Jean-Laurent Félizia, candidat de la gauche et des écologistes a répondu à nos questions mercredi 19 mai. Retrouvez ici le second volet de notre entretien. Relire la première partie : Jean-Laurent Félizia (EELV) en « alternative au duo RN-LR » (1/2)
Faut-il continuer à développer le tourisme en région Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Jean-Laurent Félizia : On a tous cette envie de retrouver notre liberté et d’apprécier ces paysages remarquables que peuvent être la Sainte-Victoire, les Calanques, les jardins du Rayol et j’en passe. D’ailleurs, l’année dernière, l’affluence de touristes sur ces sites fut pour le moins conséquente. On ne peut pas du jour au lendemain mettre un point d’arrêt à cette économie qui compte pour beaucoup. J’aimerais travailler avec les professionnels du tourisme pour qu’on réfléchisse ensemble à un tourisme de qualité plutôt qu’un tourisme de masse. Les jauges des sites remarquables de notre région sont à recalibrer. N’oublions pas que la nature n’est pas la seule à se retrouver asphyxiée par ces vagues humaines. Les collectivités elles-aussi manquent de place et ne peuvent plus supporter ce phénomène. Pourquoi ne pas apporter un volet environnemental à notre tourisme ? Je pense notamment aux plages privées, mais pas que. Parlons de notre environnement marin, de l’identité de nos territoires. L’objectif c’est aussi d’avoir une clientèle qui ne vient pas que pour consommer, mais pour partager un territoire et comprendre son message. Un touriste consomme, un vacancier voyage. Je pense qu’on doit associer un label et des financements aux acteurs du tourisme participant à conforter cet écrin que cherche les vacanciers.
La Région Sud a financé l’électrification des quais pour les ferries, est-ce une bonne chose ? Que pensez-vous des croisières en Méditerranée ?
Croisères : « J’aimerais qu’on me prouve scientifiquement qu’il n y a aucun impact sur l’environnement »
Jean-Laurent Félizia
JLF : Deux questions en une. Subventionner l’électrification des quais, c’est très bien. Mais les mouillages en baie, j’y suis totalement opposé. On a beau me dire que les bateaux de moyennes croisières ne polluent pas tant que cela, je trouve que si on développe ce type de dispositif, c’est qu’on a loupé le virage du tourisme durable. En plus de cela, les retombées économiques directes sont quasiment nulles. Je suis membre du comité de tourisme du Lavandou. Je connais bien ces croisières. On mouille, les vacanciers descendent du navire, et ensuite ils prennent directement le bus pour Saint-Tropez. Et le pire c’est que lorsqu’on regarde au prorata la dégradation de l’environnement, on s’aperçoit qu’on a faux sur toute la ligne. J’aimerais qu’on me prouve scientifiquement qu’il n y a aucun impact sur l’environnement, ni aucune nuisance pour les écosystèmes marins, mais j’en doute fortement. Il faut savoir ce que l’on veut. Soit défendre une économie installée et durable, soit faire des coups d’éclat avec une espèce de carte postale qu’on voit depuis la mer, et des touristes qui ne sont là que pour consommer outrageusement. Pour le moment, on n’est pas dans le sens de l’histoire.
Comment jugez-vous l’efficacité de l’organisation des collectivités territoriales en France ?
Jean-Laurent Félizia : Je vais être assez cinglant, mais il y a une absence totale de démocratie partagée et participative. On a l’outil, mais on n’a pas pas les bons acteurs pour le faire fonctionner. Être fils de député et devenir député soit même, pour moi cela s’appelle une erreur de casting. Dans le mille-feuille institutionnel, si tout le monde ne confondait pas pouvoir et responsabilité, ça pourrait marcher. Je ne suis pas favorable au cumul des mandats. Un maire qui est président d’une communauté de commune, je ne trouve pas cela gênant, on reste dans un lien direct et local. Mais s’il est en plus conseiller régional, cela pose un problème. En terme de renouvellement, je suis pour que les maires des communes de moins de 10 000 habitants puissent tout de même faire trois mandats. On connaît la lenteur de certaines procédures administratives. On n’est pas là pour faire carrière en politique, il faut rester lucide. C’est vrai, Audrey Gatian, adjointe au maire de Marseille, est sur ma liste. Mais ce n’est que son premier mandat, c’est un moindre mal. Elle représente aussi un ancrage local à Marseille. Cela me gênerait qu’elle réitère sa candidature pour un second mandat.