Recruté en janvier 2023, Antoine Saucier,le nouveau directeur de la deeptech Nawa Technologies, va conduire une réorganisation de l’entreprise basée à Rousset. Sa vision est claire : Nawa doit se concentrer sur son cœur de technologie, les nanotubes de carbone verticalement alignés, pour lancer la production courant 2024 aux États-Unis et avant fin 2024 en France.
La deeptech cofondéeen 2014 par deux chercheurs, Pascal Boulanger etLudovic Eveillard, a développé deux produits en parallèle : ses nanotubes de carbone verticalement alignés (VACNT) et ses supercondensateurs qui utilisent ces cellules. Mais l’activité de supercondensateurs « a été mise de côté pour des problèmes de process et produit»,admet Antoine Saucier. Nawa Technologies va désormais, à l’aube de ses dix ans, connaître une année charnière.
Une réorganisation des activités
« On a pivoté début 2023, explique Antoine Saucier, pour apporter plus de clarté ». Nawa se recentre sur ses VACNT dans trois domaines d’application : la pile à combustible à hydrogène, pour améliorer sa puissance et sa durée de vie, la batterie électrique, pour améliorer son temps de recharge et sa durée de vie, etles matériaux composites.
Ce dernier champ d’expertise,développé par sa filiale N12 technologies – une start-upaméricaine rachetée par Nawa en 2020 – est« parfaitement en ligne pour utiliser nos nanotubes de carbones verticalement alignés pour améliorer la résistance mécanique», poursuit le CEO.
La deeptech provençale fait donc le pari« d’accélérer les transferts de technologie des USA vers la France pour répondre à des clients européens », explique Pascal Boulanger. Ce potentiel de croissance pourrait nécessiter des recrutements supplémentaires, en particulier pour faire tourner la future usine française. Mais, forte de ses 70 collaborateurs, Nawa Technologies est déjà « bien équipée » autant pour la R&D que pour l’industrialisation, estiment les dirigeants.
Nawa Technologies espère lever entre 35 et 50 millions d’euros
La priorité est de travailler sur« une belle quatrième levée de fonds de 35 à 50 millions d’euros» afin de lancer la production« fin 2024», a annoncé Pascal Boulanger lors de l’événement le petit bain organisé par la French Tech Aix-Marseille.« Nous prenons contact avec des investisseurs depuis quelques semaines dans l’objectif de passer de la phase de développement du produit à la phase industrielle », précise Antoine Saucier.
Si l’usine était dans les tuyaux depuis 2021, le foncier vient seulement d’être réservé,« à proximité» du siège actuel à Rousset. Sans spécifier la localisation exacte, les dirigeants en profiteront pour regrouper les collaborateurs sur ce nouveau site, dont la production doit permettre d’atteindre la rentabilité« d’ici 2026 ».
Ce n’est pas la première fois que Nawa s’essaie à l’exercice de la levée de fonds. En 2014, d’abord, la jeune pousse prometteuse glane quatre millions d’euros en deux étapes pour lancer une première phase de R&D. Quatre ans plus tard, en 2018, la start-up réussit une nouvelle fois à convaincre les investisseurs et la BPI pour industrialiser du matériel avec 13 millions d’euros.
Elle finit par lever 18,3 millions d’euros pour industrialiser, avec l’entrée de groupes comme Décathlon. Au total, Nawa Technologies a récolté 37,5 millions d’euros depuis 2014. Mais ce montant reste relatif pour Pascal Boulanger, qui observe que ses concurrents américains lèvent « dix fois plus ».
Pascal Boulanger rappelle que l’essence même de Nawa est et restera l’innovation : « Nawa aura toujours vocation à être une entreprise de R&D », souligne le chercheur.« En tant qu’entreprise Tech, tout reposera sur notre capacité à maintenir notre avance technologique », complète le directeur général.
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