Les partitions de Verdi, l’adhésion d’Antoine de Saint-Exupéry ou encore, la signature originale d’Hector Berlioz… vous pensiez ces documents inaccessibles ? La société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) a décidé de se lancer dans un travail de numérisation colossal afin que l’ensemble des documents dont elle dispose soit rendu accessible au public, via un musée en ligne.
Une initiative inédite, imaginée par le directeur général de la Sacem, Jean-Noël Tronc. « Après sa prise de fonction il y a deux ans, notre directeur a fait le tour des bureaux régionaux de la société et il est tombé sur des partitions de Verdi, raconte Serge Ansourian, à la direction régionale Sud-Méditerranée. En fouillant dans les archives, il a trouvé de véritables petits trésors et il s’est demandé pourquoi toutes ces richesses n’étaient pas valorisées. »
Un « boulot de malade »
Créée en 1851 pour collecter les droits d’auteurs et les attribuer aux artistes, la Sacem compte aujourd’hui 23 kilomètres d’archives de paroles, compositions, dossiers d’admissions, courriers manuscrits, etc. émanant des plus grands auteurs de musique depuis la création de la société. Elle compte aujourd’hui 149 000 sociétaires – dont 18 200 de nationalité étrangère – et plus de 80 millions d’œuvres. Autant de documents bien rangés dans des étagères, n’ayant qu’une utilité purement administrative et tombant dans l’oubli. Hors de question pour la nouvelle direction de la société de laisser mourir ce patrimoine extraordinaire.
« L’idée de créer un musée en ligne est apparue assez rapidement, explique Serge Ansourian. Nous ne voulions pas d’un musée physique car il y aurait forcément une limite géographique que nous voulons éviter. »
Tout en se lançant dans la numérisation de ses 23 kilomètres linéaires d’archives – « un boulot de malade, techniquement parlant » -, la Sacem va plus loin et a souhaité rendre l’expérience participative. La société a ainsi fait appel au grand public à travers un questionnaire, permettant à tout un chacun d’émettre des idées et de partager ses attentes d’un tel musée.
Le succès déjà au rendez-vous
« On est plus forts à plusieurs cerveaux, confie Serge Ansourian. Il était donc important pour nous de faire participer le public, pour nous nourrir de ses attentes. Il existe des musées de la musique un peu partout en France, mais aucune initiative de cette ampleur n’a jamais été prise. Nous voulons montrer que la Sacem n’est pas juste un organisme de collecte mais qu’elle est un acteur à part entière dans le milieu musical et qu’elle a beaucoup de richesses à faire partager. »
Lorsque la Sacem a mis en ligne son questionnaire, elle prévoyait de s’arrêter après 800 réponses, le temps d’analyser les résultats. C’était sans compter sur la forte mobilisation du public puisque le nombre maximum de participations a été atteint en quelques jours seulement. Toutes ces réponses doivent maintenant être analysées et la Sacem n’a pas encore défini de date précise pour la réalisation de son musée. « Le projet étant complètement nouveau, cela demande quelques précautons d’analyse préalables avant de programmer très précisément sa réalisation », justifie Serge Ansourian.
Une fois le musée virtuel en ligne, la Sacem pourrait envisager, dans un deuxième temps, l’affichage de reproductions des plus belles oeuvres dans ses bureaux en région. Des antennes ouvertes au public. En Provence, Jean-Jacques Goldman, IAM, Soprano ou Christophe Maé font notamment partie des sociétaires de la société des auteurs.
(photo d’illustration : Flickr/cc/Stéphane Moussie)