La participation de Marseille au programme européen des cent villes neutres pour le climat ressemble de plus en plus à un casse-tête financier. Depuis que la cité phocéenne a été retenue en avril dernier, parmi 377 villes candidates, pour intégrer ce dispositif de soutien à cent territoires modèles, la recherche de fonds, pilotée par l’adjoint Fabien Perez (EELV), bat son plein dans les rangs de la majorité municipale. L’objectif pour la Ville, et ses quelque 150 partenaires publics-privés, étant d’intégrer la seconde phase de la mission européenne, plus exigeante ; seules 30 villes y ont accès. Cette nouvelle vitrine, sur laquelle Bruxelles veut capitaliser, disposera d’un accès privilégié à des guichets européens supplémentaires. La short list sera connue dans les prochaines semaines.
Les services de la mairie explorent toutes les pistes pour rassembler un maximum de fonds, motivés par les exigences européennes. La Commission estime que sur huit ans, un territoire doit mobiliser 10 000 euros par habitant, de manière à réduire de 75% ses émissions de gaz à effet de serre. À Marseille, cet effort correspond à un montant global de neuf milliards d’euros. Pour suivre le rythme européen, la mairie doit donc monter un plan d’investissements conséquent, et multiplier rapidement les canaux de financements publics et privés. L’Europe contribuera elle aussi aux différents chantiers, « en fonction de leur pertinence et de leur crédibilité », nous expliquait Fabien Perez, en septembre dernier, avant de préciser : « il n’y a pas de plafond ».
Sébastien Barles (EELV) veut s’appuyer sur « les grands investisseurs et l’épargne citoyenne »
En ouverture de la séance du conseil municipal du 10 février dernier, Sébastien Barles (EELV), l’adjoint marseillais à la transition écologique, détaille les contours de la stratégie municipale sur ce dossier. « Il faut mobiliser l’ensemble des crédits publics et privés qui sont aujourd’hui à notre disposition. Un fonds de dotation va être mis en place pour pouvoir bénéficier d’aides de grands investisseurs. Nous souhaitons également nous appuyer sur l’épargne citoyenne via le crédit coopératif (…) J’ajoute qu’avec la Métropole, nous pourrions demain créer une coopérative de compensation carbone pour que nos grands industriels puissent compenser et financer des grands projets d’utilité social et environnemental sur notre ville ».
Du côté de l’opposition de centre-droit (groupe. Lionel Royer-Perreaut), le volet vert du budget primitif 2023, présenté par la majorité, fait grincer des dents. « Comment tendre vers une ville plus verte, plus écoresponsable, 100% décarbonée, en revoyant à la baisse des budgets comme celui de l’aménagement durable ? », s’interroge Isabelle Campagnola-Savon (Horizons). La triple conseillère municipale, métropolitaine et régionale revient également sur la levée de fonds imposée par la Commission européenne aux lauréats de son programme. « Elle se fera via des partenaires publics, mais aussi des partenaires privés (…) qu’il faudra convaincre autrement qu’en baissant de 400 000 euros le budget alloué à l’attractivité économique du territoire ».
Le contrat ville climatique sera voté en avril prochain
En début d’année 2022, à l’annonce de la candidature de Marseille au programme européen, la mairie mentionnait 17 projets phares, dont la réhabilitation de la moitié des bâtiments universitaires d’Aix-Marseille Université et la création de nouveaux récifs artificiels. Si la Ville et ses partenaires parviennent à capter une manne financière suffisante, le territoire marseillais pourrait même engager la construction d’un troisième métro, ou l’installation de nouvelles éoliennes flottantes. Le contrat de “ville climatique”, sorte de feuille de route comprenant le plan d’actions, et son reflet, le plan d’investissements, sera voté en avril prochain. Huit commissions thématiques, chacune pilotée par un adjoint au maire, travaillent ensemble sur ce document depuis septembre dernier, en lien étroit avec la nouvelle Assemblée citoyenne du futur, et un comité scientifique.
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