À la veille du premier tour de l’élection présidentielle 2022, la gauche française est éclatée. Ses candidats à l’Élysée ne sont plus quatre, comme en 2017, mais six. À Marseille, l’union sacrée et stratégique derrière la candidature de l’écologiste Michèle Rubirola en 2020 – élue maire de Marseille, puis remplacée par le PS Benoît Payan – confirme son statut d’épiphénomène. Dans la majorité municipale, chacun a retrouvé ses attaches partisanes et veut faire bonne figure, notamment avant les élections législatives de juin, bien plus disputées que la présidentielle. À la mairie, le “vote utile” – celui de Jean-Luc Mélenchon (LFI) – ne semble pas à l’ordre du jour. Une fois n’est pas coutume, après les régionales, et surtout à l’approche de l’autre élection de 2022, la gauche oublie encore le Printemps marseillais, et sa promesse d’une politique sociale et écologiste affranchie des partis. Tour d’horizon.
L’échec régional de la gauche
Lors des régionales 2021, la gauche locale avait retrouvé un semblant d’unité, malgré les absences de Mad Mars (un des mouvements à l’origine du Printemps marseillais) et de la France insoumise dans la liste commune. Menée par l’élu écologiste varois Jean-Laurent Félizia, désigné chef de file après des querelles en interne chez les verts, l’union « EELV-PS-PCF-Génération.s » s’était même qualifié au second tour – avec 16,9% des suffrages en région, et 20,7% des les Bouches-du-Rhône.
Mais le risque d’une victoire finale RN étant trop important, le Rassemblement écologique et social (RES) s’était finalement retiré – notamment après des pressions en interne sur Jean-Laurent Félizia, qui voulait maintenir sa candidature jusqu’au bout. La gauche, encore trop faible, offrait sur un plateau la victoire à l’ex-LR Renaud Muselier. Réélu après une nette victoire, le président de la Région Sud n’oubliera pas le RES, créant dans la foulée un comité représentatif de la gauche au sein du conseil régional.
Jadot, Roussel, Hidalgo… les figures de la gauche marseillaise divisées
Pour le 10 avril, les six élus du “groupe écologiste et citoyen” (Théo Challande, Sébastien Barles, Fabien Perez, Nouriati Djambae, Aïcha Sif et Hervé Menchon) se rangent derrière Yannick Jadot (EELV). Le maire du 4-5, Didier Jau (EELV), la conseillère Anne Meilhac, l’ex-édile Michèle Rubirola, ou encore l’adjointe à l’environnement, Christine Juste (EELV), soutiennent également le député européen. La plupart de ces élus étaient d’ailleurs présents lors du meeting organisé mercredi 2 mars sur le Vieux-Port par le candidat des verts.
D’autres élus marseillais, en nombre également, optent plutôt pour le candidat communiste Fabien Roussel. C’est le cas des adjoints au maire Audrey Garino, Jean-Marc Coppola, Aurélie Biancarelli-Lopes, Jean-Pierre Cochet, Ahmed Heddadi et Patrick Amico. Les conseillers municipaux Christian Bosq, Sami Benfers, et l’ex-insoumise et EELV, Sophie Camard, actuelle maire du 1er-7e, soutiennent également le communiste. À noter qu’à la présidentielle 2017, ni le PCF ni les écologistes n’étaient représentés.
Restent les socialistes de la première heure, à l’instar de l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Yannick Ohanessian (PS). Fidèle à sa famille politique, le cheminot de métier se range derrière la candidature d’Anne Hidalgo. L’adjointe aux mobilités, Audrey Gatian, devrait également soutenir la maire de Paris pour la présidentielle, si l’on en croit ce tweet datant d’octobre 2021. Lors de la dernière présidentielle, le candidat PS Benoît Hamon avait récolté 5,3% des voix marseillaises.
.@Anne_Hidalgo “Notre impératif n’a pas changé depuis Jean Jaurès, c’est porter la République jusqu’au bout!”#Hidalgo2022 pic.twitter.com/0VMu6JB6PN
— Audrey Gatian (@AudreyGatian) October 23, 2021
Quid du maire ? Le socialiste Benoît Payan a bien annoncé qu’il voterait pour « le vainqueur de la primaire populaire » ; c’est-à-dire Christiane Taubira, bien qu’elle ne fasse pas partie du PS. Mais l’ancienne ministre de la Justice a finalement jeté l’éponge début mars, faute de parrainages d’élus… Maintes fois sollicité par la presse locale, l’édile marseillais ne s’est pas prononcé depuis sur ses intentions de vote. Dans la même situation que Benoît Payan, l’élu de secteur Pierre Benarroche, maire du 6-8, et l’adjointe à la transparence, Olivia Fortin, n’ont pas publiquement dévoilé leur position.
Présidentielle : Mélenchon a plus de concurrence qu’en 2017
Le candidat de l’union populaire, Jean-Luc Mélenchon, favori à gauche selon les derniers sondages Ipsos et Ifop (17%), n’a pas la faveur des figures du Printemps marseillais. Aucune d’entre elles ne s’est affichée publiquement au meeting de l’insoumis sur les plages du Prado, le 27 mars dernier. Un évènement politique qui a rassemblé 35 000 militants – c’est deux fois moins que le rassemblement organisé par le candidat insoumis cinq ans plus tôt, sur le Vieux-Port.
Jean-Luc Mélenchon, député (parachuté) des Bouches-du-Rhône, serait-il en perte de vitesse à Marseille ? Lors de la dernière présidentielle, en 2017, son discours avait pourtant séduit un électeur marseillais sur quatre (24,8%). Il était d’ailleurs arrivé en tête au premier tour dans la cité phocéenne, devant Marine Le Pen (23,7%), bénéficiant sans doute de l’absence d’un candidat écologiste, et d’un candidat communiste.
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