionnent correctement », telles étaient quelques-uns des reproches faits aux élus et qui n’ont pas manqué de se répercuter dans l’hémicycle.
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Des points d’amélioration sur le tramway vers les Catalans
Alors que la concertation concernant l’extension du tramway de la place de Rome vers la place du 4 septembre, à Marseille, vient de s’achever, son bilan était soumis au vote des élus de la Métropole, jeudi 12 octobre. Depuis ses débuts, les élus de la majorité municipale marseillaise sont opposés à ce projet qui désenclave davantage les quartiers Sud que le Nord, contrairement aux directives du plan Marseille en grand. Sophie Camard, maire du 1/7 à Marseille – secteur concerné par cette extension – au nom du groupe Pour une Métropole du bien commun, intervient à ce sujet dans l’hémicycle. Elle reconnaît « un bilan contrasté de la concertation » avec une proportion quasi équivalente d’avis favorables et défavorables.
La maire de secteur liste néanmoins cinq points mis en exergue au travers de la concertation, que la Métropole devra prendre en compte : l’amélioration de la trame circulatoire dans le quartier pour éviter un engorgement de la rampe Saint-Maurice, une piste cyclable bi-directionnelle hors trottoir, davantage de solutions de parking – en contrepartie de la disparition du parking Pierre Puget notamment -, le maintien des espaces verts, et enfin la promesse d’avancer en parallèle sur les projets de tramways vers le Merlan et la Belle-de-mai. Sophie Camard précise que la Ville confirmera sa position lors d’un comité de pilotage qui doit être organisé prochainement.
« Nous allons faire rapidement ce comité pour avancer rapidement les travaux », assure la présidente de la Métropole Martine Vassal. De son côté, la présidente de la RTM Catherine Pila « se réjouit de cet adoucissement » et ne peut s’empêcher de taquiner l’opposition : « Peut-être est-ce en voyant le nombre d’avis favorable issus de la concertation que la majorité marseillaise a revu sa position ? » Le comité de pilotage en question devrait avoir lieu dans une quinzaine de jours, ajoute la présidente de la RTM.
Le tracé du Boulevard Urbain Sud ne fait toujours pas consensus
S’il y a bien un sujet qui, en revanche, ne fait pas consensus, c’est celui du tracé du boulevard Urbain Sud à Marseille (9e). Un vieux serpent de mer, qui n’en finit pas de diviser la gauche et la droite. Pour rappel, un premier tronçon entre l’échangeur Florian et le boulevard Sainte-Marguerite a été mis en service le 1er juillet 2020. Au travers du rapport 5 (voir le détail des rapports en document source), la gouvernance de la Métropole a en effet présenté la suite de son projet pour le B.U.S : elle projette en effet de prolonger le boulevard urbain Sud par “un boulevard urbain vert” dédié aux mobilités douces dans le 8e, à partir du Roy d’Espagne jusqu’à la traverse Parangon. Or, les élus de la majorité municipale marseillaise ne l’entendent pas de cette oreille.
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« C’est notre devoir de créer les fondements d’une Métropole plus verte, plus respirable et ouverte sur les grands enjeux du monde. Ce devoir, vous l’oubliez, Madame la Présidente. Cette version du Boulevard Urbain Sud n’est pas à la hauteur des enjeux », tacle Hervé Menchon (EELV, groupe PMBC). Il pointe en outre un “projet qui reste flou” notamment sur la question du boulevard urbain vert.
Martine Vassal joue la carte de la stupéfaction : « Je reste béate. Cela fait des mois que j’ai adressé les plans du boulevard urbain vert à Benoit Payan.[…] J’ai compris que vous vouliez que rien n’avance. Nous, on avance, et on va continuer de dérouler nos projets.» Sur ce sujet, le consensus est encore loin …
Fermeture des métros la nuit : des kits explicatifs mis à disposition par la RTM
Alors que le sujet ne figurait pas à l’ordre du jour, c’est au détour du rapport 15 portant sur la concertation pour la refonte du réseau des bus métropolitains qu’Anthony Krehmeier, maire du 2/3 à Marseille, interpelle la présidente de la RTM Catherine Pila sur la fermeture du métro à 21h30. « Vous aviez promis que le métro continuerait de fonctionner normalement alors que vous saviez très bien que vous alliez devoir fermer le métro [pour tester les nouvelles rames, ndlr]. Cela fait trois ans que vous mentiez sciemment aux Marseillais », invective-t-il. Le sujet ne sera pas plus longuement évoqué dans l’hémicycle, le débat étant ramené par Martine Vassal à la concertation sur les bus.
La présidente de la RTM @PILACatherine répond aux contestations de la gauche et des organisations patronales après l'annonce de la fermeture des métros à 21h30 à #Marseille
— Gomet' (@Gometmedia) October 12, 2023
"Des kits pédagogiques vont être mis à disposition avec toutes les infos et seront relayés par la CCI" pic.twitter.com/C0TRUmLKFT
En aparté, Catherine Pila répond aux accusations au micro de Gomet’ : « Quand je parle de choix politique, c’est le choix politique de faire avancer les choses. Nous sommes dans l’action et malheureusement, cela passe par des travaux. Pour limiter le désagrément, nous avons opté pour un dernier départ – et non pas une fermeture – des métros à 21h30. Nous avons mis en place des bus pour compenser cela. En outre, si la gauche prenait la peine de regarder le calendrier, cela limiterait les polémiques politiciennes puisque l’exploitation normale sera maintenue les vendredis, samedis, dimanches, veilles de match, jours de grands événements, et pour les vacances de Noël », précise-t-elle.
Interrogée au sujet des critiques émises, cette fois, par les organisations patronales, à commencer par la Chambre de commerce et d’industrie, elle répond : « j’ai tenu une réunion avec le président de la CCI, le président de l’Umih et la présidente de la CPME. Nous leur avons expliqué comment nous faisions les choses et ils nous ont dit qu’avec de la pédagogie cela n’était plus un sujet. » Selon Catherine Pila, des kits seront mis à disposition des organisations contenant toutes les informations, afin qu’ils les relaient à leurs adhérents.
Le satisfecit de la Fédération des usagers (FNAUT)
L’important budget transports à financer
En fin de séance, la thématique du transport s’est également invitée dans les discussions portant sur les orientations budgétaires (rapport 111). Et pour cause, la Métropole ne sait toujours pas comment assumer financièrement l’important budget transports – 374 millions d’euros – pour « soutenir la dynamique du plan Marseille en grand », rappelle le vice-président aux finances Didier Khelfa. Il ajoute que la hausse de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, annoncée en janvier 2023, « a permis de dégager les recettes nécessaires mais celles-ci restent précaires avec des dépenses en constante hausse. » Pour une fois, droite et gauche s’accordent sur le fait que la suppression du fonds de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC) constitue « une très mauvaise nouvelle », admet l’adjoint aux finances de la Ville de Marseille Joël Canicave, qui appelle à une « action commune pour le retour du FPIC. »
D’autant que l’échéance de la loi 3DS pèse toujours, plus spécifiquement concernant le financement d’une dotation de solidarité intercommunale. « Nous devons revoir les critères d’attribution car sinon, l’Etat menace de nous contraindre à piocher dans les attributions de compensation des communes qui ont le plus de moyens. Il nous faut instaurer une réelle solidarité métropolitaine », alerte Didier Khelfa. Sur la dotation de solidarité intercommunale, une réunion doit avoir lieu avec le préfet, comme nous l’expliquions dans notre précédent article, dont la date n’a pas été précisée en conseil métropolitain.
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