Depuis plus de six mois les professionnels l’immobilier organisé au sein la FNAIM, la Fédération nationale de l’immobilier ont décidé de s’impliquer dans les municipales en élaborant des propositions très opérationnelles issues de leur expérience pour améliorer ce qui est devenu une urgence absolue depuis les accidents de la rue d’Aubagne : l’habitat.
A l’occasion de la présentation du bilan de l’année 2019 et des tendances du marché de l’immobilier dans le département, le président Didier Bertrand insiste ce jeudi 16 janvier sur la rénovation du bâti existant avec un plan global qui prévoit la destruction des îlots dégradés pour laisser place à des écoquartiers, et encourager la mixité des usages : trop de surfaces sont inoccupées parce qu’elles sont uniquement dédiées soit au commerce, soit au bureau, soit à l’habitat alors que le quartier et la demande ont évolué. Les commerces par exemple exigent des surfaces plus vastes et l’existant pourrait devenir logement ou bureau.
Reconnaitre le statut du bailleur privé à vocation sociale dans l’ancien
Plus étonnant, malgré des demandes répétées, la Fnaim n’a pu obtenir que les collectivités territoriales livrent un inventaire de leur domaine existant pour y repérer des gisements de logements, de locaux d’activité ou bureaux dans des zones tendues. Il semble que cet inventaire, déjà demandé à Marseille Aménagement, devenue Soleam, soit hyper confidentiel, ou plus probablement inexistant, ce qui pose problème quand Marseille affiche 34 000 logements vacants dont on ne connaît pas l’usage exact.
La Fnaim met sur la table des propositions pour fluidifier le parcours résidentiel. On sait qu’à Marseille, la mobilité des ménages est insuffisante, faute d’offre adaptée. Le logement très social, souvent privé est dans un état insalubre, le logement social HLM est un refuge saturé avec une rotation insuffisante et l’accession à la propriété bloquée pour nombre de ménages. La Fnaim souhaite que l’on reconnaisse le statut du bailleur privé à vocation sociale qui n’existe pas dans l’ancien.
« On a laissé pourrir le centre-ville »
En cause selon Didier Bertrand le centre-ville. « On a laissé pourrir le centre-ville » dit-il, « on a tout fait pour le « neuf », mais en favorisant l’étalement urbain ». La Fnaim a relevé un budget métropolitain pour la rénovation urbaine voté de 42 millions € mais dont un seul million € a été dépensé… Depuis une année le centre a perdu toute son attractivité avec la menace de déclarations d’insalubrité ou d’arrêtés de péril imminent observe encore les professionnels.
La Fnaim remet en lumière la proposition qu’elle a faite avec l’autre syndicat professionnel l’Unis (Union des syndicats de l’immobilier) le 30 septembre dernier : la mise en place d’une procédure commune de prévention des risques avec la ville de Marseille plus utile que tous les contrôles exigés ou suggérées aux copropriétaires actuellement. Deux sociétés ont été sélectionnées : Socotec et Ax’eau, un audit technique a été défini avec une grille d’analyses précises qui doit permettre de connaître l’état de sécurité du bâti et de repérer les situations à risque imminent.
La centralisation de ces diagnostics ouvrirait la voie à une cartographie des immeubles selon l’état de leur bâti sur le territoire de la ville. La ville de Marseille compte 12 472 copropriétés dont 54 % ont été construites avant 1960 et 80 % de ce parc est administré par un syndic professionnel. Dans sa mission le syndic, professionnel ou bénévole, doit « assurer la pérennité de l’immeuble ». C.Q.F.D. D’où l’utilité de ce diagnostic qui représenterait un coût de 800 à 1 200 euros par immeuble.
« Nous continuons à prendre le problème à l’envers. On ravale 3 000 façades avec de l’argent public (financement du plan centre-ville confié à la Soleam qui couvre 50 % de la facture) mais on ne s’est pas assuré que les immeubles repeints sont structurellement solides »
Didier Bertrand, Fnaim