C’est un espoir pour toutes les personnes touchées par le cancer. Fondée en 2022 et basée à Peynier dans le pays d’Aix, la société Theryq lance dès 2023 les essais cliniques pour sa machine de radiothérapie flash, nommée Flashknife. Le principe : « Au lieu de faire 35 sessions de radiothérapie de plusieurs minutes, une seule session permet d’injecter plusieurs doses pour traiter la tumeur. Cela permet en outre d’épargner les tissus sains et donc réduire de 40% la toxicité que l’on observe avec la radiothérapie classique, et donc les effets secondaires », explique Ludovic Le Meunier, président directeur général de Theryq, contacté par Gomet’. Ces essais cliniques seront lancés en France, mais aussi dans d’autres pays ayant manifesté leur intérêt comme les Etats-Unis, le Portugal et l’Allemagne. La mise sur le marché, elle, est prévue pour 2025.
Flashknife et Flashdeep, deux machines pour accélérer le traitement des cancers par radiothérapie
Mais Theryq veut aller encore plus loin dans le traitement des cancers. En effet, Flashknife s’avère efficace mais seulement sur les tumeurs superficielles, situées jusqu’à 4 cm sous la peau. L’entreprise peynierenne travaille donc au lancement d’une deuxième machine, plus puissante et efficace, appelée Flashdeep. Cet appareil permettra de traiter les tumeurs dites « solides » plus en profondeur – jusqu’à 20 cm sous la peau. Il ne devrait entrer en phase d’essai clinique qu’en 2025 pour une mise sur le marché à l’horizon 2027, mais son prototype est d’ores et déjà expérimentée au centre hospitaliser universitaire de Lausanne, en Suisse.
Pour mettre au point Flashdeep, Theryq dispose en effet d’une licence exclusive pour exploiter une technologie intitulée CLIC utilisant les électrons établie par l’Organisation européenne de la recherche nucléaire (Cern), situé en terre helvétique à Genève, (voir le schéma ci-dessous). Un atout qui distingue Theryq de ses principaux concurrents, dont l’un est américain (Intraop) et l’autre italien (SIT).
« La Suisse a été la première à croire en nous, mais nous n’oublions pas la France », rassure Ludovic Le Meunier. De fait, les toutes nouvelles machines Flashknife devraient être livrées en 2023 au Centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy, dans le Val-de-Marne, ainsi qu’à Toulouse. A Marseille, les discussions sont également avancées pour que l’Hôpital de La Timone dispose également d’un appareil Flashknife, assure le PDG de Theryq.
Ces bijoux de technologie, porteurs d’espoir pour un monde sans cancer, ont cependant un coût : comptez entre 1,5 et 1,8 million d’euros pour une « petite » machine Flashknife, et jusqu’à 15 millions pour se doter d’une Flashdeep. « Un prix certes plus élevé qu’une machine de radiothérapie classique », concède Ludovic Le Meunier (qui estime tout de même le coût d’une machine conventionnelle entre 3 et 6 millions d’euros), « mais nos machines permettent de traiter entre 20 et 30 patients supplémentaires, compte tenu du nombre réduit de séances pour traiter la tumeur », poursuit-il. A ce jour, Theryq ne souhaite pas communiquer sur le chiffre précis qu’elle compte générer via la mise sur le marché de ses deux technologies mais Ludovic Le Meunier fournit une estimation de 120 millions d’euros de bénéfices.
Theryq, une filiale autonome de PMB et Alcen
Derrière Theryq se cache un véritable jeu de poupées russes : en effet, l’entreprise émane de la société PMB spécialisée dans la fabrication de composants qui a elle-même été intégrée au groupe familial Alcen, détenu par Pierre Prieux, à la fin des années 90. En effet, PMB développait déjà ses propres systèmes d’imagerie moléculaires et de radiothérapie, notamment au travers de sa technologie Imigine, créée en 2012 pour la production de radio-pharmaceutique pour les scan TEP, méthode utilisée pour la détection des tumeurs cancéreuses.
Pour plusieurs raisons, dont celle d’avoir une meilleure lisibilité, PMB a décidé d’isoler cette activité au sein d’une nouvelle entreprise. Ainsi naît Theryq en 2022. Aujourd’hui directeur de Theryq, Ludovic Le Meunier était d’ailleurs jusqu’à peu directeur général adjoint de PMB, preuve des liens solides qui unissent toujours l’entreprise mère et sa filiale.
Une ouverture du capital à 49% et bientôt un siège attitré
Aujourd’hui, Theryq entend voler de ses propres ailes. Pour cela l’entreprise cherche également à autonomiser son financement vient ainsi d’ouvrir 49% de son capital. « Nos technologies ont un fort potentiel clinique, donc économique. Des investisseurs forts nous ont déjà fait part de leur intérêt », évoque Ludovic Le Meunier, qui n’en dira pas plus sur les intéressés … Les actionnaires seront choisis en juin 2023. Le groupe Alcen-PMB, qui resterait cependant actionnaire majoritaire, compte aussi sur les subventions publiques nationales et européennes.
Ce n’est pas tout : à terme, Theryq prévoit de disposer de ces propres locaux. « Nous partageons encore les locaux avec PMB, mais nous commençons à être à l’étroit … » confie Ludovic Le Meunier, qui souhaite néanmoins rester sur le territoire d’Aix-Marseille. L’objectif est de s’affranchir quasi-totalement de PMB, au point de couper tout lien de filiation, pour ne garder in fine qu’une relation fournisseur-client : « Nous continuerions de nous fournir auprès d’eux pour certains composants. Nous resterons cependant propriété du groupe Alcen », détaille Ludovic Meunier. Enfin, Theryq compte bien doubler ses effectifs et prévoit le recrutement d’une quarantaine de personnes de profils variés : des ingénieurs pour achever le développement de Flashknife et Flashdeep, mais aussi des techniciens pour assurer la maintenance des machines pour les clients, ou encore des profils marketing et commerciaux.
Liens utiles :
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