Acteurs Immo sera le think tank de Marseille et de Provence dédié à l’immobilier. Voulu et porté par Thierry Moallic, directeur de l’Agence départementale d’informations sur le logement des Bouches-du-Rhône (Adil 13), il a été conçu avec cinq fondateurs : Yves Lancelot, président de Foncia, Patrice Bremond, directeur du développement de Constructa Vente, Guillaume Bourgueil, gérant du cabinet Fidelis Investissement, conseil en gestion de patrimoine, Louisa Tighilt, responsable des partenariats, directrice de Caap Immo au Crédit Agricole Alpes Provence et Nadia Duclaut, directrice du pôle partenariat institutionnel et immobilier Méditerranée du groupe EDF.
Lancé le 9 décembre dernier à l’Espace Jouenne, le think tank, ce laboratoire d’idées dédié à l’immobilier en Provence a séduit nombre de professionnels publics et privés, de toutes les branches, de tous les secteurs qui s’interrogent justement sur le devenir de la construction, sur son rôle, sur son modèle de développement. Thierry Moallic sera le président, avec nœud papillon, de ce lieu d’échanges. Gomet’ lui donne la parole pour présenter ce projet et ce programme. Car Acteurs Immo a déjà un programme pour 2022 chargé, avec des conférences-débats trimestrielles sur les grandes thématiques de la profession, des déjeuners d’actualité immobilière et des expertises pointues.
[Tribune] Thierry Moallic : Acteurs Immo, l’immobilier à 360°
Tout est parti d’un constat commun fait par les six cofondateurs d’Acteurs Immo présents devant vous : l’immobilier est un bien très précieux parfois insuffisamment pris au sérieux tant il participe à l’essor d’un territoire ! Car, en réalité, l’immobilier est vecteur d’attractivité territoriale ! Un territoire qui s’arrête de produire des logements, des bureaux ou des commerces perdra rapidement son rayonnement et s’inscrira dans une spirale de déclin économique et social. Que l’on se place du point de vue du particulier ou de l’entreprise, pour venir s’implanter sur un territoire, il faut pouvoir y installer sa famille et ses salariés.
L’objectif de l’immobilier consiste à loger des habitants et des entreprises
Qu’on se le dise, l’objectif de l’immobilier est très noble et non strictement mercantile : il consiste à loger des habitants et des entreprises. Mais cet objectif de production assigné à l’immobilier est aujourd’hui confronté à de multiples difficultés qui, si elles sont bien appréhendées, peuvent se transformer en opportunités. L’immobilier est en pleine mutation et il doit faire face à des injonctions souvent contradictoires. Les défis actuels consistent à résoudre une équation à plusieurs inconnues et pour laquelle la crise sanitaire nous oblige à répondre encore plus rapidement.
Il s’agit tout d’abord de produire massivement des logements, le chiffre qui revient le plus souvent à la bouche de nos décideurs est de l’ordre de 500 000 logements par an en France. Or produire nécessite d’abord une volonté forte des décideurs publics et une acceptation de la population de voir arriver de nouveaux logements près de chez eux.On parle souvent des projets dits PUMA, Projet Utile Mais Ailleurs (PUMA)
Comment produire massivement des logements tout en respectant le principe de sobriété foncière érigé aujourd’hui dans la loi Climat et résilience ?
Des réserves foncières, pour geler les prix du foncier
Autre injonction : il faut produire du logement pour tous. Cela signifie en réalité produire du logement pour les classes moyennes et modestes pour qui l’accès au logement est devenu très difficile. En effet, le pouvoir d’achat des habitants est à la base des discussions aujourd’hui et le logement représente la première source de dépenses des Français. C’est encore plus vrai en Provence. Tout le monde partage cette nécessité de produire du logement pour les classes moyennes, mais on se heurte évidemment à la question du prix et donc plus précisément à la maîtrise des prix de l’immobilier et notamment du foncier qui grève cruellement les opérations immobilières. D’où la nécessité de mettre en place sans attendre des politiques foncières anticipatrices, c’est-à-dire des réserves foncières seules susceptibles de maîtriser voire de geler les prix du foncier.
Il faut sans doute également travailler sur des montages juridiques innovants et de ce point de vue je salue l’arrivée du bail réel solidaire, qui permettra sans aucun doute de promouvoir l’accession à la propriété par le jeu du démembrement de propriété.
Naturellement, à côté du neuf, il y a le parc existant parfois dégradé et souvent énergivore. Il convient donc de la rénover mais là aussi, on se heurte au coût car une rénovation énergétique ambitieuse et réussie n’est pas à la portée de tous les porte-monnaie malgré les aides publiques existantes sans parler de la nécessaire industrialisation de certaines filières du bâtiment.
Comment passer à côté de la prise en compte du vieillissement de la population, car le but est de pouvoir bien vieillir dans son logement, ce qui nécessite des travaux d’adaptation, voire des nouveaux services à imaginer pour nos aînés.
Le télétravail libère 20% de surface dans les entreprises
Dans cette période de grande mutation, la prise en compte du télétravail nous oblige à réinterroger l’usage et la qualité des logements. Mais les logements actuels sont-ils adaptés au télétravail ? Cette question fait le lien immédiat avec le tertiaire. Les bureaux vont devoir se réinventer, ils sont pris dans l’étau du télétravail et du flex-office. Le télétravail libère environ 20% de surface et certaines entreprises pensent aujourd’hui à un poste de télétravail pour deux collaborateurs. Les bureaux doivent être réhabilités, re-conçus s’ils ne veulent pas tomber dans l’obsolescence, ils doivent donner envie aux collaborateurs de venir travailler au bureau.
Sommes-nous condamnés après avoir densifié, construit la ville sur la ville et amélioré la qualité des logements, à consommer à nouveau du foncier, synonyme d’étalement urbain ? Il faut vraiment écouter les urbanistes qui nous apportent leur vision et leurs solutions. Selon eux, nous pourrions transformer et reconquérir les zones activités situées en périphérie des villes pour en faire des territoires mixtes d’habitation et de commerces à échelle humaine. Ces zones d’activité sont très bien desservies par les axes routiers tout en étant proches de la nature. Elles seraient en quelque sorte nos futures villes nouvelles sans consommer du foncier vierge puisqu’il serait déjà artificialisé.
Se retrouver dans un espace où le temps opérationnel s’arrête
Il y a lieu de se retrouver dans un espace dédié à la réflexion où le temps opérationnel s’arrête pour laisser place à l’échange et au débat. C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de créer Acteurs Immo, un laboratoire pour :
- Confronter les idées,
- Échanger des expériences entre les acteurs de l’immobilier locaux et nationaux,
- Identifier les leviers de progrès,
- Dégager une vision prospective pour notre territoire.
Cela se fera par une approche transversale d’où le slogan « l’immobilier à 360° ». Nous éviterons ainsi les raisonnements en silo et l’unique approche prix/produit, nous ferons le lien entre l’immobilier, le transport et l’emploi et nos réflexions seront pluridimensionnelles, car envisagées sous les angles économiques, sociologiques, juridiques et techniques.
Thierry Moallic