« On a découvert cette enquête publique par hasard » explique Charlène Fleury, porte-parole du mouvement opposé au projet d’extension de l’Aéroport Marseille-Provence. Pendant un mois, du 15 septembre au 16 octobre, la première étape de ce projet baptisé « coeur d’aéroport » est soumise à une enquête publique (document source en page suivante).
Cette phase concerne l’obtention du permis de conduire pour la modernisation du Terminal 1 avec une nouvelle surface de 22 000 mètres carrés. Imaginée par un tandem composé de l’architecte anglais Norman Foster et du cabinet marseillais Tangram, elle devra à terme relier les halls A et B. « Une aspiration créatrice de valeur et d’emplois » promet le site du projet. Qui permettra, toujours selon le site, « de rattraper le retard compétitif pris par rapport aux grands aéroports régionaux français » et de répondre aux « dernières exigences réglementaires en matière de sûreté ».
Un projet « contraire aux accords de Paris »
Contrairement à l’objectif de la seconde étape, soit la création d’une grande jetée d’embarquement internationale, cette phase ne concerne pas l’augmentation de la capacité de l’aéroport insiste dans son édito Philippe Bernand, président du directoire d’Aéroport Marseille Provence. Mais pour plusieurs associations (Alternatiba Marseille, Action Non-Violente COP21 Marseille, Greenpeace Marseille, Extinction Rebellion Marseille, France Nature Environnement 13, le Collectif Climat Pays d’Aix, Attac) ce n’est qu’une première étape vers l’accueil de plus de passagers.
Alors elles ont décidé de se réunir autour d’une campagne de sensibilisation pour dénoncer ce « projet contraire aux Accords de Paris ». La porte-parole de ce mouvement, Charlène Fleury, lit derrière les mots choisis pour cette enquête une question de « réthorique » . « On mise sur le confort du passager, mais en réalité le projet d’augmentation de la capacité est déjà avancé » explique-t-elle. Elle alerte : « cela va contribuer à une hausse des gaz à effet de serre ». Est surtout pointé du doigt l’étude d’impact économique: la plateforme prévoit d’augmenter sa capacité d’accueil de huit à 12 millions de passagers. Ainsi en 2045, l’aéroport Marseille Provence projette d’accueillir jusqu’à 18 millions de passagers.
« Mais on a l’impression qu’il n’y a pas eu beaucoup de communication autour de cette enquête » poursuit Charlène Fleury. Par conséquent, l’enjeu est d’informer et d’inciter la population à répondre à l’enquête publique. Des réunions sont organisées et des marches sont prévues. Si celle du 19 septembre a été annulée à cause des intempéries, la marche nationale du 3 octobre pour la réduction du trafic aérien est elle, bien maintenue.
En outre, une table ronde est en train d’être mise en place pour le 6 octobre. Elle réunira dans l’enceinte de l’université d’Aix-Marseille à Saint Charles des scientifiques de différents laboratoires de Marseille dont des membres de la No Fly Climate Sci. « Il faut repenser son rapport à l’avion et restructurer les lignes ferroviaires à la place » prône Charlène Fleury. Une alternative que le mouvement aimerait bien voir se mettre en place : la suppression des vols de moins de cinq heures en train (soit une heure de plus que la mesure proposée par la Convention Citoyenne pour le Climat ). « Un aller‑retour effectué en TGV c’est 50 fois moins de CO2 qu’en avion » cite la représentante du mouvement en s’appuyant sur les chiffres d’un projet de loi datant de 2019.
Pour l’instant, Philippe Bernand, sous devoir de réserve, ne peut s’exprimer sur le projet du temps de l’enquête. Mais il a promis d’être plus « loquace » après le 16 octobre. Par ailleurs, les personnes désirant laisser leur avis peuvent le faire sur place à la mairie de Marignane ou en ligne sur le site la plateforme numérique dédiée. Après consultation de toutes les contributions, le commissaire enquêteur émettra un avis favorable ou non à cette phase de restructuration. Une rencontre est prévue entre les associations et le commissaire.