Soleil du Sud a été créée il y a 15 ans par Joël Oros à Rocbaron (Var) et est devenue société à mission en 2022, confirmant son engagement d’origine : « mettre en œuvre des solutions photovoltaïques durables ». Gomet’ s’est entretenu avec son dirigeant fondateur, à propos de son entreprise et son parcours, de la société à mission, de l’emploi et son engagement à l’Union Patronale du Var, dont il est vice-président, ainsi qu’à Odalia Santé (médecine du travail) qu’il préside.
Un parcours d’ingénieur en grand groupe au créateur d’entreprise engagé
Joël Oros a passé 20 ans chez Vinci Energies dont il a été le patron régional, avec une équipe de 500 électriciens. Après des études d’ingénieur à Polytech, son premier job de jeune ingénieur a été chez Degréane (groupe Vinci) à Toulon, dont il est devenu dirigeant en 10 ans, grâce aux opportunités de développement et formations offertes par le métier et le groupe. Suite à une divergence de vue stratégique, il part et créé Soleil du Sud à Rocbaron en 2009, au démarrage de la filière solaire, avec l’idée d’appliquer localement sur le métier du photovoltaïque, ce qu’il avait appris à faire techniquement et managerialement chez Vinci, en gommant les défauts du grand groupe et en misant sur la proximité et la réactivité.
Les débuts n’ont pas été simples car dès le 1er anniversaire de la création en 2010, le secteur de l’énergie a connu une forte crise, avec un moratoire de l’Etat et de nouvelles règles de facturation qui ont grippé le marché. Déjà fidèle à son optique de « durabilité, même et surtout quand ça va mal » Joël Oros n’a pas licencié et a conservé son équipe, prête au redémarrage du marché, qui est ensuite redevenu porteur, comme il l’est à ce jour. Il met un point d’honneur à ce que son entreprise dépende surtout de ce qu’elle maîtrise et non de l’extérieur et ses aléas, surtout sur le secteur de l’énergie à la fois volatile et administré (par la Commission de Régulation de l’Energie notamment), et qu’elle ne compte pas sur des aides d’Etat, dont elle “n’a pas bénéficié, même en période de crise sanitaire“.
Aujourd’hui, le producteur varois d’électricité photovoltaïque Soleil du Sud a 15 ans et Joël Oros 62 ans, « l’âge où mes petits enfants comptent plus que mes comptes en banque ». Il est donc attentif à son bilan carbone personnel et vise 3,5 tonnes par an, sans perdre totalement la qualité du confort à l’occidentale. (Selon le ministère de la transition écologique, le bilan carbone moyen d’un Français dépasse neuf tonnes CO2 équivalent en 2022). « Nous nous offrons un voyage en Europe une année sur deux et dans le monde une année sur cinq et roulons en véhicule électrique depuis huit ans, chargé à l’énergie photovoltaïque bien sûr ».
L’entreprise Soleil du Sud aujourd’hui
« Le métier et nous-mêmes, nous sommes fortement développés ». Avec 100 centrales photovoltaïques détenues en propre et 60 chez des tiers, Soleil du Sud est le seul producteur d’électricité varois privé. Il intervient en toiture ou sur ombrière et non pas au sol, que ce soit pour ses centrales ou celles installées pour les tiers. « Toute structure peut supporter une installation, si nécessaire nous la renforçons, en assurant nous même la charpente et la soudure métal ».
Le rayon d’action au départ local dans le Var devient régional, avec des installations dans les Bouches-du-Rhône, comme Aubagne et Marseille (à la Madrague Ville par exemple) et les Alpes, avec la promesse d’intervenir en une heure sur toutes les centrales. L’engagement pris envers le client est la disponibilité opérationnelle à 99 % des centrales, avec la qualité en premier objectif, et une durée de vie attendue des installations de 40 à 60 ans.
L’activité de la société représente 17 M€ de CA à ce jour. 70 % proviennent de ses propres centrales dont l’énergie est vendue à EDF, 15 % de centrales installées chez les particuliers et 15 % chez des professionnels, comme par exemple l’Intermarché de Gonfaron, le centre commercial de La Garde, ou des bâtiments publics comme des écoles, la Dreal… On constate actuellement un emballement de la demande du segment B2B industriel et du segment grande toiture (de 1 000 à 30 000 m2). Chez les particuliers, le parc devrait passer de 200 centrales en 2023 à 300 en 2024. Une centrale pour un particulier coûte entre 10 et 20 milliers d’euros, tandis qu’une centrale pour un professionnel pèse entre 100 000 € et 1 million d’euros, et Soleil du Sud en installe environ 30 par an.
Le capital est détenu essentiellement par le fondateur, minoritairement par l’associé à l’origine de l’idée de création et par Sofipaca, l’opérateur en fonds propres de la caisse régionale du Crédit Agricole qui a investi à plusieurs reprises. Toujours installée à Rocbaron, l’entreprise investit actuellement dans de nouveaux locaux, une ancienne concession automobile sur 6000 m2 de terrain avec 1600 m2 de nouveau bâti, équipés de telle sorte que le bilan énergétique soit positif et l’eau de pluie recueillie.
Une mission déclinée en 10 engagements forts
Soleil du Sud et son fondateur expriment depuis l’origine un engagement fort de durabilité et de confiance et ont adopté officiellement cette raison d’être : « mettre en œuvre des solutions photovoltaïques durables ».
Cela a du sens sur un marché où tous les opérateurs n’ont pas une réputation infaillible, c’est un euphémisme (de nombreux abus sont signalés sur ce métier, par exemple à propos d’entreprises abusant des consommateurs et des aides publiques dans leurs devis ou d’approvisionnements de Chine camouflés). Afin que sa mission ne soit plus mise en doute, un peu comme « quand vous êtes ISO 9001 personne ne le remet en question », la décision stratégique a été prise de l’officialiser dans les statuts et ainsi devenir entreprise à mission en 2022. Cette mission de durabilité se décline dans la compétence, la qualité et les relations, en 10 marqueurs forts, écrits et suivis, comme :
- La sous-traitance est interdite au sein de Soleil du Sud dans son métier.
- Les panneaux photovoltaïques installés par Soleil du Sud sont français à 90 %. Le prescripteur peut imposer l’origine française ou autre de ses panneaux. Mais parfois, même des appels d’offres publics d’Etat aboutissent à la commande de panneaux chinois, à la demande du donneur d’ordre, regrette Joël Oros.
- 3 fournisseurs maximum par nature de bien ou service acheté sont retenus par la société. C’est un engagement de durabilité envers les fournisseurs. Soleil du Sud a par exemple 3 banques. Les prix ne sont pas marchandés en plusieurs étapes, les premiers devis doivent être justes et la porte n’est pas ouverte tant qu’il n’y a pas d’insatisfaction. Les fournisseurs sont souvent prescripteurs.
- Soleil du Sud nourrit ses collaborateurs, au moyen d’un potager d’entreprise, puis un 2ème dans le nouveau site, avec 1 maraîcher salarié et bientôt 2 collaborateurs dédiés, comme une AMAP interne. Première entreprise varoise à avoir créé un potager d’entreprise qui fournit chaque semaine ses collaborateurs en produits bio issus de la permaculture, son projet a également permis de lancer le site pilote de la société Potagers&Compagnie, Le Val (Var).
- Soleil du Sud a fait le bilan carbone en 2021 et il est déjà bénéficiaire (grâce à l’énergie propre produite). Une contrainte forte a été posée sur ce thème à hauteur de 1 tonne de CO2 pour le dirigeant par an à titre professionnel, ce qui exclut les déplacements en avion.
- L’engagement de qualité et disponibilité des centrales a déjà été évoqué plus haut. Ceci se retrouve dans le matériel, l’installation, le suivi.
- Chaque collaborateur place la durabilité dans tout ce qu’il fait à chaque instant.
- L’engagement suivant concerne l’emploi.
L’emploi : directement en CDI
A Soleil du Sud, on embauche directement en CDI (contrat à durée indéterminée) sans période d’essai. Pourquoi ? Car non seulement ça ne sert à rien pour se prémunir d’un mauvais recrutement qui se révèlerait après la période, et surtout ce n’est ni correct ni possible de faire démissionner une personne pour venir s’installer à Rocbaron et y risquer l’aléa des mois de période d’essai. « Je préfère embaucher durablement, comme ma raison d’être générale de durabilité ».
L’effectif actuel est de 42 personnes, et à ce jour 12 postes sont à pourvoir. L’an passé Soleil du Sud a recruté 18 personnes et il y a eu deux départs. « Notre CA est lié à notre capacité à servir la demande donc le recrutement est clé pour nous, le cercle est vertueux, une personne opérationnelle crée de l’activité ». Le plan d’affaires est ainsi réalisé sous réserve de recrutement. La formation recherchée est l’électricité, la couverture et la charpente, puisqu’il s’agit d’installer des circuits d’énergie sur les toits. Depuis trois quatre ans l’entreprise crée un vivier et forme en interne en compagnonnage ; France Travail joue également, ainsi que le Centre de Formation des Apprentis en Bâtiment de Brignoles.
Un engagement collectif local
Joël Oros est impliqué localement et porte des engagements syndicaux. Il est vice-président de l’Union Patronale du Var, en charge du secteur Brignoles Centre Var, et à ce titre président d’Odalia Santé, l’organisme de médecine du travail varois précédemment appelé AIMT83. Ceci le met en lien régulier avec l’E2C (école de la 2ème chance), la mission locale, et l’Opco des entreprises de proximité. Le syndicat de son secteur d’activité est Enerplan. Un attachement particulier est porté à la sécurité des personnels.
Joël Oros avait déclaré, lors de sa nomination à la présidence d’Odalia : “Au cœur de la santé au travail auprès des entreprises, avec nos 250 salariés, nos 57 médecins, nos 43 infirmières et infirmiers, depuis nos 20 implantations, un maillage essentiel pour couvrir les besoins de 30 000 adhérents et 230 000 salariés, nous devons remplir nos missions « régaliennes » de délivrance d’un suivi médical de qualité à tous ces salariés, faire de la prévention primaire en entreprise avec nos équipes pluridisciplinaires afin de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour limiter ou supprimer toute cause d’accidents ou incapacité de travail, maintenir en emploi les travailleurs le plus longtemps et dans les meilleures conditions possibles ».
Selon lui, le Var est un relatif petit département, situé entre les deux grands départements 13 et 06, qui a développé une forte culture, mêlant indépendance et solidarité. Avec de tels engagements et une telle philosophie, Joël Oros et Soleil de Sud seront assurément invités aux 2e Rencontres de la finance verte et solidaire organisées par Gomet à Marseille le 22 novembre 2024, pour nous éclairer au Soleil du Sud durable !