Epilogue dans cette troisième grève des éboueurs à Marseille. Après un ultime échange mercredi 2 février entre le vice-président métropolitain en charge du dossier Yves Moraine et le syndicat Force ouvrière (voir notre article), majoritaire dans la profession, ce dernier a accepté de reprendre la collecte des ordures à compter de ce jeudi 3 février au soir.
« Nous n’avons cédé sur aucun des points négociés lors des accords du 14 décembre dernier », se félicite Yves Moraine, à l’occasion d’une conférence de presse organisée dans la foulée des négociations, mercredi 2 février. Un accord qui avait permis la fin de la grève, à l’époque, mais n’avait pas été signé par FO.
Une révision indemnitaire lancée le 1er mars prochain
Concrètement, la décote du nombre légal d’heure, fixé à 1607 heures de travail par an, de 15% ne bouge pas, de même que les contrôles du temps de travail promis par la Métropole Aix Marseille Provence. Selon Yves Moraine, il n’est pas non plus question de prime quelconque pour harmoniser les salaires des éboueurs de Marseille avec ceux des autres communes. Concrètement, qu’est-ce qui a donc pu faire changer FO d’avis ?
De fait, la Métropole a dû faire des concessions : « Nous avons mis par écrit l’engagement d’organiser une révision indemnitaire tous les trois mois pour augmenter le pouvoir d’achat des éboueurs, en cette période d’inflation. Une première conférence sociale sera organisée le 1er mars 2022, avec un plancher de revalorisation à minimum 40 euros par mois », a annoncé Yves Moraine. S’ajoute à cela le maintien de la clause covid, déjà négociée en amont, qui permet aux agents de revêtir leur tenue de travail chez eux afin d’éviter les contacts et les risques de contamination au covid-19.
Les tournées seront également réorganisées au regard des nouveaux horaires : « Au lieu d’avoir deux heures et demi pour effectuer le ramassage de six rues, les éboueurs disposeront, par exemple, de sept heures », illustre Yves Moraine, qui précise toutefois que ces adaptations devront être fixées ultérieurement en concertation avec les comités techniques paritaires. Une réadaptation du temps de travail qui « signe la fin du fini-parti », se réjouit Yves Moraine.

Contrôle des arrêts de travail des éboueurs à Marseille : « Seulement si c’est hors norme »
Comme nous le soulignions dans nos précédentes synthèses, les grévistes sont relativement peu nombreux pour ce troisième épisode de grève : seulement 17 à ce jour, selon Yves Moraine. En revanche, nombre d’entre eux sont actuellement en arrêt maladie, 244 « malades et vulnérables », précise le vice-président, interrogé par Gomet’. Il admet « un nombre considérable d’arrêts maladies relevés peu avant Noël » et promet des contrôles médicaux en cas de suspicion d’abus. En l’occurrence, « le nombre d’agents actuellement en arrêt maladie n’est pas considéré comme hors norme, dans le contexte du covid-19 », conclut-il.
Benoît Payan maintient le ramassage organisé par la mairie
Le vice-président confirme « un retour à la normale sous huit jours ». D’ici là, la ville devrait être débarrassée des 3000 tonnes d’immondices qui jonchent les trottoirs. Le maire de Marseille Benoît Payan qui, face à la situation des derniers jours, avait mandaté des sociétés privées pour effectuer le ramassage des ordures, réagit dans un communiqué et dit « prendre acte de la reprise annoncée du ramassage des déchets par la Métropole ». Il annonce toutefois maintenir « la mobilisation extraordinaire des camions de ramassage et de nettoyage jusqu’au retour à la normale »

Pour l’heure, le syndicat Force Ouvrière, pourtant principal protagoniste dans cette affaire, n’a pas réagi publiquement aux annonces faites par la Métropole et la mairie. Contacté dans la soirée, le secrétaire général de Force Ouvrière Patrick Rué n’a pas donné suite à nos sollicitations.
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