Haro sur le projet Segro à Marseille. Les évolutions de l’économie continuent de s’entrechoquer sur le territoire où de nombreuses tensions persistent pour faire accepter les projets auprès de la population.
Deux secteurs sont particulièrement concernés par les controverses. D’un côté, le numérique avec le développement des centres de données (data center) nécessaire à l’explosion de la consommation et des usages liés notamment à l’intelligence artificielle, de l’autre la logistique avec les changements de modes de vie et le développement de la livraison. Les deux secteurs investissent beaucoup et cherchent des zones d’atterrissage qui ne plaisent pas toujours.
Une lettre au maire de Marseille
Le projet porté par le groupe britannique Segro Urban Logistics concentre les deux dimensions avec un projet de méga-plateforme logistique et un data center en bordure de l’A55, dans les quartiers nord de Marseille. Il fait face à l’opposition de plusieurs associations qui pointent une série d’impacts du projet. Les organisations France Nature Environnement 13, la Fédération des CIQ du 16e arrondissement et Cap au Nord ont adressé une lettre recommandée au maire de Marseille, avec copie au Préfet, dénonçant l’absence de concertation publique préalable et donneront une conférence de presse à l’entrée du site de la zone Actisud mercredi matin.
Elles dénoncent plusieurs vices dans le projet Segro : « une promesse d’emplois négligeable face aux nuisances générées, une incompatibilité avec le réseau de chaleur urbaine pour le refroidissement du data center, une augmentation massive du trafic de poids-lourds, en contradiction avec les projets de mobilité durable comme l’extension nord du tramway T3, une pression supplémentaire sur les infrastructures électriques, déjà saturées par les data centers de Digital Realty, un projet en déconnexion avec les besoins du territoire, alors qu’une alternative plus cohérente existait sur un autre site. »
Le projet Segro à Saint-André
Le projet est localisé sur le site industriel d’Actisud, sur une plateforme anciennement occupée par le stockage de conteneurs, située dans le 16e arrondissement de Marseille. Il s’inscrit entre le quartier résidentiel Saint-André, le chemin du Littoral (RD5) et l’A55. Le projet mixte du nouveau centre d’hébergement de données (datacenter) et de l’entrepôt multi-étagé englobe :
. la construction d’un bâtiment principal de 23 325 m2 sur deux niveaux autour d’un patio, pour accueillir des bureaux, des salles informatiques et des locaux techniques associés ; ainsi qu’un bâtiment annexe, situé à l’arrière du datacenter, abritant le poste de transformation électrique du site ;
. la construction d’un entrepôt de 37 509 m2 sur trois niveaux : les marchandises entreposées seront des produits manufacturés de l’industrie ou de la grande distribution ;
. la construction d’un parking silo de cinq niveaux pouvant accueillir 289 véhicules ;
. l’implantation d’un local dédié à la machinerie, d’une aire de dépotage et dix cuves de fioul enterrées de 80m3 ;
. l’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture des bureaux du data-center ;
. l’aménagement d’espaces paysagers.
(Source : Avis délibéré MRAE du 13 juin 2024)
Un moratoire demandé sur toute nouvelle plateforme logistique
Pour les opposants, le projet menace directement la qualité de vie des habitants et l’équilibre environnemental de la zone. Comme pour La Valentine, où une mobilisation citoyenne a conduit à l’abandon du projet, ils appellent à une régulation et une planification du développement des infrastructures logistiques et numériques. Ils demandent l’organisation d’une véritable réunion publique avant la fin du mois de février et un report de 15 jours de la clôture de l’enquête publique. Enfin, ils appellent à un moratoire sur toute nouvelle plate-forme logistique à Marseille tant que n’existera pas un vrai schéma de la logistique urbaine et une connexion des plateformes au réseau ferroviaire.
En juin dernier, la Mission régionale de l’autorité de l’environnement, saisie par le préfet, avait souligné la nécessité d’améliorer le dossier Segro en émettant une série de recommandations, dont « la présentation des options choisies afin de valoriser la chaleur fatale du centre de données conformément aux obligations légales et réglementaires. »
Liens utiles :
Le projet Segro Marseille sur le site de l’opérateur
L’étude de la Mission régionale de l’autorité de l’environnement sur le projet Segro Urban Logistics (juin 2024)
Le site de l’enquête publique