Les palmarès sont toujours une épreuve pour ceux qui sont « à jamais les premiers ». L’édition 2025 du guide des hôpitaux de nos confrères du Point parait depuis 20 ans, il passe au scanner 1 400 établissements et analyse une base de données anonymisée de 19,2 millions de patients dans le secteur public et 9,3 millions dans le secteur privé grâce aux datas 2022 du Programme de médicalisation des systèmes d’information, PMSI.
Pour accéder à ces données l’hebdomadaire a dû montrer patte blanche, aller en Conseil d’État et affirmer urbi et orbi que son dossier était un dossier de journaliste et pas de scientifique. Mais les équipes du Point ne se satisfont pas de données brutes et pour chaque soin ajoutent des critères (le nombre d’épisiotomies pour les accouchements par exemple) qui qualifient des classements et offrent un degré de pertinance, toujours discutable, mais très sérieux. Dont acte, ce hors-série est un outil de connaissance remarquable avec des interventions sur les pathologies et des conseils opportuns.
Côté classement nous trouvons un tableau d’honneur général, mais aussi 136 classements dans 85 spécialités. Elles correspondent aux nomenclatures des actes utilisés par le PMSI et peuvent surprendre, il n’y a par exemple pas de rhumatologie, mais des classements sur la prothèse de hanche, la prothèse de genoux, la chirurgie du pied, etc..
Pour chaque pathologie, Le Point distingue les hôpitaux d’un côté, les cliniques de l’autre en sélectionnant une cinquantaine d’établissements
Le tableau d’honneur décevant pour les hôpitaux marseillais
Le tableau d’honneur du Point qui agglomère un grand nombre de critères et offre un classement plutôt désespérant pour la deuxième ville de France : l’hôpital de la Timone apparaît au 33e rang, suivi de peu par l’hôpital Saint-Joseph au 35e rang, par l’Hôpital européen au 39e et par l’hôpital Nord au 41e. Les critères retenus semblent prioriser les villes moyennes, puisque c’est Toulouse qui est en tête du classement, mais que des villes comme Caen, Dijon ou Colmar s’en sortent très bien. À noter que L’AP-HM, l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille n’apparaît pas en tant que telle, mais à travers ses différents établissements et si le classement place La Timone en 33e position.
Du côté des cliniques privées, l’Hôpital privé de Provence à Aix fait une très belle percée au 5e rang. Il est suivi de loin en 27e position par la Clinique Juge de Marseille et en fin de tableau par l’hôpital privé Clairval, qui a connu des jours plus glorieux.
Les pépites
Dans les spécialités, des pôles d’excellence émergent. Avec en premier : l’Institut Paoli Calmettes, l’IPC, qui rassemble 1 900 chercheurs et personnels médicaux et non médicaux, a réalisé plus de 100 000 consultations et accueilli près de 12 000 nouveaux patients en 2021.
L’IPC, l’excellence française dans la lutte contre le cancer
L’établissement de pointe apparaît très souvent dans les pathologies dès que le mot cancer en fait partie : il est par exemple numéro 1 national pour la leucémie de l’adulte, numéro 5 pour le cancer du côlon et de l’intestin, numéro 4 pour le lymphome et myélome de l’adulte, numéro 9 pour le cancer de l’ovaire, numéro 3 pour le cancer de l’utérus, numéro 4 en chirurgie du rectum, numéro 6 pour le cancer du sein, numéro 12 pour le cancer de la prostate, 18e pour le cancer du rein, 20e pour le cancer de l’estomac ou de l’œsophage et numéro 29 pour le cancer de la vessie.
La Timone est un grand établissement représenté dans plusieurs spécialités et d’abord en neurologie (on se souvient du service d’un certain professeur Vigouroux)
La Timone, coup de chapeau, 1er national pour l’épilepsie et Parkinson
La Timone est premier national pour l’épilepsie de l’enfant et de l’adolescence et encore numéro 1 national pour l’épilepsie de l’adulte enfin premier toujours pour la maladie de Parkinson. Le grand établissement phocéen est en tête de classement dans plusieurs pathologies sensibles : 4e en chirurgie des artères et en chirurgie du dos de l’adulte, 5e en cancer de la peau, 6e pour les tumeurs du cerveau de l’enfant et de l’adolescent, pour la leucémie de l’enfant, pour les tumeurs du cerveau d e l’adulte, pour hypertension artérielle pour la chirurgie du dos de l’enfant. Il arrive en 8e pour les veines et artères, en 10e pour le cancer des os de l’enfant et le cancer du foie, en 12e pour les accidents vasculaires cérébraux et pour le diabète de l’enfant, en 14e pour la chirurgie cardiaque adulte, en 26e en rythmologie, en 27e pneumologie, 31e pour insuffisance cardiaque, 37e en proctologie.
L’Hôpital Nord est le premier en pneumologie
L’Hôpital Nord est le premier en pneumologie et cette spécialité lui donne aussi la 9e place pour le cancer du poumon. Il est 5e sur le strabisme et affiche une forte compétence en ophtalmologie avec une 12e place pour le glaucome, une 29e place en ophtalmologie, une 45e pour la cataracte.
L’Hôpital Nord figure dans les 50 premiers sur des pathologies diversifiées, les maladies chroniques de l’intestin comme la tête et cou (9e), les veines et artères (24e), le cancer du pancréas 25e le cancer de la peau (26e), les accouchements à risques (29e) et l’angiologie coronaire (33e) .
Dans le domaine des hôpitaux privés à but non lucratif, l’Hôpital Saint-Joseph et l’Hôpital européen tiennent la corde sur de nombreuses pathologies l’un devançant l’autre et vice versa. Signe du dynamisme d’un secteur qui ne rémunère pas d’actionnaire, mais privilégie le recrutement de médecins qualifiés et l’investissement.
Saint-Joseph, Sainte-Monique : la première fabrique de bébés de France
L’hôpital Saint-Joseph et son pôle parents enfants Sainte-Monique sont devenus selon Le Point la première maternité de France. Entre 4 200 et 4 800 bébés y naissent chaque année, soit plus de dix par jours, sans que l’établissement ne soit devenu une usine à accoucher. C’était un pari audacieux en 2005 ! Saint-Joseph disposait déjà d’une maternité devenue étroite et vétuste au boulevard de Louvain.
Le conseil d’administration a fait un double pari : voir grand, il ne s’agissait pas de reconstruire la clinique sainte-Monique existante, mais surtout de bâtir, avec le personnel qui a donné son avis tout au long de l’élaboration de la construction. Avec 10 salles de travail et 72 de lits d’hospitalisation en gynécologie obstétrique, la maîtrise et la différenciation des flux avec l’incroyable galerie des papas qui ne traverse pas les zones sensibles, l’accueil avec des psychologues et un accompagnement donnent à Saint-Joseph une note de 18,71.
L’hôpital est présent dans une vingtaine de spécialités. Il est 3e pour les calculs urinaires, en proctologie il est 6e, il est 8e en cardiologie interventionnelle avec 719 interventions ex-aequo avec la vésicule biliaire et la chirurgie des artères. Suivent des classements moyens en adénome de la prostate, amygdale et végétations, cancer de la prostate, cancer du côlon et de l’intestin, chirurgie cardiaque adulte, chirurgie du dos de l’adulte, chirurgie du nez et des sinus, cataracte, le fibrome utérin (12e avec 153 cas), maladies chroniques de l’intestin, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, pneumologie et rythmologie (cardiologie)
L’Hôpital européen un bon généraliste
L’Hôpital européen est un bon généraliste, sans percée en haut de tableau mais avec une quinzaine de spécialités médicales : calculs urinaires (4e), chirurgie des testicules, cancer de la prostate, fibrome utérin, cancer du côlon et de l’intestin, hernie de l’abdomen, chirurgie de l’obésité, chirurgie dentaire adulte, chirurgie dentaire enfant , chirurgie du nez et des sinus, chirurgie maxillo-faciale, chirurgie du pied, chirurgie du canal carpien, et chirurgie du dos adulte,
Le palmarès du Point confirme deux pépites aixoises
L’Hôpital privé de Provence se taille une place d’excellence avec des classements exceptionnels dans une quinzaine de spécialités reconnues dans les 50 premières nationales.
L’Hôpital privé de Provence
Il est premier pour la chirurgie des testicules, premier en France pour l’appendicite avec 200 opérations, il est deuxième pour les calculs urinaires, deuxième encore pour la vésicule biliaire avec 470 opérations, troisième pour le cancer de la prostate et cinquième pour l’adénome de la prostate.
Il reste dans le top ten français pour le cancer du côlon et de l’intestin, la chirurgie de l’obésité, la proctologie, les urgences de la main. Il est encore 10e pour endométriose avec 173 patientes. Il emploie 210 médecins et 500 collaborateurs.
La Clinique Axium
La discrète Clinique Axium issue de la fusion de trois établissements aixois se taille une belle place étant deuxième nationale sur l’endométriose avec 407 patientes, en ophtalmologie (cataracte, chirurgie de la rétine, ophtalmologie), en chirurgie de la main (urgences de la main, arthrose de la main, chirurgie du canal carpien), en chirurgie dentaire, chirurgie du nez et des sinus. Présente sur une douzaine de spécialités, elle emploie 258 salariés.
À Marseille la Clinique Juge, longtemps connue pour s’adresser à une patientèle italienne a su se spécialiser sur l’ophtalmologie (elle est première nationale sur le glaucome, elle est 3e nationale sur chirurgie de la cornée, 3e en ophtalmologie), sur la rhumatologie (ligaments du genou 5e, prothèse du genou 30e, chirurgie de la cheville 14) et en chirurgie maxillo-faciale 16e.
La clinique Bouchard, les hôpitaux Sud, Beauregard, Clairval, la Conception, la Clinique Monticelli Vélodrome, sortent leur épingle du jeu. À noter la percée significative pour une ville moyenne de la Clinique Rhône Durance d’Avignon qui affiche de beaux résultats.
L’Hôpital d’instruction des armées de Laveran est mentionné sur le stress post-traumatique et quelques autres spécialités. Celui de Sainte-Anne à Toulon émerge aussi, mais ce n’est pas à la hauteur de ce que furent la recherche et le soin sur les médecines tropicales à Marseille, ni de ce que l’on peut attendre d’un dispositif médical militaire qui dans la stratégie française et européenne de défense est aux premières lignes en Méditerranée.
Qu’en conclure ?
Comme nous l’indiquions en ouverture, Il n’est pas naturel qu’une métropole comme Marseille ne ressortent qu’en 33e place dans tel classement. L’Assistance publique des hôpitaux de Marseille qui devrait être la locomotive de toute la Provence est à la peine, enferrée dans une cogestion coûteuse avec Force ouvrière, toujours en déficit au 4e trimestre et sans projet global qui pourrait faire de l’École de médecine, de l’ APHM et des start-up médicales un écosystème à très haute valeur ajoutée.
Pourtant le palmarès indique très clairement que nous avons des compétences d’exception en neurologie à la Timone, en cancérologie à l’Institut Paoli Calmette, en pneumologie à l’Hôpital Nord… La suite se passe à Luminy où nos chercheurs trouvent un pôle qui s’affirme et conquiert heureusement une dimension internationale avec Eurobiomed.
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