« L’offre de leasing destinée aux ménages les plus modestes et permettant d’acquérir un véhicule électrique pour 100 € par mois prend fin », a fait savoir l’administration par le décret paru le 12 février 2024. Ce dispositif mis en place le 1er janvier 2024 et décrypté alors par Gomet’ dans tout savoir sur le leasing automobile et bien plus encore, est déjà suspendu, car en moins d’un mois et demi, 50 000 ménages ont pu bénéficier de l’offre, soit le double de l’objectif annuel annoncé.
En effet, nous avions attiré l’attention sur le sous-calibrage de l’objectif par rapport à la demande : en 2024, 20 000 véhicules environ devaient être disponibles au niveau national pour le leasing social selon les pouvoirs publics ; c’est donc la règle du « premier arrivé, premier servi ». C’est là que le bât blesse, car la demande risquait fort de dépasser l’offre.
Car selon les estimations de BNP Paribas Mobility, pour la seule métropole Aix-Marseille Provence (où une aide de 5000 euros a été annoncée par Martine Vassal), 317 000 voitures sont recensées Crit’Air 3 (c’est-à-dire les véhicules essence immatriculés entre 1997 et 2005 et les véhicules diesel immatriculés entre 2006 et 2010, ce qui représente un peu plus de 30% du parc automobile de la métropole) et environ 600 000 pour la métropole Grand Paris.
Même en multipliant le nombre de leasings sociaux prévu par deux et demi, l’aide n’a pas pu tenir deux mois. En effet, la mesure avait toute son utilité, car les véhicules électriques sont demandés mais difficiles d’accès pour les ménages et les professionnels. Ceci avait été mesuré par les études de BNP Paribas Mobility. Acheter une voiture neuve est devenu impossible pour beaucoup, car depuis 2008, le prix des automobiles neuves a augmenté plus rapidement que les revenus.
Et l’électrification amplifie le phénomène, car le prix des voitures électriques (hors aides) est supérieur à celui des voitures thermiques.
Pourtant…
Réduction d’autres aides en faveur des véhicules peu polluants
L’État annonce une reconduction du leasing social en 2025 mais ne précise pas le futur quota. En revanche, le décret est très précis pour la réduction dès à présent d’autres aides à la transition vers les véhicules peu polluants :
– Diminution de 1000 € des bonus écologiques et primes pour :
- l’acquisition de voitures ou camionnettes neuves pour les ménages des cinq plus hauts déciles de revenus (c’est à dire la moitié la plus riche) ;
- l’acquisition de camionnettes neuves pour les personnes morales (c’est à dire les entreprises quelle que soit leur taille) ;
- la conversion sur acquisition de voitures particulières et de camionnettes.
– Suppression des bonus et primes comme :
- le bonus écologique applicable à l’acquisition de voitures particulières neuves pour les personnes morales ;
- le bonus écologique pour les voitures particulières et les camionnettes d’occasion ;
- la prime à la conversion pour l’acquisition d’une voiture particulière ou d’une camionnette Crit’Air 1 neuve.
Seules consolations, le décret ouvre :
- le bonus vélo aux cycles d’occasion vendus par des professionnels et prolonge le renforcement des aides à l’acquisition de cycles ;
- la prime au rétrofit aux voitures et camionnettes ayant fait l’objet d’une transformation en véhicule hybride rechargeable ;
- et il augmente de 1 000 € le montant de l’aide au leasing de voitures électriques pour les voitures particulières d’occasion.
Et pour les chanceux qui ont obtenu le leasing social 2024, attention à deux nouveautés !
- interdiction de la sous-location des véhicules bénéficiant de l’aide au leasing pendant la période de validité du contrat de location ;
- et amende de 1 500 € en cas de non-respect par les bénéficiaires de l’aide au leasing des conditions de conservation du véhicule ou de l’interdiction de sous-location du véhicule.
La transition de nos voitures devra-t-elle se faire ainsi ?