Le bras de fer opposant Force ouvrière (FO) à la Métropole Aix Marseille Provence prend un tour judiciaire. Le syndicat majoritaire des agents métropolitains de la collecte, et quatorze personnels grévistes réquisitionnés ce week-end par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, ont déposé lundi matin un recours au tribunal administratif de Marseille. Les plaignants considèrent que la réquisition organisée par l’État est injustifiée. Mardi, en fin de matinée, le TA a rendu sa décision. L’arrêté de réquisition ayant pris fin la veille à 19 heures, « les conclusions tendant à la suspension de l’exécution de cet arrêté sont devenus sans objet », déclarent les juges (La Provence).
Cependant, dans son verdict, la justice condamne sur le fond les deux institutions attaquées, la Métropole et la préfecture de police. « Ni la préfète de police des Bouches-du-Rhône qui n’a pas produit de mémoire en défense ni la Métropole Aix-Marseille-Provence ne produisent aucun élément de nature à établir les risques avancés dans l’arrêté en litige en termes de sécurité sanitaire résultant de l’accumulation des ordures ménagères (…) », considère le parquet. L’État est en conséquence condamné à verser 1000 euros aux quatorze plaignants, ainsi qu’à FO au titre des frais judiciaires.
Sur demande de la Métropole, la préfecture de police annonçait vendredi l’obligation pour tous les agents de nettoyer les rues de Marseille. « Cette situation représente une menace pour la salubrité et la sécurité publique », déclarait dans un communiqué la préfète de police, Frédérique Camilleri, pour justifier cette mesure radicale. « Une réquisition au bout de 72 heures, c’est du jamais vu en France », s’insurgeait en retour Patrick Rué, délégué syndical FO, lundi matin devant les caméras de BFM Marseille, avant d’engager une procédure judiciaire.
La Métropole attaque FO en retour
La Métropole décide de riposter. L’institution a déposé mardi soir une seconde requête auprès de la préfète de police des Bouches-du-Rhône, afin de solliciter une nouvelle réquisition. Cette fois-ci, elle sera « étayée de nombreux documents permettant aux représentant de l’État de justifier la situation gravissime subie par les Marseillais en matière de santé publique », prévient la Métropole dans un communiqué.
La Métropole engage par la même occasion une action devant le TA de Marseille. L’institution présidée par Martine Vassal souhaite obtenir une condamnation de FO. La seule manière selon elle de « faire cesser le blocage des garages et des centres de transfert, qui empêche les non-grévistes de travailler librement, conformément à la loi », rappelle la Métropole. Elle dénonce « des blocages illégaux menés par des individus encagoulés qui sont aujourd’hui à l’origine de l’accumulation de près de 3 000 tonnes d’ordures ménagères sur la voie publique ».
L’exaspération des habitants s’expriment dans des pétitions en ligne
La colère gronde dans la ville face à la détérioration des rues. Plusieurs pétitions en ligne ont été lancées ces derniers jours. L’une d’entre elle, signée par de nombreux collectifs et acteurs associatifs (1 Déchet Par Jour – Clean My Calanques – Marseille Poubelle La Vie – Projet Azur – Un Océan de Vie – Recycle Plastique – Recyclop – Green Minded – Sauvage Méditéranée – Wings of the Ocean – Projet Rescue Ocean Marseille – Mer Veille – Surfrider Coordination Méditerranée – Marseille Vert – Zero Waste Marseille – Watch The Seapar le collectif Clean my calanques) a été publiée sous la forme d’une lettre ouverte à Martine Vassal, la présidente de la Métropole. Elle a recueilli plus de 2200 signatures en quelques jours. De son côté, la page Facebook “Marseille poubelle la vie” a déposé une autre pétition demandant la tenue d’assises de la propreté à Marseille. Près de 2000 personnes soutiennent l’initiative mercredi 26 janvier.
« On ne reprendra le travail que quand on aura un accort écrit et signé par tout le monde ! »
Patrik Rué
Pendant ce temps la grève continue, et les revendications des éboueurs restent inchangées depuis mardi 18 janvier. « On ne reprendra le travail que quand on aura un accort écrit et signé par tout le monde ! », signale Patrick Rué à l’occasion d’une conférence de presse organisée mardi après-midi rapportée par 20 minutes. Les syndicats réclament depuis la mi-janvier un renforcement de la protection des agents de la collecte dans un contexte de crise sanitaire, et des primes par dimanche et jours fériés travaillés. En charge des négociations à la Métropole, le vice président Yves Moraine juge ces revendications illégales. À Marseille, le service public assure la collecte des déchets dans neufs arrondissements (1er, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e et 13e).
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