Vous avez pris le poste de déléguée régionale de la Société Générale sur la zone Paca-Corse-Languedoc il y a quelques mois. Vous connaissez bien la région car vous étiez déléguée adjointe ici de 2016 à 2018 avant de partir pour Lille pendant un peu plus de deux ans. Le métier et les besoins des clients sont-ils les mêmes dans le Nord et dans le Sud ?
I. M. : Pas tout à fait. La délégation Paca-Corse-Languedoc se distingue notamment par une typologie particulière de son tissu économique. De toute les délégations du pays, c’est celle qui a le plus grand nombre de clients professionnels : commerçants, artisans, indépendants, professions libérales… Et de loin. Dans le Nord de la France, ils sont moins nombreux et on travaille davantage avec des grandes et moyennes entreprises. Cette différence a été criante lors de l’octroi des prêts garantis par l’Etat (PGE). Dans le Sud, on a produit 1,5 milliard d’euros de PGE avec 9 000 demandes de clients professionnels contre seulement 3 900 dans le Nord sur une taille comparable. Et sur les entreprises plus importantes, on a accepté 1 700 PGE pour les entreprises du Sud, et à peine plus dans le Nord mais sur des tickets bien plus importants.
Un an après le lancement des prêts garantis par l’Etat, les entreprises ont-elles commencé à rembourser ?
I. M. : La très grande majorité de nos clients, environ 85%, ont finalement choisi de garder leur PGE et de l’amortir sur quatre ans. Et c’est très bien car c’est sécurisant comme approche. Je rappelle que le PGE consistait à créer de la trésorerie pour les entreprises qui n’avaient plus de chiffre d’affaires et finalement, la très grande partie de ces prêts n’a pas été consommée. On voit bien les dépôts de nos clients augmenter. Nous sommes venus en aide à des entreprises très fragilisées par la crise, le risque pouvait sembler important pour les banques. Mais aujourd’hui, il n’y a aucune défaillance sur le PGE. Si on regarde les résultats groupe de la Société Générale au premier trimestre 2021, ils sont en progression avec un résultat net en hausse grâce notamment à une charge du risque très faible.
Les prêts garantis par l’Etat ont-ils permis aux banques de redorer leur image auprès du grand public ?
Le Prêt garanti par l’Etat a démontré le rôle vital des banques dans le fonctionnement de l’économie.
Isabelle Martinon
I. M. : Avec les pouvoirs publics, nous avons tout même réussi à créer un produit de sauvetage des entreprises en trois semaines dans un contexte hyper tendu où nous-mêmes ne savions pas comment nous allions pouvoir ouvrir les agences. Le Prêt garanti par l’Etat a démontré le rôle vital des banques dans le fonctionnement de l’économie. Mais la crise sanitaire a aussi durablement changé notre façon d’imaginer le rôle du banquier. Elle a confirmé notre intuition qu’il faut davantage personnaliser les relations avec les clients et recourir aux technologies numériques pour répondre mieux et plus rapidement à leurs demandes.
Cela veut-il dire que la Société Générale va tendre vers le tout numérique ?
I. M. : Pas du tout. Je n’ai jamais crû au tout numérique. Les clients ont des besoins très différents. Certains vont être totalement satisfaits par les besoins de l’application, d’autres voudront conserver une relation physique avec leur banquier. Le rôle des agences doit tout de même évoluer. Il y a quatre ans, nous n’aurions pas pu imaginer avoir des agences réservées aux rendez-vous l’après-midi. Aujourd’hui, il y en a 80 sur les 260 que compte le réseau régional qui ont adopté ce fonctionnement. Il est particulièrement adapté aux populations dans les villes-moyennes ou dans certaines banlieues. Pour autant, ce n’est pas possible dans les grands centres-villes.
Liens utiles :
> [Nominations] Société Générale, Safer, UMF, AP-HM
> La Société Générale mise sur les pros
> Isabelle Martinon, directeur commercial, délégué adjoint de Société Générale Sud-Est
(*) Entretien réalisé le 30 juin 2021.