Le marché unique et les normes communes de production s’imposaient comme seul horizon politique
Avec le recul du temps, on peut même élargir cette question initiale à une autre interrogation encore plus grave, celle d’un lien éventuel entre la chute du mur de Berlin et la remise en cause existentielle de la construction européenne. Le paradoxe est déroutant, mais la réalité est là, qui s’impose à nous, et exige qu’on y réfléchisse, sauf à accumuler les surprises devant des obstacles inédits, que rien ne nous a préparés à affronter. L’effondrement du bloc communiste aurait dû signifier la victoire, non seulement de la social-démocratie, mais aussi celle de la construction européenne entamée, au lendemain, et sur les ruines de la deuxième guerre mondiale. Or c’est l’inverse qui se déroule depuis 1990. Comme si l’on avait jeté le bébé avec l’eau du bain. Ou peut-être, comme si une économie solidaire de plein-emploi et une union des pays européens échappant à la dictature communiste, n’avaient été que des armes conjoncturelles que nous avions dû déployer face à la menace soviétique. Et comme si la fin de celle-ci, justement symbolisée par la chute du mur de Berlin, avait rendu ces armes désormais inutiles, obsolètes, en tout cas inadaptées au monde nouveau, dont cette chute allait paradoxalement permettre l’émergence.