Dix mois après son lancement en janvier 2023, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) Provence Corse a tenu sa cérémonie de clôture de sa première saison, vendredi 27 octobre, au Village club soleil de la Belle de mai, à Marseille (3e). Au terme de plusieurs mois d’ateliers, 56 feuilles de route ont été élaborées, contre 66 entreprises participantes au départ. « Notre territoire est représentatif du réchauffement climatique. Nous avons créé une antenne de la CEC sur le territoire car on sentait un engouement des chefs d’entreprise locaux. Il y a une vraie capacité à se mobiliser », explique Olivier Bret, coordinateur de la CEC Provence Corse.
Comment éviter l’écueil du greenwashing, qui consiste à faire de l’environnement un argument marketing ? Eric Duverger, ancien de l’usine Michelin et fondateur de la CEC au niveau national, met en avant plusieurs arguments, à commencer par le coût de la formation : 15 000 euros, cependant défiscalisables. Ce n’est pas tout : « On demande au chef d’entreprise de mettre à disposition son bien le plus précieux : son temps. » « Nous ne sommes pas là pour montrer du doigt les entreprises, mais pour les prendre par la main », ajoute pour sa part Olivier Bret. La Convention des entreprises pour le climat compte également sur un effet “boule de neige” : réunis en groupes pour les ateliers, les chefs d’entreprises s’encouragent mutuellement.
Ce vendredi, c’est sous les applaudissements et les “ola” de leurs camarades de la CEC que sept entreprises ont pitché cette nouvelle trajectoire écologique dans laquelle elles s’engagent : Clarke Energy, EDF Corse, Bleu Tomate, Citimotion, Fatec ou encore Actemis et Pulpe de vie.
Lien utile : [Climat] Haribo, Onet, Snef… 66 entreprises vont revoir leur modèle
Décarbonation dans l’entreprise : « On s’est pris une grosse claque »
Le défi n’était pas évident, reconnaît ainsi Ludovic Piquand, président du groupe Actemis Manutention (Vitrolles), qui fait son mea culpa. « En louant des machines de chantier qui fonctionnent au diesel, on est au cœur du problème. A l’issue de la première session de la CEC, on s’est pris une grosse claque », confie-t-il. Passé le temps du constat, vient l’action : « Nous avons commencé par faire notre bilan carbone, équivalent à 4500 Français pour 150 personnes dans l’entreprises … Notre objectif est de réduire de moitié ce bilan à l’horizon 2030. Nous nous engageons également à doubler la vie de nos machines », poursuit Ludovic Piquand.
Du côté du secteur de l’énergie, la désillusion a aussi vite laissé place à un plan d’action stratégique : « Le plus difficile, ça a été de se rendre compte à quel point nous n’étions pas exemplaire par rapport à d’autres entreprises participantes à la CEC. On a réalisé que les actions nécessaires étaient beaucoup plus disruptives que ce que nous avions envisagé » relate Jacques Soulayrac, directeur général adjoint de l’entreprise Clarke Energy France (Bouc-Bel-Air). Pour remédier à la situation, Clarke Energy s’engage à privilégier au maximum les gaz vert, en France comme en Afrique, où l’entreprise est présente. Le fournisseur d’énergie se dit même prêt à refuser des ventes, bien que profitables, si elles n’entrent pas dans les objectifs de la feuille de route.
Pour les entreprises qui affichent déjà un modèle vertueux, l’objectif est d’aller encore plus loin, comme l’explique à son tour Julie Ducret, fondatrice de la marque de cosmétique Pulpe de vie, qui s’est lancé le défi d’entraîner le monde de la grande distribution vers la décarbonation. En effet, la marque collabore depuis plusieurs mois avec l’enseigne Lidl. La cheffe d’entreprise a réussi à convaincre le géant du discount de la laisser récupérer les fruits et légumes invendus pour les intégrer à la composition des cosmétiques de Pulpe de vie. L’entreprise marseillaise souhaite enfin aller plus loin dans l’utilisation de fruits et légumes en agroforesterie et d’utiliser un maximum de co-déchets.
La convention des entreprises pour le climat reviendra l’an prochain. Afin de mieux représenter le territoire, la CEC Provence Corse change de nom pour s’appeler CEC Provence Méditerranée. Pas moins de 80 entreprises sont d’ores et déjà attendues.
Document source : le dossier de presse de la Convention des entreprises pour le climat
Liens utiles :
> Le site de la CEC
> Climat : « la transition ne se fera pas sans les entreprises » (Mélanie Jeanneret)
> La marque de cosmétiques bio Pulpe de vie (Marseille) lève 1,7 million d’euros
> Notre chronique environnement