Astrophysicien, citoyen engagé à gauche, Jacques Boulesteix dénonce dans cette tribune (*) la composition de la liste d’union de la gauche et écologiste qui se présente aux élections régionales en Provence Alpes Côte d’Azur. A l’absence notable des collectifs citoyens, Jacques Boulesteix estime que la gauche est « engluée dans des logiques de partis ou de groupuscules » et ne peut ainsi espérer gagner. Il lance un appel pour rectifier le tir en dernière minute.
La gauche est dans un grand état de faiblesse. Elle peine à se renouveler, elle peine à entendre les citoyens, elle peine à sortir de ses jeux politiques.
Au plan national, en 10 ans, elle a perdu la plupart de ses pouvoirs (Assemblée Nationale, Sénat, Président de la République). En Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle a même disparu de l’assemblée régionale, alors qu’elle y était majoritaire jusqu’en 2015.
Tout ceci révèle un décrochage avec la vie réelle, celle des inégalités sociales et territoriales toujours plus profondes, celle de la précarité de l’emploi, celle du désarroi de la jeunesse, celle de la violence sociale. La gauche traditionnelle est en demi-teinte. D’un côté, elle intègre positivement les enjeux environnementaux et lutte contre le libéralisme économique responsable de la dégradation de la planète. D’un autre côté, elle attire de moins en moins les forces vives de notre société (jeunes, gilets jaunes, …).
Engluée dans des logiques de partis ou de groupuscules, divisée, la gauche cède aux calculs politiques à courte vue, aux exclusives, aux ambitions personnelles.
Jacques Boulesteix
Engluée dans des logiques de partis ou de groupuscules issus des partis, divisée, elle cède aux calculs politiques à courte vue, aux exclusives, aux ambitions personnelles. Elle ne pourra gagner en persévérant dans cette voie.
Les enseignements du succès du Printemps Marseillais et des mouvements citoyens ont été ignorés
Pour les élections régionales à venir en Paca, il a suffi d’un vote illusoire de quelques dizaines de militants dans quelques partis historiques mais squelettiques pour réinvestir, de nouveau, une liste qui n’est pas celle du rassemblement de tous et qui exclut, outre la France Insoumise, les mouvements associatifs et citoyens. Cette situation tragico-comique révèle un certain autisme vis-à-vis de ces derniers qui apportent incontestablement une logique de renouveau autour de thématiques nouvelles. L’enseignement du succès du Printemps Marseillais aux élections municipales n’a pas servi. Son semblable régional, Il est temps, a été paralysé, instrumentalisé, rendu sciemment inopérant.
Citoyens du Sud, qui œuvre au niveau régional pour la participation des citoyens, a aussi été mis de côté
Jacques Boulesteix
Les mouvements comme Marseille et Moi, Mad Mars, Réinventer la Gauche, qui avaient été des chevilles ouvrières du succès du Printemps Marseillais, ont été écartés. Citoyens du Sud, qui œuvre au niveau régional pour la participation des citoyens, a aussi été mis de côté, de même que les nombreuses voix qui s’exprimaient, au sein des partis traditionnels pour une plus grande ouverture et pour la diversité. Les candidatures citoyennes nouvelles, qui avaient été sollicitées, n’ont pas été prises en compte. Les choix finaux ont été faits sans concertation globale.