Quelques mois seulement après sa création, la CEC Provence Corse, déclinaison territoriale de la Convention des entreprises pour le climat (CEC), lance officiellement ce jeudi 19 janvier, à Lourmarin (84), sa propre formation locale. Sa mission : « inciter les entreprises à repenser leur modèle économique dans le cadre des limites planétaires », indique le tandem Fanny Morelle et Mélanie Jeanneret, co-organisatrices du projet régional, à l’occasion d’un petit-déjeuner de présentation organisé au 30e étage de la tour La Marseillaise (2e). L’initiative vise à favoriser la transition écologique locale « en rendant irrésistible la bascule d’une économie extractive à une économie régénérative d’ici 2030 ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette association reconnue d’intérêt général, présidée par Nicolas Chabert, le dirigeant fondateur de l’agence E+P, frappe fort pour ses débuts.
La transition ne se fera pas sans les entreprises.
Mélanie Jeanneret
Portée par l’élan d’un parcours national pilote jugé « réussi », auquel ont participé 150 décideurs français de septembre 2021 à juin 2022, la CEC Provence Corse a trouvé les mots justes pour adresser quelques uns des acteurs économiques les plus influents de la région, et pour les convaincre de participer à son parcours. La promotion régionale 2023, la première donc, rassemble 66 institutions et entreprises volontaires, implantées en grande majorité dans les Bouches-du-Rhône, parmi lesquelles les cadors Haribo, Onet, le Groupe Snef, Corsica Linea ou encore Bourbon – pas de CMA CGM ni de gros industriels en revanche. Dans le détail, cette classe est composée notamment de 53% d’indépendants, de 17% d’entreprises familiales, et de 14% de groupes. L’ensemble pèse tout simplement sept milliards d’euros de chiffre d’affaires, et représente plus de 100 000 collaborateurs. Nul doute que ces leaders économiques ont aujourd’hui un impact sur l’empreinte carbone régionale.
CEC Provence Corse : un modèle économique surprenant
La Convention des entreprises pour le climat (CEC) est une idée, à l’origine, d’Eric Duverger, ancien cadre de Michelin. Elle repose sur un modèle économique plutôt surprenant, dans lequel les actions bénévoles occupent une place importante. L’association est financée à la fois par les dons de ses participants, et par des subventions de fondations, d’acteurs privés ou publics – comme la Région Sud et le ministère de la Transition écologique. Elle est aussi accompagnée par un comité de garants dont font partie l’Ademe ou encore BPI France. Il existe 5 CEC territoriales et une CEC consulting dédiée aux cabinets de conseils.
Des structures de toutes tailles et de tous secteurs prêtes à s’engager
Pendant près de huit mois, ces 66 structures, de toutes tailles et de tous secteurs d’activité, vont suivre une mise à niveau radicale sur les enjeux climatiques. Chaque entreprise mobilisera un(e) dirigeant(e) et un(e) responsable RSE. Les binômes assisteront, à compter de jeudi 19 janvier, à un parcours pédagogique et pratique en six sessions. De quoi emmagasiner un maximum de connaissances, pour mieux s’adapter au monde de demain, et peut-être le rendre plus vivable. « L’idée c’est que le dirigeant devienne prophète dans sa propre entreprise sur les questions environnementales », explique le coach Cyrille Carillon. À l’issue du parcours, au mois d’octobre, chaque structure rédigera sa propre feuille de route « vers un nouveau modèle régénératif et ambitieux » pour la planète, et contribuera à trois projets coopératifs de résilience territoriale.
Un parcours en six étapes et des engagements
Une première session de deux jours et demi débutera jeudi 19 janvier, à Lourmarin. En présence de coachs, d’entreprises témoins, d’alumnis et de facilitateurs, une fresque du climat sera présentée aux participants, qui seront ensuite sensibilisés par les scientifiques de l’IMTE et du Grec Sud, spécialistes du climat. Au fil des sessions, les entreprises devront assimiler les enjeux environnementaux, échanger avec les autres participants, trouver une méthode d’adaptation, avant de déterminer un nouveau business model. Elles rédigeront enfin, en octobre prochain, leur propre feuille de route d’engagements à horizon 2030.
Climat : changer de modèle aujourd’hui pour valoriser demain son entreprise
Mardi 17 janvier, le président de Redman, Nicolas Ponson, un des participants du programme national porté par la CEC, témoigne devant la presse. « C’est vrai, au début, en changeant notre modèle, on a payé, se souvient celui qui est également ambassadeur du mouvement Impact France, mais au final, on n’a jamais été aussi performant sur le plan économique que depuis qu’on a pris ce virage ». Selon lui, le processus de transition vers une logique régénérative est une sorte de levier « qui ouvre le champ des possibles », notamment vers des labels. Il permettrait également de décrocher plus de dossiers dans une conjoncture politique française où l’écologie prend de plus en plus de place. À l’issue du premier parcours régional, la CEC Provence Corse va cartographier les projets vertueux. Au fil des années, elle « compte sur l’effet de seuil », explique Nicolas Chabert, pour engager un maximum de structures dans sa démarche, et fédérer à terme une forte communauté d’alumnis.
Notre entretien avec Mélanie Jeanneret, co-pilote de la CEC Provence Corse
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