Dimanche 21 mars, le carnaval indépendant de La Plaine, organisé dans le centre-ville de Marseille pour célébrer le début du printemps, a rassemblé près de 6500 personnes, selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. La plupart des carnavaliers se sont affranchis des règles de distanciation sociale et du port du masque malgré le contexte de crise sanitaire. Des dégradations ont également été commises en marge de la manifestation. Après une journée marquée par de nombreux débordements, l’opposition et des riverains n’ont pas manqué de faire part à la Ville de leur colère.
Pierre Benarroche condamne les débordements
Pierre Benarroche, maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille, a condamné lundi dans un communiqué (voir l’intégralité page suivante) l’attitude de certains carnavaliers. « Le non-respect des règles sanitaires est un affront aux personnels de santé qui luttent au quotidien pour sauver des vies et qui sont épuisés », a-t-il déclaré. Pierre Benarroche invite tous les participants à ce carnaval d’aller se faire tester au plus vite. Il déplore « la situation incontrôlée et tendue sur la Plaine qui perdure depuis plusieurs mois ». Selon le maire du 4e secteur de Marseille, « quelques personnes se sont appropriées un territoire sans aucun respect pour ses habitantes et habitants, le quartier et l’environnement ». Mais il conclut sa lettre par ce constat : « Nous avions promis l’apaisement sur la Plaine. Il faut désormais que des mesures soient prises pour que de tels débordements ne puissent se reproduire. »
La lettre d’avertissement des Riverains de La Plaine
Pourtant, le collectif des Riverains de La Plaine a envoyé un courrier avant les évènements de ce week-end au maire des 6e-8e. Gomet’ s’est procuré ce document qui confirme que Pierre Benarroche était bien au courant de la tenue du rassemblement. Non seulement parce que ce carnaval indépendant a lieu tous les ans, mais aussi parce que les carnavaliers avaient placardé tout le quartier d’affiches dans les jours qui ont précédé la manifestation.
La préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Yannick Ohanessian, le maire du 4e-5e, Didier Jau, et celle du 1er-7e, Sophie Camard, ont également reçu cette lettre. « Nous souhaitons attirer votre attention sur les évènements qui vont avoir lieu sur la place Jean Jaurès le dimanche 21 mars », signalait le collectif avant de prévenir que des « feux de poubelles, dégradation du mobilier urbain, invasion du chantier et fumigènes » étaient à prévoir. Même si les maires de secteur peuvent alerter les autorités, c’est la mairie centrale qui dispose du pouvoir de police et seule la préfecture est en capacité d’interdire un rassemblement. Mais les organisateurs du Carnaval de La Plaine n’ont jamais déclaré leur événement..
L’opposition demande la démission de Yannick Ohanessian
L’opposition de droite à la majorité municipale a rapidement dénoncé l’inaction de la Ville. C’est le cas de Jean-Baptiste Rivoallan, président du groupe Une volonté pour la Métropole. Le conseiller municipal (11e-12e arrondissements) est furieux, à la fois contre les carnavaliers, mais aussi contre les journalistes, qu’il juge complices, et contre la Ville. Comme de nombreux élus de l’opposition, il fustige dans un communiqué la gestion de crise de la mairie. « La Ville de Marseille a été informée bien en amont de cette manifestation, par des affiches, des tracts, par la préparation qui s’opérait la veille de la manifestation dans les rues », dénonce Jean-Baptiste Rivoallan. Dans un tweet publié mardi matin, le conseiller municipal demande même à Yannick Ohanessian, l’adjoint à la sécurité de la Ville ,de Marseille, de démissionner.
.@yann_ohanessian adjoint à la sécurité, vous êtes responsable de cet attentat sanitaire. Vous êtes coupable car vous saviez que ce #carnavalmarseille aurait lieu. Combien de morts seront à déplorer ? J’appelle à votre démission. #Ohanessiandemission pic.twitter.com/wvCLEQOsy7
— jean-baptiste rivoallan (@RivoallanJean) March 23, 2021