Pour les cours d’eau, l’agence finance la suppression ou l’aménagement des seuils en rivière pour favoriser une meilleure circulation des poissons et des matériaux, l’élargissement de leur lit pour leur redonner plus de place, ce qui permet d’améliorer le rechargement des nappes, de diminuer les impacts des inondations, de restaurer le fonctionnement des zones humides et d’améliorer le cadre de vie des habitants. Concernant les zones humides, nous accompagnons leur restauration, afin qu’elles jouent pleinement leur rôle de réservoir de biodiversité, de tampon des crues et de restitution de l’eau aux cours d’eau en période de basses eaux, en plus du patrimoine paysager qu’elles constituent et donc de l’attractivité qu’elles apportent à un territoire. Côté maritime, l’agence aide notamment à installer des zones de mouillages organisés pour que les navires n’arrachent pas l’herbier de Posidonie en jetant et levant l’ancre. Elle aide également à la mise en place de « nurseries » ou récifs artificiels pour favoriser le retour des poissons en Méditerranée.
Et sur le territoire d’Arles Crau Camargue Montagnette, relevant du classement « zone de revitalisation rurale », nous mettons en œuvre notre politique de solidarité entre l’urbain et le rural en accompagnant la collectivité dans ses travaux sur ses réseaux d’eau potable et d’assainissement.
Quels sont les programmes collectifs qui peuvent intéresser une municipalité ?
A.M : L’Agence de l’eau intervient de façon privilégiée dans le cadre de contrats, qu’ils soient de « milieux » (rivière, baie, delta, étang, bassin-versant), avec un EPCI ou de « zone de revitalisation rurale » pour le secteur d’Arles Crau Camargue Montagnette, qui bénéficie de cette particularité. Ces contrats permettent à l’agence et son partenaire (EPCI, syndicat) de définir un programme d’actions en faveur de l’eau et des milieux aquatiques pour les contrats de milieux, couvrant toutes les thématiques du petit et du grand cycle avec un EPCI ou de rattrapage structurel en matière d’eau potable et d’assainissement pour les contrats ZR. Ce programme court en général sur trois ans et permet de traiter les grands enjeux de l’eau sur le territoire, tout en garantissant pour le partenaire des financements, voire la prise en charge de certaines opérations non éligibles hors contrat.
Quelles sont les instances de dialogue et d’échanges entre l’Agence et les élus ?
A.M : La première instance est le Comité de bassin Rhône Méditerranée. Véritable « parlement de l’eau » à l’échelle du bassin hydrographique, ses membres sont élus pour six ans. Il est composé de quatre collèges : État, collectivités, usagers économiques et usagers non économiques. Il arrête la politique de l’eau sur le bassin pour les six années au travers de l’adoption du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), qui donne les grandes orientations de la politique de l’eau sur le bassin. Les membres du conseil d’administration de l’Agence de l’eau sont issus du comité de bassin. Ils arrêtent les règles d’éligibilité aux aides de l’agence (le « programme d’intervention »), afin de répondre aux objectifs du SDAGE.
À l’échelle plus locale, la délégation PACA et Corse de l’Agence de l’eau réunit au moins une fois par an une « commission géographique », qui permet de faire échanger tous les acteurs de l’eau en région autour d’un ou plusieurs enjeux locaux. Par ailleurs, les territoires couverts par un Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, (SAGE), déclinant le SDAGE sur un bassin-versant d’une rivière, sont gouvernés par des Commissions locales de l’eau, (CLE), parlement local de l’eau, au sein desquelles l’Agence est également représentée. Enfin, d’une façon plus générale, l’Agence de l’eau est au service des collectivités du territoire pour les aider à porter leurs projets en faveur de l’eau et des milieux aquatiques. Les élus représentent donc des partenaires quotidiens et incontournables de l’agence.
Les techniciens de l’Agence sont parfois perçus comme des « puristes » face aux élus de terrain, sur certaines questions. Qu’en pensez-vous ?
A.M : La préservation de l’eau et des milieux aquatiques est un enjeu de société majeur. En effet, l’eau est au centre de toute forme de vie et nous savons aujourd’hui que les impacts négatifs que l’homme a pu générer sur la nature l’ont privée de nombreux services qu’elle lui rendait gratuitement, (épuration de l’eau, rechargement des nappes, écrêtement des crues…), et ont même créé des effets négatifs en termes de sécurité (inondations aggravées par les effets de l’urbanisation…) ou de santé (pollution) notamment. Les agents de l’Agence de l’eau sont fortement imprégnés de ces enjeux sociétaux de premier plan, dans un contexte où l’eau est au cœur des impacts liés au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité et ils ont à cœur de les porter, avec pédagogie. D’ailleurs, l’Agence produit des données et des documents qu’elle porte régulièrement à connaissance des élus et de leurs services techniques. Par exemple, le guide « et si la rivière redevenait un atout pour mon territoire » développe des arguments et des témoignages d’élus qui se sont lancés dans des projets de restauration de leur rivière et qui n’en retirent aujourd’hui que des bénéfices pour leur territoire ! Et ce n’est pas l’agence qui le dit !
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