Après Euromed 1 et 2, y’aura-t-il bientôt un Euromed 3 ? C’est tout cas ce que laissaient entendre en novembre dernier les propos de la secrétaire d’Etat à la Ville Sabrina Agresti-Roubache – qui a vu sa place confortée dans le nouveau gouvernement Attal, jeudi 8 février. Une telle extension aurait pour objectif d’accélérer la production de logement, dans un contexte de pénurie, mais aussi de traiter le centre-ville de Marseille, encore fragilisé par le transfert de la cité judiciaire.
Lors de ses vœux à la presse début janvier, le préfet de Région Christophe Mirmand évoquait plutôt, pour sa part, l’idée de faire sortir l’établissement public Euroméditerranée du périmètre de l’opération d’intérêt national. En réalité, la situation est plus complexe et son issue reste encore floue. A l’occasion d’une conférence de presse, la présidente du conseil d’administration d’Euroméditerranée précise les différents scenarii envisagés.
Marseille en grand : Sabrina Agresti-Roubache annonce une extension d’Euroméditerranée
Extension de l’opération d’intérêt national, extension du périmètre … ou les deux ?
« Il y a l’extension du périmètre d’Euroméditerranée, hypothèse dans laquelle Euroméditerranée agirait comme une société publique locale, par le biais de concessions. Ce peut être aussi une extension de l’opération d’intérêt national initialement déterminée en 1995, qui impliquerait davantage de moyens de l’Etat mais aussi des quatre collectivités membres d’Euroméditerranée (Région, Département, Métropole, Ville, ndlr). Mais tout cela n’est encore que supposition » détaille-t-elle ainsi. Actuellement, le périmètre d’action d’Euroméditerranée et celui de l’opération d’intérêt national sont les mêmes. Concrètement, le choix d’une extension de l’OIN pourrait aboutir à une extension sur d’autres sites hors du périmètre d’Euromediterranée, ce qui donnerait alors naissance à un Euromed 3.
Quelle que soit la nature de l’extension « elle aurait tout son sens au Nord de la ville » juge Laure-Agnès Caradec. En effet, rien n’est encore arrêté, selon l’élue marseillaise. Si les deux procédures promettent d’être longues et procédurales, le choix d’une extension de l’OIN implique donc davantage de démarches, notamment un passage devant le Conseil d’Etat. Ce n’est donc pas pour tout de suite, d’autant qu’une hypothèse n’exclut pas l’autre et que l’extension du périmètre pourrait très bien se coupler avec une extension de l’opération d’intérêt national.
Une filiale d’Euroméditerranée dédiée à la rénovation urbaine également envisagée
Pour complexifier davantage le tableau, une troisième variante est évoquée : la création d’une filiale d’Euroméditerranée, sorte d’outil complémentaire pour agir spécifiquement sur les projets de renouvellement urbain notamment dans le cadre de l’Agence nationale du renouvelle urbain (Anru). « Cela nécessiterait une structure spécifique, avec des moyens dédiés. Euroméditerranée ne s’occupe pas seulement de rénovation urbaine, mais a une stratégie globale d’aménagement ! », insiste Laure-Agnès Caradec.
En attendant les précisions, «il reste déjà beaucoup à faire pour préciser la fin d’Euromed 2 qui constitue encore dix ans de travail » tempère à ses côtés la directrice générale d’Euroméditerranée Aurélie Cousi. Elle cite notamment le renouveau de la zone dite “Sogaris” et du secteur du Canet, sur la partie est du futur parc. Une étape de revoyure avec l’Etat est en préparation pour définir un nouveau protocole financier pour ces nouvelles étapes de développement de l’offre de établissement public. En effet, les protocoles d’Euroméditerranée comprennent une clause de revoyure qui sera donc prochainement déclenchée. « Nous devons proposer une stratégie pour répondre à la crise du logement et une stratégie de développement économique. Nous allons proposer à notre gouvernance une programmation sur les secteurs dits « Sogaris » et le Canet qui nécessitera une revoyure de notre protocole. Nous pourrons ainsi mettre en place des opérations de type ZAC (zone à construire). Nous serons propriétaire du Canet dès cet été », détaille Aurélie Cousi.
Beaucoup de questionnements restent donc encore en suspens concernant cette extension, quelle qu’elle soit. Des précisions de Sabrina Agresti-Roubache ou du nouveau ministre du logement, Guillaume Kasbarian, pourront-elles prochainement éclairer les lanternes des acteurs du territoire ?
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