C’est un flou qui n’est malheureusement pas artistique. Depuis l’annonce par Emmanuel Macron lundi 13 avril sur la non tenue d’événements culturels avant la mi-juillet, les organisateurs de festival, qui conservaient encore une lueur d’espoir, sont désormais contraints de revoir leur organisation.
Depuis l’allocution présidentielle, les annulations tombent en cascade, à commencer par le festival d’Avignon … En effet, dans la foulée des annonces, la direction a informé de l’annulation du festival. «Les conditions ne sont plus aujourd’hui réunies pour que se déroule la 74e édition qui devait se tenir du 3 au 23 juillet 2020», explique laconiquement un communiqué publié sur leur site. Une décision lourde à prendre, qui engendre des pertes financières importantes : en effet, chaque année, le festival d’Avignon génère 25 millions d’euros de retombées économiques … De son côté, le festival musical marseillais Marsatac, qui se tient généralement en juin, donne rendez-vous aux festivaliers en 2021. Le doute plane cependant toujours sur les modalités de remboursement des spectateurs porteurs d’un billet. La direction du festival a déclaré dans un communiqué revenir très bientôt vers eux.
Il en va de même pour les Chorégies d’Orange, dont l’annulation a été officialisée par un communiqué du 15 avril de Renaud Muselier, président de la Région Sud, en tant que président de la Société Publique des Chorégies d’Orange, et Jean-Louis Grinda, directeur artistique de la manifestation. Les spectateurs se verront proposer un remboursement ou la possibilité de conserver leur réservation pour 2021. Dans un communiqué diffusé le 9 avril sur Twitter, le président de Région Renaud Muselier avait interpellé justement le ministre de la Culture sur la tenue des festivals en cette période de crise sanitaire.
Les festivals, les artistes et les techniciens font la richesse culturelle de @MaRegionSud. La saison s’ouvre dans un climat d’incertitude majeure pour tous !
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) April 9, 2020
Nous devons maintenant trancher. Avec @cestrosi, nous recommandons à @franckriester de le faire avant le 30 avril. pic.twitter.com/CN2vzhFvRS
Festival des cinq continents : plusieurs hypothèses
Quid des autres festivals ? Pour l’heure, la plupart n’ont pas encore précisé les modalités des reports ou annulation. C’est le cas pour le festival Jazz des Cinq Continents, qui devait se dérouler du 9 au 25 juillet, à cheval sur la date donnée par le président de la République pour la reprise des événements. Le président du festival, Hugues Kieffer, envisage trois scénarii, bien qu’aucune décision officielle n’ait pour l’heure été prise : « soit le festival sera maintenu dans son intégralité, sauf pour la partie entre le 9 et le 15 juillet ; soit il sera annulé. Enfin, la troisième option consisterait à essayer d’adapter les spectacles sous des formats différents».
Idem du côté d’Arles, où la semaine d’ouverture des Rencontres de la photographie était prévue du 29 juin au 5 juillet. Pour l’instant, « les Rencontres poursuivent l’étude de toutes les hypothèses du report mi-juillet ou début août », déclare la direction de la manifestation à Gomet’.
Delta Festival reporté fin septembre
Refusant d’abandonner leurs fêtards, d’autres festivals ont clairement annoncé leur report. C’est le cas du Delta Festival, qui a communiqué de nouvelles dates pour son édition 2020 ce mercredi 15 avril. Le festival devrait se dérouler les 25, 26 et 27 septembre 2020.
Les organisateurs du festival de la BD d’Aix-en-Provence confiait à Gomet’ samedi 11 avril être eux aussi dans l’incertitude concernant le maintien de certains événements, même si de nombreuses alternatives ludiques sont proposées sur leur site pour faire patienter leur public.
Enfin, la biennale d’art européenne Manifesta 13, qui avait déjà annoncé son report le 23 mars dernier, a confirmé ce report, et de nouvelles dates devraient être communiquées d’ici fin avril. En attendant, la biennale propose des alternatives sur son site : découvrir les coulisses de la 13ème édition à travers une série de podcasts et de vidéos. Ainsi, le Tiers programme, volet de la biennale axé sur l’éducation, est reconverti en podcast, de même que le programme Traits d’union.s, retransmis par Radio Grenouille. La biennale met également à disposition ses archives invisibles, cycle d’expositions autour d’archives collectées auprès d’associations marseillaises et mises en scène par un ou plusieurs artistes.
Les lieux culturels contraints à la fermeture pure et simple
Les festivals ne sont pas les seuls impactés par l’annonce d’Emmanuel Macron. En effet, tous les lieux propices aux rassemblements autour de la culture sont fermés jusqu’à nouvel ordre. La Friche de la Belle de mai, à Marseille, ainsi que le Pavillon Noir à Aix-en-Provence, qui ont été contraints de fermer leurs locaux au public depuis la mi-mars. Concernant le Pavillon Noir, les billets seront remboursés ou reportés sur un spectacle de la saison prochaine, mais la direction laisse le choix aux spectateurs de soutenir l’équipe du ballet Prejlocaj en faisant don de ses billets.
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