De nouveaux projets autour de l’essor de l’intelligence artificielle continuent d’émerger sur les territoires. A Marseille, la société Oréus, portée par cinq associés, dont l’ancienne secrétaire d’Etat à la Ville et ex-députée Renaissance des Bouches-du-Rhône Sabrina Agresti-Roubache, se lance avec l’ambition de créer un réseau de campus territoriaux spécialisés en IA pour accompagner les territoires dans cette révolution .
Les deux premiers sites identifiés sont situés à l’Epopée à Marseille et à The Camp à Aix. Ce n’est pas un hasard puisque parmi les cinq fondateurs, outre Sabrina Agresti-Roubache, figurent Laurent Choukroun, fondateur de Synergie Family et PDG de L’Epopée, le tiers-lieu situé à Sainte-Marthe dans le 14e arrondissement de Marseille, et de l’entrepreneur Kevin Polizzi, président de la holding Unitel, propriétaire de The Camp.
« C’est d’abord une histoire d’amitiés car nous nous connaissons tous bien », confie Laurent Choukroun à Gomet’ pour expliquer la démarche initiale. « On a notamment en commun d’être tous partis de rien et d’avoir construit nos chemins et nos parcours. Et forcément cela nous rassemble autour des valeurs de l’entrepreneuriat, de la détermination et toujours de la préoccupation de l’intérêt général. »
Les cinq associés d’Oréus et leur rôle
- Laurent Choukroun, président de L’Épopée, assure la direction générale ;
- Sabrina Agresti-Roubache, ancienne ministre, occupe la vice-présidence chargée des affaires institutionnelles ;
- Kevin Polizzi, président d’Unitel Group, prend en main le volet infrastructures ;
- Julien Lescoulié, fondateur de Dev-ID, pilotera les solutions logicielles ;
- Sandra Blanchard, avocate, ancienne directrice de campagne de Sabrina Agresti-Roubache, supervise les affaires publiques et réglementaires.
Une association avec l’investisseur des Émirats arabes unis Core42 en négociation
En parallèle, Oréus est en relation avec le groupe des Emirats-Arabes Unis, G42, plus précisément avec la filiale de ce dernier Core42. Les Emirats se sont engagés lors du dernier sommet de l’IA en février à investir 50 milliards en France dans une IA souveraine. Core42, est chargée de développer la présence dans l’Hexagone de supers calculateurs dont l’un doit être opérationnel dès le mois de juillet. Construit par l’opérateur DataOne près de Grenoble, à Eybens, il aura une puissance de 8500 GPU. L’investissement annoncé par les émiratis est de l’ordre 800 millions d’euros.
« Tout cela a été fait bien avant que l’on n’entre dans la boucle, explique Laurent Choukroun. Nous étions en train de constituer notre consortium et nous les avons rencontrés. Ils souhaitent avoir un acteur français pour déployer leur puissance de calcul auprès du marché français et européen. C’est notre rôle. »
Pour encadrer la relation, un accord de contractualisation est en cours de discussions. Le projet est de donner à Oréus « la fonction d’exploitation et de déploiement de la puissance du data center auprès du monde économique mais aussi de la recherche, des institutions. L’objectif est vraiment de partir de cas d’usages. Un super calculateur, ça veut tout et rien dire. Or l’intelligence artificielle va changer définitivement nos vies, nos destins, notre économie. Et c’est maintenant qu’il faut s’y mettre sinon nous serons les spectateurs de ce qui se passe en Chine ou aux Etats-Unis », souligne Laurent Choukroun.
« Ce projet marque un tournant : nous entrons dans le temps du concret, de la souveraineté technologique », s’enthousiasme de son côté, le 19 mai, dans le communiqué de lancement d’Oréus, Sabrina Agresti-Roubache.
La feuille de route d’Oréus : levée de fonds et entrer en exploitation
Pour développer ses activités, Oréus, au capital de 10 000 euros répartis entre les cinq associés, espère lever des fonds. « On parle avec des financeurs, assure Laurent Choukroun, qui insiste sur la volonté des fondateurs de garder une entreprise française. Peut-être que l’on accueillera au capital des investisseurs européens ou hors UE mais dans une proportion qui restera extrêmement réduite. »
L’objectif pour l’équipe Oréus est d’entrer « d’ici le mois de septembre en exploitation » et ensuite de regarder d’autres sites d’implantations à Aix, Marseille et ailleurs. « Il y a de nombreux enjeux industriels partout en France avec de nombreux projets de super calculateurs. Mais pour nous, c’est surtout comment on fait, grâce à l’intelligence artificielle, pour transformer les territoires, en matière de rayonnement, en matière d’attractivité, de créations d’emplois et de formations. Il y a tout à repenser et tout à refaire. C’est assez passionnant », conclut Laurent Choukroun. Oréus et Core42 seront présents cette semaine ensemble sur le salon Vivatech à Paris. Nous y serons.
Avec JF. E.