Le gouvernement a publié le 22 février 2024 un décret détaillant des mesures d’économies budgétaires pour un montant total de 10 milliards d’euros, en conséquence de la révision à la baisse de la prévision de croissance à 1% pour 2024. Ce nouveau coup de rabot s’ajoute aux économies déjà inscrites au budget 2024 à hauteur de 16 milliards (notamment la suppression du bouclier énergétique) et vise à contenir un déficit public autour de 4,4 % du PIB.
Ecologie et durabilité : la ligne la plus touchée
Si le décret identifie 29 domaines dans lesquels des efforts seront demandés pour réduire les dépenses publiques, les trois principaux budgets affectés sont :
- Ecologie, développement et mobilités durables : 2,2 milliards d’euros, 10 % des crédits initiaux
- Travail et emploi : 1,1 milliard d’euros, 5 % des crédits initiaux
- Recherche et enseignement supérieur : 0,9 milliard d’euros, 3 % des crédits initiaux.
De l’aveu de vie-publique.fr (site réalisé par la Direction de l’information légale et administrative (DILA), rattachée aux services du Premier ministre, qui gère aussi les sites Légifrance et Service-public.fr), « la plus touchée par l’annulation de crédits est « Écologie, développement et mobilité durables » avec une annulation de 2,13 milliards d’euros. L’annulation de 950 millions d’euros sur le programme “174” concerne directement des dispositifs d’aide aux ménages destinés à les accompagner dans la transition énergétique : MaPrimeRénov’, chèque énergie, aides à l’acquisition de véhicules propres.»
Frein sur la Prime Rénov et les passoires énergétiques
Une large part des coupes (environ 1 milliard) porte sur MaPrimeRénov’ pour l’isolation des logements. Cyril Cartagena, président du groupe Immexis, vice président du syndicat immobilier UNIS, et précédemment président de l’Observatoire immobilier de Provence, en tant que professionnel de l’immobilier dans la métropole Aix Marseille Provence présent à Meyrargues, La Ciotat, Carnoux, Marseille, Aix…, réagit auprès de Gomet’ : « cette coupe sombre budgétaire sur les primes à la rénovation est contradictoire à la trajectoire enclenchée et à la politique de rénovation, notamment depuis la loi Climat et résilience de 2021.» Rappelons que cette loi dans sa promulgation parlait de « massifier les rénovations de logements en accompagnant les ménages », de « 4,8 millions de foyers vivent dans des logements mal isolés” et du « bâtiment responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays », et qu’elle a instauré les plans pluriannuels de travaux obligatoires pour la rénovation de l’habitat en copropriétés, le gel du loyer des passoires énergétiques dès 2023 et l’interdiction de mise en location des logements les moins bien isolés dès 2025), objectifs à ce jour contrariés.
Ces décisions successives « compliquent un marché immobilier déjà suffisamment compliqué actuellement » : les professionnels du bâtiment, qui souffraient déjà de la crise du neuf, vont maintenant souffrir du ralentissement de la rénovation, qui compensait la baisse des constructions ; les ménages, qui accusaient déjà un pouvoir d’achat immobilier en berne et une raréfaction des biens sur le marché, vont maintenant être pénalisés par l’isolation retardée ou renchérie.
« En tant que professionnel de l’immobilier, je suis favorable à la rénovation énergétique, c’était positif d’encourager à réaliser ces travaux utiles, mais attention à un calendrier trop tendu sur le marché actuel.» Concernant le Diagnostic de Performance Energétique (DPE), Cyril Cartagena indique que la FIDI (fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier) mesure que notre métropole est heureusement moins touchée par les passoires thermiques, qui représentent 9 % du parc immobilier, à comparer à une proportion triple en région parisienne (29 %).
Le travail et la recherche sollicités
Pour le ministère du Travail, Bercy veut tailler dans les dispositifs de formation : Compte Personnel de Formation, subventions aux centres d’apprentissage et formation des chômeurs. Pour la recherche et l’enseignement supérieur, charge à la ministre Sylvie Retailleau, en visite à Marseille à la marina olympique la semaine dernière, de trouver des axes de réduction en dehors de la loi de programmation. Les autres domaines et ministères ont un peu de pression, mais moins forte. Les choix ont ainsi été faits…