A la fin du mois, le Conseil dʼorientation des infrastructures doit remettre au gouvernement son rapport sur les grands projets ferroviaires à soutenir. Jeudi 11 janvier, ses équipes rencontraient les responsables régionaux venus vanter les atouts du projet de la Ligne Nouvelle Paca.
A quelques semaines de la remise finale du rapport dʼobservation sur le rail français, les élus de la région Sud Provence-Alpes-Côte dʼAzur ont affiché un front uni devant le conseil dʼorientation des infrastructures venus écouter leurs arguments jeudi 11 janvier à Nice. Lʼobjectif : inscrire définitivement le projet de Ligne Nouvelle Paca dans les plans du gouvernement pour les 20 ans à venir.
A lʼorigine porté par une ligne à grande vitesse, ce dossier a longtemps créé de vives tensions entre les représentants des territoires, chacun militant pour un tracé différent. Dix ans après le début des débats, la Région, les Métropoles et les Départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes semblent enfin avoir trouvé un compromis sur le nouveau projet de Ligne Nouvelle qui écarte définitivement la LGV au profit des « trains du quotidiens ».
Une modernisation indispensable pour un réseau centenaire
« Pour la première fois depuis longtemps, nous avons pu jouer lʼunité politique pour appuyer notre volonté de moderniser nos infrastructures ferroviaires », se félicite Philippe Tabarot, vice-président en charge des transports à la région Sud. Le nouveau projet défendu par les élus se concentre sur lʼamélioration du réseau ferré et les investissements sur les principales gares pour augmenter la fréquence des TER. « Nous sommes la région qui dispose du moins de kilomètres de voies ferrées. La voie quasi-unique qui relie Marseille à Nice date de 1860 et la vitesse moyenne de circulation des trains plafonne à 60 km/h », se désole Philippe Tabarot.
Selon la région Paca, la moitié des dysfonctionnements du réseau régional sont le fait de la mauvaise gestion de la SNCF, quʼelle veut dʼailleurs mettre en concurrence, mais les 50 % restants sont à imputer au vieillissement des infrastructures. De grands travaux sur le réseau semblent donc inévitables pour améliorer la desserte ferroviaire régionale. Les élus ont également joué la carte du développement durable, nouvelle marotte de la région présidée par Renaud Muselier. Ils comptent sur une augmentation du trafic en nombre de trains pour réduire la circulation automobile, principale source de pollution : « Nous avons aujourdʼhui 600 000 personnes qui respirent un air dont le taux de pollution dépasse les normes sanitaires. Le train est une solution alternative à la voiture qui nous permettra de réduire les émissions de gaz et de particules », assure Philippe Tabarot.
Jeudi matin, la démonstration a démarré par une présentation des principaux nœuds ferroviaires à moderniser sur Marseille, le Var et Nice. Le futur pôle multimodal de lʼaéroport de Nice étant le projet le plus avancé, les administratifs ont détaillé cet exemple dʼarticulation ferroviaire avec une gare routière et une aérogare internationale dont le coût global est estimé à 300 millions dʼeuros. Pour les projets de la Métropole Aix-Marseille, Jean-Pierre Serrus, le vice-président à la mobilité, et Henri Pons, responsable de la stratégie de lʼaménagement du territoire, ont détaillé le programme transports de la nouvelle intercommunalité.
La gare Saint-Charles, aujourdʼhui complètement saturée, est bien évidemment au cœur de leur programme. Les élus souhaitent toujours réaliser une grande gare souterraine à Marseille, un projet pharaonique qui risque de coûter plus dʼun milliard dʼeuros. « Saint-Charles est la clé pour débloquer lʼensemble des connexions sur toute la région. Sa transformation est indispensable », insiste Philippe Tabarot. Depuis la mise en place du nouveau gouvernement, toutes les études ont été gelées mais la région espère les relancer après le vote de la future loi dʼorientation des mobilités prévu au printemps.
Une enveloppe de 200 millions jusqu’en 2022 et 2 milliards à 2027
Si le président du conseil dʼorientation des infrastructures, Philippe Duron, sʼest surtout contenté dʼécouter les responsables régionaux, il a précisé que le programme dʼinvestissements du gouvernement se déroulera par étapes successives. La loi dʼorientation des mobilités chiffrera tout dʼabord un financement pour les cinq années à venir et fixera ensuite les priorités pour les vingts prochaines années. Christian Estrosi, président délégué de la région, a obtenu une estimation des premières enveloppes qui seront consacrées aux projets en Paca :
Les moyens dont nous disposons pour atteindre cet objectif sont clairs. L’engagement financier serait limité à 200 Millions d’€ jusqu’en 2022 et à 2 Milliards d’€ jusqu’en 2027.
— Christian Estrosi (@cestrosi) 11 janvier 2018
Les premiers 200 millions serviront notamment à lʼaménagement du pôle multimodal de lʼaéroport Nice-Côte dʼAzur, lʼun des dossiers les plus avancés en région qui devrait être mis en service en 2020. La future gare de Cannes-Sophia-Antipolis ou encore la modernisation de Saint-Charles profiteront de cette manne pour financer les études avant travaux mais les premiers coups de pioches ne sont pas attendus avant cinq ans.
Par contre, les élus espèrent aménager une nouvelle voie entre Toulon et Aubagne pour augmenter le trafic ferroviaire entre les deux villes dʼici 2022. Au total, la région vise la création de 50 km de nouvelles voies ferrées sur lʼensemble de son réseau. Pour montrer sa bonne volonté, elle a rappelé quʼelle ne comptait pas seulement sur l’État pour financer ses projets et quʼelle portait en parallèle un dossier auprès de lʼUnion Européenne pour inscrire la ligne Marseille- Vintimille dans le corridor méditerranéen. Les membres du conseil dʼorientation des infrastructures ont bien enregistré les arguments des décideurs locaux et doivent maintenant rendre leur rapport à la fin du mois à la ministre des transports, Élisabeth Borne. Un indice sur lʼimportance que le gouvernement donne à la région, Paca est le premier territoire à avoir reçu une délégation et seules deux ou trois autres régions devraient avoir ce privilège…
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