Située de part et d’autre du bassin versant de l’étang de Berre, avec son centre-ville aux allures de petite Venise du Sud, Martigues est l’un des derniers bastions communistes de la région. Dirigée depuis 1959 par le PCF, cette ville industrielle constitue la quatrième commune des Bouches-du-Rhône, avec un peu plus de 48 000 habitants recensés en 2018. Malgré un emploi industriel très fort – incarné par la présence sur le territoire communal de raffinerie de La Mède, la ville est aux prises avec un chômage qui avoisine les 16%, presque le double de la moyenne nationale. De même, la pollution de l’étang de Berre et la redynamisation des commerces de centre-ville seront au centre des enjeux de cette campagne.
Gaby Charroux se présente de nouveau à la tête d’une gauche unie
Maire PCF de Martigues depuis 2009, Gaby Charroux, successeur de l’historique Paul Lombard – maire PCF de 1969 à 2009, postule bien pour un nouveau mandat à la tête de la commune. Mais entend-il assumer la totalité du mandat ? La polémique avait éclaté en mai 2019, lorsque lors d’un web chat organisé avec des citoyens il déclarait : « Dans le courant d’un mandat, tout peut se passer. Y compris une passation. […] Quand le temps sera venu, je le ferai avec la plus grande générosité ». Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir ses concurrents, à l’image du RN Emmanuel Fouquart le désignant de « candidat de paille ». Toujours est-il que Gaby Charroux se présente avec la gauche rassemblée derrière lui (PS, PCF, LFI et EELV), comme en 2014.
Il était d’ailleurs passé tout proche d’une victoire dès le premier tour, récoltant 49,9 % des votes (58,5 % au second tour). Il pourra compter en 5e position de sa liste sur la présence du député PCF Pierre Dharréville, qui lui a succédé en 2017 à la tête de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône. Une élection législative qui a conforté l’assise communiste sur la commune, avec des scores de 33,9% et 65,1% au premier et second tour, loin devant la candidate LREM Magali Sirerols. Seul bémol dans ce panorama a priori sans nuages pour la gauche martégale : la démission début décembre 2019 de René Buatois de son poste de secrétaire de la section locale du PS. Il estimait son parti lésé dans l’union menée par Gaby Charroux.
Document source : les listes et tous les colistiers à Martigues
Le Rassemblement national en principale force d’opposition
Dans ce panorama politique local largement dominé par la gauche, le Rassemblement national semble s’enhardir élection après élection. Dernier avertissement en date, le score de 31% réalisé par le parti de Marine Le Pen lors des élections européennes de 2019, loin devant LR (14,8 %) et le PCF (12,1 %). Déjà, lors des municipales de 2014, le candidat FN Cyril Martinez avait réussi à se maintenir dans une triangulaire, arrivant en deuxième position du scrutin (17,14 % des voix). Cette année, ce sera l’expérimenté Emmanuel Foquart qui portera la bannière du parti d’extrême-droite, avec l’ambition de faire progresser encore le score de sa formation.
Conseiller régional et conseiller municipal de Martigues, le candidat RN a déjà eu l’occasion de s’essayer au suffrage des Martégaux lors des élections législatives de 2017, échouant de peu à se maintenir au second tour (20,4 % des voix). Bien qu’encarté au RN, il conduira une liste intitulée « Unis pour Martigues », qu’il définit comme « une liste de la société civile soutenue par le RN ». Il veut pour preuve de cette ouverture le ralliement à sa candidature de Francis Lopez, caméléon politique local passé successivement par le Parti radical de gauche et le MoDem, avant d’officier en tant que directeur de campagne de l’ex-maire PCF Paul Lombard (1969-2009).
La droite et le centre en ordre dispersé
A droite, Jean-Luc Di Maria, conseiller municipal LR, fait figure d’opposant n°1 à la majorité en place depuis 2014. Candidat lors des dernières municipales, il s’était maintenu de justesse au second tour (15,9 % des voix), ne parvenant guère à y faire progresser significativement son score (18,47 %). En régression lors des législatives de 2017, où il est arrivé en quatrième position avec 13,2 % des voix, il pourra néanmoins compter sur le soutien de Thierry Boissin. Celui-ci avait initialement fait acte de candidature avec le soutien du MoDem et l’investiture LREM, avant d’annoncer fin janvier 2020 son ralliement derrière Jean-Luc Di Maria, avec intégration dans la liste de ce dernier à la clé.
Un rassemblement de la droite et du centre qui n’est pas du goût de Jean-Luc Cosme. Marcheur historique, candidat à l’investiture LREM, ce conseiller municipal ex-PS membre de la majorité sortante a finalement décidé de faire campagne sans étiquette – celui qui lui a valu de perdre ses délégations au conseil municipal. Il se pose désormais en candidat de la société civile, et dénonce « l’hyperverticalité » des partis traditionnels. Enfin, l’ancien chiraquien Bernard Niccolini, passé 3 ans par LREM, présentera également une liste sans étiquette. Grand défenseur de l’étang de Berre et décoré de l’Ordre national du mérite pour son action associative, il promet un « mandat révolutionnaire » s’il est élu.
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