Cela fait un an que la pandémie de Covid-19 sévit en France et son impact sur l’économie nationale et locale est sans précédent. Dans son enquête de conjoncture présentée le 25 février à la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine d’Aix-Marseille Provence (CCIAMP), la Banque de France dresse un bilan très noir sur l’année écoulée (voir le document source en dernière page). Les services marchands ont perdu 11% de leur activité, l’industrie recule de 7,4% et la construction de 9,3%. Selon les estimations de la CCI, la perte de chiffre d’affaires pour le seul département des Bouches-du-Rhône s’élève à 18 milliards d’euros en 2020. « Cette crise est sans précédent avec des conséquences bien plus importantes que la crise financière de 2008 », prévient Jean-Christophe Ehrhardt, le directeur régional de la Banque de France. Pour autant, il souligne la « résilience » du tissu économique et assure qu’il dispose d’une « belle capacité de rebond ».
Les chefs d’entreprises rechignent toujours à investir
Pour les services, la Banque de France mise sur une croissance du chiffre d’affaires de 7,3% en 2021 dont une grosse partie à l’export. L’emploi devrait repartir également à la hausse (+1%) compensant la baisse de 1,3% de 2020. Par contre, les investissements continueraient de baisser de 15% après déjà une forte chute de 35% l’an dernier.
Côté industrie, la situation devrait se redresser un peu plus avec une hausse de 6,2% de l’activité attendue cette année. L’emploi, qui est resté stable malgré la crise, garde son cap. Mais les investissements repartent sensiblement à la hausse avec + 7,5% « principalement sur des opérations de maintenance », précise la Banque de France.
Enfin, les prévisions sont également optimistes pour le secteur de la construction avec une progression de 5,1% du chiffre en 2021 et un retour à la stabilité pour l’emploi qui a souffert l’an dernier. Par contre, « le contexte encore incertain » pousse les entreprises à réduire encore leurs dépenses d’investissements de près de 3%.
Après les aides de l’Etat, le danger du mur de la dette
Selon la Banque de France, la situation aurait été bien pire sans l’intervention de l’Etat et de l’Europe. « Le recours massif à l’activité partielle a notamment permis de préserver les compétences », indique Jean-Christophe Ehrhardt. Il anticipe cependant une forte hausse du chômage pour l’année à venir avec des prévisions à 10,7% en 2021 contre 8,5% l’an dernier. Le taux devrait ensuite refluer à 9,5% en 2022 puis 8,9% en 2023.
Les prêts garantis par l’Etat (PGE) ont également permis aux entreprises de préserver leur trésorerie pour le moment. Dans la région Sud, les banques ont accordé pour 10,8 milliards d’euros de PGE aux sociétés. Le directeur régional de la Banque de France prévient sur le danger du « mur de la dette » pour les entreprises. A ses côtés, le vice-président de la CCI Maurice Wolf souhaite alerter l’Etat sur ce sujet : « On va avoir un enjeu très important sur les fonds propres. Si le gouvernement enlève toutes les aides d’un coup, les PME vont se retrouver au tapis », prévient-il.