Tout part d’un tweet plutôt bref. Celui publié le 4 mai dernier par le président de la Région Sud, Renaud Muselier (Ren.). « Les Marseillais sont nettement favorables à leur Port, à sa vocation industrielle, commerciale, aux croisières ! », s’exclame l’élu. Pour justifier son enthousiasme, l’ancien député européen mentionne une « enquête » menée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Mais voilà : comme le remarque le collectif marseillais « Stop Croisières », cette étude de l’Insee, publiée le 2 mai dernier, porte en réalité sur le poids du bassin industrialo-portuaire de Marseille-Fos en matière d’emploi – le cluster représente près de 42 600 salariés. « Elle n’aborde à aucun moment l’opinion des Marseillais sur la croisière », signale le collectif, qui accuse la Région de faire preuve d’une « mauvaise foi éhontée ».
🤡Quand @RenaudMuselier nous prend pour des buses !
— Stop Croisières (@SCroisieres) May 4, 2023
Afin de faire croire que son projet d’investir dans les croisières à Marseille fait l’unanimité, il s’appuie sur une étude du port qui n’interroge pas spécifiquement les marseillais en la faisant passer pour l’@Insee. 👇 https://t.co/RmTDrxzdTK
Une autre étude, mais pas de l’Insee
D’où provient alors cette idée que les Marseillais sont « nettement » – voire « massivement » comme le prétend Renaud Muselier dans un autre post publié sur LinkedIn – en faveur des croisières ? Un récent sondage se rapproche bien de cette conclusion, avec 66,3% de réponses favorables, mais il n’est pas signé de l’Insee.
Cette enquête d’opinion, commandée par le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) lui-même, a été réalisée fin 2022 auprès de 501 personnes, dont seulement 236 Marseillais, par la société Mars Marketing. Fondée en 1996, celle-ci se présente comme « un remède efficace aux maux des entreprises ».
Dès lors, il semble difficile d’affirmer que ce sondage est bel et bien représentatif de ce que pensent réellement les Marseillais au sujet de la croisière dans la cité phocéenne. « Quelle valeur donner à ces résultats au regard de l’échantillon et surtout du commanditaire de l’étude ? », s’interroge le collectif Stop Croisières.
À titre de comparaison, la pétition lancée par la mairie de Marseille en juillet dernier « contre la pollution maritime » compte plus de 53 000 signatures. Si elle ne mentionne pas précisément la croisière, elle demande « une interdiction des escales pour les navires les plus polluants durant les pics de pollution ».
Dans la même veine, un manifeste associatif local réclamant « justice pour les victimes de la pollution des navires » cumule 5100 signatures. Le collectif Stop Croisières milite pour que l’avenir de la croisière fasse l’objet d’un débat public, et appelle de ses vœux le financement d’études d’impact indépendantes.
Liens utiles :
> Navires de croisières : une manifestation à La Ciotat
> Pour 2022, le Club de la croisière garde le cap sur la transition écologique