Après trois grèves des éboueurs en l’espace de cinq mois, plusieurs élus écologistes membres de la majorité municipale (voir en signature) alertent sur la gestion des déchets dans la deuxième ville de France. Ils appellent dans cette tribune (*) à des assises citoyennes de la propreté.
Pour en finir avec l’incurie de la gestion des déchets à Marseille : vers des Assises citoyennes
Marseille a vécu les fêtes de fin d’année sous les détritus et commencé l’année sous un amoncellement de déchets. C’était la troisième fois qu’un mouvement de grève des éboueurs et l’incurie de la métropole Aix-Marseille-Provence à mener des négociations, et trouver une issue au conflit, plongeaient notre ville dans une situation de crise aux dimensions sanitaires et écologiques inquiétantes.
En octobre dernier, alors que les poubelles s’amoncelaient déjà dans la ville, l’équivalent de plusieurs mois de précipitations s’est abattu sur Marseille, charriant sur les plages et dans la mer des tonnes de déchets, provoquant ainsi des dégâts irréversibles sur l’environnement, propres à un « écocide ». Nous savons que la Méditerranée, notre jardin commun, se meurt sous l’effet des pollutions.
En ce début du mois de février, la décision prise par le maire de Marseille dérogatoire au droit et contraire aux compétences attribuées aux collectivités – la gestion des déchets relève de la Métropole, obéissait à un état de nécessité. Cette décision ponctuelle, que nous avons soutenue, ne saurait régler sur le long terme la situation.
Une culture citoyenne éco-responsable émerge et s’affirme. C’est un atout et une richesse.
Alors qu’un accord signé permet la reprise du ramassage des poubelles, une mobilisation citoyenne, à l’initiative de plusieurs associations, s’organise: des citoyens marseillais consacrent une partie de leur dimanche à ramasser détritus et déchets qui salissent et détériorent le littoral. Une culture citoyenne éco-responsable émerge et s’affirme. C’est un atout et une richesse.
La crise que nous venons de vivre n’est pas réglée.
La propreté, c’est une forme d’organisation des rapports sociaux. C’est un système de relations entre la puissance publique et ses agents, et la population, qui pèse autant que les changements sociaux et techniques (massification de la consommation et conteneurisation de la collecte) et les évolutions économiques (externalisation, privatisation). Sur notre territoire, la propreté, c’est une sphère d’interdépendance entre les sphères syndicales et politiques. Ce n’est pas propre à un bord politique. Rappelons que la droite n’a pas toujours présidé la métropole, et la situation n’était guère brillante. Disons aussi que ce qui est en jeu ne se limite pas non plus aux conditions de travail des éboueurs: le « fini-parti » est courant ailleurs en France.
Les déchets, c’est ce que notre mode vie produit. Sur le territoire métropolitain les ordures ménagères résiduelles représentent 370kg par an et par personne, c’est-à-dire 40% de plus que la moyenne nationale. Une partie des sites d’enfouissement arrive à saturation, le centre d’incinération, situé à Fos, aggrave les problématiques de pollutions dans une zone déjà affectée par la pétrochimie. Le recyclage est le parent pauvre. Nous valorisons deux fois moins qu’ailleurs nos déchets.
Prendre à bras le corps la gestion des déchets doit nous conduire à repenser la question de la propreté, avec comme horizon la construction d’une ville propre, en bonne santé.
Nous devons mettre en place une politique de réduction de nos déchets ambitieuse
Nous devons lutter contre les dépôts de déchets sur la voie publique, améliorer l’équipement de tri et valoriser les déchets organiques par le compostage. Les déchets organiques représentent un tiers de nos déchets.
Nous devons mettre en place une politique de réduction de nos déchets ambitieuse à la fois par des mesures incitatives, comme par exemple une tarification incitative, et aussi par le développement d’une politique « zéro déchet ».
Ces objectifs sont aujourd’hui partagés par la population. Nous disposons à Marseille, qui plus est, d’un écosystème associatif et entrepreneurial dense dans l’économie circulaire, prêt à accompagner une politique volontariste écologique des déchets.
Nous appelons de nos voeux, en choeur avec les associations de défense de l’environnement, à la convocation d’assises citoyennes de la propreté dans notre ville qui réunissent les acteurs institutionnels et les représentants des personnels mais aussi les associations, les collectifs, les habitants.
Fabien Perez, président du groupe écologiste et citoyen, conseiller municipal délégué aux financements européens
Aïcha Sif, adjointe au maire en charge de l’agriculture urbaine, de l’alimentation durable,
de la préservation des terres agricoles, des relais natures et des fermes pédagogiques
Sébastien Barles, adjoint au maire en charge de la transition écologique, de la lutte et de l’adaptation au bouleversement climatique
et de l’assemblée citoyenne du futur
Théo Challande Névoret, adjoint au maire en charge de la démocratie locale, de la lutte contre les discriminations,
de la promotion des budgets participatifs et du service civique
Hervé Menchon, adjoint au maire en charge de la biodiversité marine, de la gestion, préservation
et aménagement des espaces marins littoraux insulaires et des équipements balnéaires, nu nautisme,
de la voile et de la plongée, du développement de la tradition de la mer et du large
Nouriati Djembae, conseillère municipale en charge de l’accès aux droits et des Écoles de la deuxième chance
Aïcha Guedjali, conseillère municipale déléguée à la lutte contre l’habitat insalubre et les nuisibles
Zoubida Meguenni, conseillère municipale déléguée à la prévention des conduites à risques chez les jeunes et à la médiation sociale
Lydia Frentzel, conseillère municipale déléguée à l’animal dans la ville
Liens utiles :
Le compte Twitter du groupe EELV Marseille
Le témoignage de Maxime, éboueur à Marseille : « Au début, j’étais irréprochable… »
Gestion des déchets : Marseille veut « reprendre les clés » à la Métropole
La collecte des déchets à Marseille passée au crible par la Chambre régionale des comptes
(*) Gomet’, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.