Jeudi 5 mai, Aix Marseille Université organisait un colloque à la faculté de droit et de science politique, dédié aux violences faites aux femmes. Cette question, au cœur de l’actualité, a été traitée tout au long de la journée sous le prisme du droit pénal, du droit international, du droit de la santé, de la philosophie ou encore de la science politique.
Des présentations variées, faisant intervenir une dizaine de professeurs, ont témoigné de l’intérêt porté à cette problématique au sein d’AMU et de l’engagement de la faculté contre les violences faites aux femmes. Isabelle Chagnon, directrice du Bureau du respect de la personne à l’Université de Montréal, invitée de ce colloque, a présenté le dispositif similaire existant dans cette université depuis 1991 et qui est une source d’inspiration pour AMU. C’est aussi à cette occasion qu’AMU a inauguré son tout nouveau service Respect et Egalité, dédié à la lutte contre les violences, notamment à l’encontre des femmes.
Ces dernières années, on assiste à une libération et une médiatisation de la parole des femmes sur les violences sexistes et sexuelles qu’elles subissent, ainsi qu’à une inflation législative à ce sujet. Pourtant, ce n’est pas un phénomène nouveau : ces comportements sont ancrés depuis des millénaires dans les rapports humains de notre civilisation. Cela persiste encore aujourd’hui dans toutes les sphères de la société et le milieu universitaire est loin d’en être épargné.
Face à ce phénomène, AMU avait décidé en 2016 de créer un dispositif dédié à l’écoute, l’aide et l’orientation des victimes de violences, pour lutter contre le harcèlement sexuel, élargi en 2019 aux violences sexistes, sexuelles et homophobes. En 2021, les saisines se sont multipliées. C’est dans ce contexte qu’AMU a opéré une refonte totale du dispositif initial et s’est doté d’un nouvel organe spécifiquement dédié à cette question, faisant d’elle la pionnière en France et s’inspirant du modèle canadien. Le but étant de « dépasser la simple prise en compte d’un phénomène de société pour y apporter des solutions » affirme Éric Berton, président d’Aix-Marseille Université.
Prévenir, accompagner, agir
Le service s’adresse à tous les étudiants et membres du personnel de tous les campus d’AMU, victimes ou témoins de violences, discriminations et harcèlement de tous types. Pour le mettre en place efficacement, l’université a embauché trois personnes qui y sont spécifiquement affectées : Jordane Arnaud, Amélie Samba et Morgane Franjus. Elles sont issues d’une formation de juriste, de travailleur social et de psychologue : des parcours différents permettant des outils d’analyse complémentaires. « Lorsque nous agissons, nous endossons toutes la même casquette », précise toutefois l’une d’entre elles. Confier cette mission à des personnes compétentes, cela est primordial pour Isabelle Régner, vice-présidente Égalité Femmes-Hommes et lutte contre les discriminations au sein d’AMU, car « ce sont des sujets délicats que seuls des professionnels sont en mesure de gérer ».
Le but est de créer un guichet unique pour traiter tous les problèmes de violences au sein de l’université afin d’offrir un espace d’écoute permettant d’informer sur les droits et solutions, aider à qualifier les faits et orienter les victimes et témoins vers des structures internes ou externes. Dans ce cadre, les signalements se font en plusieurs étapes. Tout d’abord, la victime ou témoin contacte le service par mail, téléphone ou anonymement via un site internet. Ensuite, se déroule un entretien sur site (43, La Canebière, Marseille) ou en visioconférence durant lequel la personne bénéficie d’un accompagnement pour trouver des solutions au problème. Enfin, la mise en place de mesure pour traiter le signalement par le service ou l’université, tout en veillant au respect du consentement de la personne.
La création de ce service apporte une réponse supplémentaire aux violences et poursuit la volonté affichée d’AMU de lutter contre ces comportements au sein de son université. Ce dispositif, validé par le ministère, devrait inspirer d’autres universités françaises à créer des dispositifs similaires.
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