À l’annonce du second tour des municipales, deux grandes interrogations s’imposaient à Marseille : 1. L’abstention du premier tour avait-elle produit une image diffractée de l’électorat marseillais ou reflétait-elle l’état des tendances ? 2. Le temps long, le confinement qui séparent le premier tour du 15 mars du second tour du 28 juin allaient-il changer la donne ?
La crise du Covid, le confinement, sont passés, mais il semble bien, au vu du sondage (1) publié par La Provence que les Marseillais et Marseillaises confirment leurs intentions du premier tour. Certes les questions ont été posées entre le 13 et le 15 juin, au moment où surgit la fatale histoire des procurations de l’équipe Vassal, ce qui a pu écorner son score. De plus, le sondage a été réalisé auprès de 700 électeurs de Marseille, ce qui signifie que les scores attribués à des « petites » listes, celles qui se présentent uniquement sur un deux ou trois secteurs n’ont pas de signification : les chiffres annoncés de 6 %, de 5 %, de 2 % pour Bruno Gilles, Samia Ghali ou Yvon Berland n’ont aucun caractère prédictif.
Le Rassemblement national retrouve son étiage à 22 %, mais l’événement est que le Printemps marseillais prend sept points d’avance sur l’ensemble de la ville. Le rassemblement des Verts, du PS, du PC et de mouvements citoyens réussi à dépasser les scores marseillais de partis de gauche en difficulté PS, PC et Insoumis. Une grande part de l’électorat d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017 – 38% – va au Printemps marseillais, alors que Martine Vassal n’en séduit que 32%.
Le choix de Martine Vassal ne satisfait que la frange dure de son électorat
Le choix de Martine Vassal et de ses équipes de faire une campagne très marquée à droite avec une caricature « vintage » de ses adversaires ne satisfait que la frange dure de son électorat et renvoie la sensibilité centriste, modérée, vers la gauche. Traditionnellement le premier tour permet de rassembler son camp, le second tour impose d’élargir, d’assouplir pour séduire le marais des indécis. Martine Vassal fait l’inverse au risque de braquer un électorat jeune, actif et ouvert.
Le sondage révèle ainsi une typologie d’électorat très marquée, très différenciée. Michèle Rubirola séduit plus de femmes que d’hommes tandis que Martine Vassal a un électorat dans ce sondage très fortement masculin. Idem pour la typologie des âges où l’on voit que la jeunesse marseillaise se reconnaît plus dans le Printemps marseillais, 30% des moins de 35 ans contre 24% pour la droite. Paradoxalement les deux femmes politiques font jeu égal chez les plus de 65 ans tandis que le Printemps marseillais fait une percée dans la tranche de 50 à 64 ans. La sociologie sépare aussi les deux électorats : Michèle Rubirola est plus présente dans les catégories supérieures, les catégories populaires, chez les actifs, chez les retraités tandis que Martine Vassal est performante chez les employés (municipaux?) et les inactifs.