Le littoral méditerranéen va connaître une accentuation du stress hydrique
Avec plus de 250 millions d’habitants d’ici 2040, le littoral méditerranéen va connaître une accentuation du stress hydrique et seul le recours à des ressources dites non conventionnelles, telles que principalement le dessalement et la réutilisation des eaux usées associées à une production d’énergie respectueuse de l’environnement pourront nous permettre de faire face à des besoins toujours croissants. A cela doit être impérativement associé de manière permanente, la lutte contre les gaspillages et autres mauvais usages de la ressource. Le Royaume du Maroc qui se trouve dans une nouvelle période de sécheresse, ne s’y est pas trompé en maintenant malgré le confinement et le couvre-feu imposé par le Covid-19, les programmes de lutte contre les fuites dans les réseaux d’eau potable, d’irrigation et des industries telles que l’Office chérifien des phosphates.
L’enjeu de la réutilisation des eaux usées, un enjeu majeur pour les pays du sud et de l’est de la Méditerranée
Alain Meyssonnier
L’enjeu de la réutilisation des eaux usées, un enjeu majeur pour les pays du sud et de l’est de la Méditerranée à double titre : d’une part pour faire face à la pénurie notamment en agriculture avec un potentiel énorme (95 à 98 % des eaux usées sont réutilisées en Israël et dans le sud de l’Espagne contre moins de 20 à 30 % dans la plupart des autres pays). Mais qui dit réutilisation des eaux usées dit traitement complet de ces eaux en vue de leur réutilisation et par voie de conséquence une protection totale de notre Méditerranée, des eaux de surface et des nappes phréatiques.
Nous créons un Observatoire mondial des eaux non-conventionnelles et de l’énergie
Le Conseil mondial de l’eau (**) ne s’y est pas trompé en demandant à l’Institut méditerranéen de l’eau, la création d’un Observatoire mondial des eaux non conventionnelles et de l’énergie en commençant par la Méditerranée. Alors, engageons-nous pour que l’accès à l’eau potable, l’assainissement pour tous devienne la priorité N° 1 pour la planète ! Si le Covid-19 permet de contribuer à cette prise de conscience, les victimes de cette pandémie ne seront pas mortes pour rien ! Et comme le disait récemment Jean Jalbert, directeur général de la Tour du Vallat, organisme en charge de la préservation des écosystèmes en Camargue, partenaire de l’IME : « La pandémie de Covid-19 a stoppé net la course effrénée de nos sociétés humaines. Mais, pour dramatique et angoissante qu’elle soit, cette rupture est une opportunité unique pour en analyser les fondements, penser le monde d’après et le mettre en œuvre ». Pour la planète, avec notre sœur Emmanuelle : « Yalla ! En avant ! »
Alain Meyssonnier,
Président de l’Institut méditerranéen de l’eau.
Le 20 avril 2020
L’Institut méditerranéen de l’eau : pour le bon usage de la ressource en eau en Méditerranée
L’Institut méditerranéen de l’eau créé en 1982, est un réseau d’experts méditerranéens pour le développement de la coopération multilatérale, une ONG internationale basée à Marseille. L’IME œuvre pour la préservation et le bon usage de la ressource en eau en Méditerranée, aussi bien au niveau du grand cycle, que du petit cycle, des écosystèmes et de leur biodiversité ainsi que de l’énergie associée. Il constitue une plate-forme d’échanges et de coopération régionale entre les professionnels et les décideurs dans le domaine de l’eau. Association loi 1901, l’IME est composé de trois collèges : le collège des institutions qui regroupe des ministères en charge de l’eau et des collectivités territoriales méditerranéennes, le collège des entreprises et des opérateurs de l’eau au sens large et le collège des experts méditerranéens de l’eau.
Il développe pour ses membres, en collaboration avec ses partenaires et les bailleurs de fonds nationaux et internationaux, des études générales sous forme d’assistance à la maîtrise d’ouvrage, des projets pilotes liés au bon usage de la ressource et aux technologies associées et enfin organise des ateliers, conférences et séminaires thématiques nationaux ou internationaux qui convergent tous vers le Forum méditerranéen de l’eau (Malte 2020) qui a lieu tous les trois ans sur la route du Forum mondial de l’eau (Dakar 2021).
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.
(**) Gomet’ est partenaire du Conseil mondial de l’eau avec lequel il édite notamment une chronique [Au fil de l’eau] depuis le mois de décembre 2019. La dernière publication était justement consacrée à l’importance de l’eau (et du savon) comme premiers moyens pour les gestes barrières face à l’épidémie de Covid-19.