Quel est l’intérêt pour un opérateur de recourir au crowdfunding, alors que le crédit n’a jamais été aussi bon marché ?
Julien Hostache : Il y a toujours un décalage entre le temps bancaire et le temps du projet. Notre atout est la rapidité. : nous avons pu lever 2,4 millions€ en 28 minutes par exemple. Nous avons une communauté de 23 000 clients épargnants qui nous font confiance et qui sont très réactifs. Le crowdlending va très vite sur des projets modestes.
Quel est le profil de l’investisseur Enerfip ?
Julien Hostache : C’est heureusement impossible de répondre directement à la question, nous nous adressons à tout le monde, les versements vont de 10 € à une dizaine de milliers d’euros. En moyenne, l’investisseur est plutôt un homme de 45 ans qui investit 1 600 € par levée. Mais le niveau médian qui partage notre clientèle en deux est à 500 €. Il y a des variations significatives. Les riverains d’un projet, jouant le circuit court, verseront plus de 4 000 € chacun !
Quels sont les arguments qui déclenchent une levée de fonds ?
Julien Hostache : C’est d’abord l’image de l’emprunteur. Historiquement nous sommes partenaire d’Engie ou Total Quadran et la marque rassure. C’est plus simple qu’avec un opérateur nouveau ou peu connu. Le second argument c’est le niveau de rendement. Enerfip propose au public de placer son épargne à partir de 10 € et sans frais dans des projets EnR, d’énergies renouvelables des territoires, sous forme de prêts, de minibons et de prises de participation. Les taux d’intérêt annuels vont de 4 à 8% sur des durées de 2 à 5 ans. Enfin, nous venons de le voir, la proximité joue un rôle, mais avec une bonne base d’investisseurs Enerfip déjà actifs sur le territoire. C’est une solution d’épargne performante avec un risque faible, nous n’avons eu de la casse que sur une opération sur 260, essentiellement pour des facteurs humains.
Vous opérez en crédit, l’equity, la levée de capital pour les projets est-elle plus difficile ?
Julien Hostache : Nous sommes actifs sur l’actionnariat depuis trois ans et demi. Et nous avons levé 8 millions d’euros en action. L’equity demande une organisation spécifique. Nous créons une société citoyenne pour regrouper nos investisseurs et nous prenons alors 40 % du capital. Nous avons créé un outil de gouvernance avec une plateforme numérique permettant les votes électroniques à distance.
Le solaire urbain a de l’avenir, il faut faire monter les acteurs en compétence.
Julien Hostache
Le solaire semble préférer les campagnes plutôt que les villes ou les métropoles. Pourquoi le solaire urbain ne se développe-t-il pas ?
Julien Hostache : C’est plus complexe de monter un projet dans un univers urbain. L’Architecte des bâtiments de France, l’ABF, n’est en général pas un ami du photovoltaïque, même s’il accepte des projets qui défigurent plus qu’un toit solaire sur un gymnase ! Pourtant nous sommes persuadés que nous allons y arriver et cela se doublerait d’un intérêt supplémentaire : on produira de l’énergie plus près du consommateur. Le solaire urbain a de l’avenir, il faut faire monter les acteurs, les décideurs en compétence.
Lien utile :
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(1) Le crowdfunding pour les ENR, les énergies renouvelables, est porté par des plateformes spécialisées comme Lumo depuis 2012, Enerfip et Lendosphère depuis 2014, Akuocoop filiale d’Akuo Energy depuis 2017, soit par des plateformes généralistes comme Lendopolis ou Wiseed.
(2) Enerfip est agréée CIP, Conseiller en investissements participatifs et IFP, Intermédiaire en financement participatif, par l’Autorité des marchés financiers.