La rédaction de Gomet’ s’est entretenue vendredi 9 septembre avec Sandrine Motte, la directrice générale de la société des Eaux de Marseille, à l’occasion du Forum des entrepreneurs 2022, organisé par l’union pour les entreprises (UPE 13) au stade Orange Vélodrome. Elle appelle à une multiplication des initiatives locales pour former les chefs d’entreprise aux enjeux climatiques.
Nous sortons d’un été particulièrement sec, notamment dans les Bouches-du-Rhône. Quelle est votre lecture de la situation ? Faut-il s’inquiéter ?
Sandrine Motte : Effectivement, un été très tendu. L’eau que nous buvons à Marseille, et principalement dans la métropole, vient de la Durance. Le canal de Marseille alimente environ un million et demi d’habitants sur les deux petits millions que compte la métropole. Cet été, on a tous eu l’eau au robinet, il n’y a pas eu de soucis à ce niveau là. Par contre, je ne sais pas si vous êtes allé voir l’état du lac de Serre-Ponçon (04), mais le barrage est arrivé à un niveau historiquement bas, jamais atteint depuis sa construction. Le rapport, c’est que l’eau que nous buvons à Marseille vient des Alpes. Nous voyons concrètement, avec nos yeux, que notre château d’eau des Alpes est en grande souffrance. C’est une révélation. Celle que nous vivons une crise majeure de l’eau. Cette situation nous montre que nous devons évidemment préserver la ressource en eau, l’économiser et bien l’utiliser. Sans eau, pas de développement humain ni économique possible.
Les entrepreneurs locaux ont un rôle à jouer dans cette conjoncture climatique. Qu’attendez-vous d’eux ?
S.M : J’en appelle aujourd’hui à une mobilisation autour de la formation des chefs d’entreprise sur cet enjeu. Parce qu’on nous dit : “il faut atténuer nos émissions de gaz à effet de serre, repenser notre économie”. On le voit bien, il va falloir transformer profondément nos sociétés. Mais quand on est un chef d’entreprise, de TPE/PME, quelle que soit la taille ou le secteur d’activité, on se demande où on va, comment on peut agir concrètement, comment repenser son business model. Pour réussir à se projeter et à réfléchir, il faut se former. Il faut comprendre ce qu’ils se passe au niveau du climat. Cette formation des chefs d’entreprise est essentielle. À mon sens, elle doit être collective. C’est ensemble qu’il faut y réfléchir, faire venir des experts. C’est mon message. Nous, chefs d’entreprises, formons-nous. Il faudra trouver les dispositifs, mais c’est indispensable.
À quoi pourrait ressembler ces formations ? Et quand pourraient-elles voir le jour ?
S.M : Elles arrivent. Notamment la déclinaison de la convention des entreprises pour le climat, pour notre territoire Provence-Corse. C’est un parcours de formation de très haut niveau pour les chefs d’entreprise de toutes tailles. Pour les amener à repenser leur feuille de route, leur business model. Il faut que ces initiatives se multiplient. Si on comprend ce qu’il se passe, et comment on peut agir, on réussira à se prendre en main. Un gros projet arrive aussi. Il fait partie du plan “Marseille en grand”, c’est Odysseo, qui porte sur ces sujets de la sensibilisation des populations et l’enjeu de la formation. La question climatique est prise à bras le corps. Je suis assez confiante.
Vous êtes également en charge de la feuille de route 2021-2026 de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence (CCIAMP). Ce rôle est-il complémentaire ou parallèle aux actions que vous portez en tant que directrice de la SEM ?
S.M : C’est tout à fait complémentaire. Je dirige une entreprise de ce territoire. Elle est plutôt d’une grande taille. À la Chambre de commerce, ce qui est formidable, c’est qu’on travaille tous ensemble, quelle que soit l’activité et la taille de l’entreprise. Donc on partage tous les mêmes enjeux. Le travail fait à la Chambre reflète la manière dont on bosse, nous membres élus, sur les sujets qui touchent nos entreprises locales. C’est très concret, et je suis très contente de pouvoir y contribuer.
Liens utiles :
> Les Eaux de Marseille : une nouvelle stratégie biodiversité en 2022
> Planète locale #29 sur BFM Marseille : SEM, sécheresse et Hagen Bauer
> Bouches-du-Rhône : les conséquences d’une sécheresse qui n’en finit pas
> Sécheresse et incendies : Ecosia veut aider à replanter les forêts françaises