Élus métropolitains et municipaux ont-ils bien retenu la leçon présidentielle ? « Les milliards ne suffisent pas, il faut aller au-delà des divisions pour que le territoire se développe », rappelait Emmanuel Macron la semaine dernière. Alors que la Ville de Marseille souhaite déposer une candidature pour inscrire la rade et le littoral de la cité phocéenne au patrimoine mondial de l’Unesco, la Métropole Aix Marseille Provence, par la voix de Didier Réault, vice-président délégué à la mer et au littoral, n’apporte pas son soutien à la mairie.
Benoît Payan ne s’en cache pas, il veut « faire de Marseille une ville modèle ». Des mots forts prononcés ce samedi au stand de la Ville du congrès de la nature. Comme il l’avait mentionné la veille devant le chef de l’État, la mairie veut sanctuariser la rade et le littoral de Marseille. Pour ce faire, elle compte déposer une candidature auprès de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) afin d’obtenir un label. « On a 57 kilomètres de biodiversité et d’histoire à protéger », alerte Benoît Payan face à la presse. L’indice général d’abondance des espèces méditerranéennes a décliné de 20 % en vingt ans. Un terrible constat qui pousse le maire de Marseille à réagir. Il veut « léguer [dans les meilleures conditions] cet espace incroyable à celles et ceux qui viendront après nous ».
Si l’annonce le soir de l’ouverture du congrès mondial de la nature (intégralité du discours) a réussi son effet de surprise, le projet de la Ville est visiblement sur les rails depuis quelque temps déjà. « La candidature a été envoyée, affirme Samia Ghali, maire adjointe, nous attendons désormais une réponse de l’Unesco pour savoir à quels critères nous conformer ».
La Métropole n’est pas convaincue par le projet Unesco de Marseille
Si la présidente LR Martine Vassal ne s’est pas encore prononcée publiquement sur ce dossier, Didier Réault émet quelques doutes à notre micro. « Ce n’est pas à travers un discours un peu démagogique qu’on va faire avancer le sujet », déclare samedi le vice-président délégué à la mer et au littoral de la Métropole d’Aix-Marseille Provence. Si Didier Réault salue la volonté de la Ville de protéger la rade marseillaise, il remet en cause la méthode employée. « Une candidature à l’Unesco, ce n’est pas claquer des doigts et partir la fleur au fusil, il doit y avoir un vrai travail sur la préparation du dossier », signale le président du Parc national des calanques. Didier Réault demande à la mairie de Marseille de travailler d’abord sur les conséquences, notamment en matière de tourisme durable, d’une telle candidature. Car c’est une réalité pour tous les lauréats au patrimoine mondial de l’Unesco. Si les 218 sites naturels inscrits sont protégés avec davantage de rigueur, chacun d’entre eux a vu sa fréquentation exploser suite à l’obtention du label. Un coup de projecteur qu’il ne faudrait pas regretter.
Commet éviter l’écueil de la surfréquentation ? Pour Christine Juste, adjointe à l’environnement, il faut adopter « un autre tourisme, plus durable ». Elle cite en contre-exemple la réserve de Scandola en Corse, déchue de son label Espace européen protégé en avril 2020. « Nous allons aborder la question du tourisme de façon transversale et faire preuve de pédagogie », assure l’élue. Des mesures drastiques ont déjà été annoncées, comme l’accès sur réservation à la calanque de Sugiton dès 2022. « Pour l’instant, il n’est pas prévu que d’autres calanques soient ouvertes à réservation, précise cependant Christine Juste, préserver la biodiversité, cela ne veut pas dire en interdire l’accès, au contraire, c’est éduquer tous les citoyens pour que ce patrimoine revienne aux générations futures ».
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