A la veille du second tour des municipales, tous les yeux sont braqués sur le 7e secteur qui regroupe les 13e et 14e arrondissements à Marseille. Secteur le plus peuplé de la ville, il envoie 16 conseillers municipaux à la mairie centrale – soit le plus gros total parmi les huit secteurs. Alors que le candidat RN et ancien maire du secteur Stéphane Ravier est sorti largement en tête du premier tour avec 33,49 % des suffrages, des tractations ont lieu entre droite et gauche, sur fond de calculs aux multiples arrières-pensées. Car ici se joue un partie de l’élection à la mairie centrale.
Le Rassemblement national trace sa route
L’histoire de l’élection de 2014 est bien connue. Le candidat de gauche Garo Hosvepian, arrivé troisième derrière le RN et LR à l’issue du premier tour, avait refusé de retirer sa liste pour faire barrage à Stéphane Ravier. Il en avait résulté une triangulaire très serrée, de laquelle l’élu RN était sorti vainqueur avec 35,33 % des voix. Le sénateur des Bouches-du-Rhône compte bien réitérer ce scénario en 2020, après être arrivé largement en tête du premier tour. Derrière, le candidat LR David Galtier (18,22 %) et celui du Printemps marseillais Jérémy Bacchi (15,58 %) sont distancés, tandis que Julien Rossi, candidat DVG tête de la liste de Samia Ghali, a récolté 11,3 % des suffrages.
Dès le lendemain du premier tour, le spectre de 2014 a semblé planer sur les candidats de gauche. Ainsi, Jérémy Bacchi et Julien Rossi ont tour à tour annoncé le retrait de leur liste respective – ceci afin de faire barrage à la réélection du RN à la mairie de secteur. Un choix pas du goût de Florence Masse, numéro 2 sur la liste de Jérémy Bacchi dans le 13-14, qui avait vivement critiqué la conduite de ce dernier. Deux mois plus tard, à la faveur du déconfinement de l’élection, les choses semblent avoir évolué. Le Printemps marseillais réfléchirait finalement à aligner une liste de second tour. Idem du côté de Julien Rossi, qui aurait manifesté le souhait de maintenir sa liste.
Faire barrage au RN ou viser la mairie centrale : le dilemme de la gauche
Si la situation est particulièrement suivie, c’est qu’un dilemme cornélien s’offre au Printemps marseillais. En effet, en retirant son candidat, il offrirait un boulevard au candidat LR de Martine Vassal, qui empocherait au minimum 12 sièges au conseil municipal, contre aucun pour le Printemps marseillais. En revanche, si ce dernier maintient son candidat, et que la triangulaire donne le même résultat qu’il y a six ans, le RN serait certes de nouveau maître de la mairie du 13-14, mais le camp de Martine Vassal – que l’on voit mal gagner dans cette configuration – ne gagnerait pas plus de siège que lui. En résumé, le retrait de la liste de Jérémy Bacchi du 13-14 donnerait presque à coup sûr un différentiel de 12 sièges municipaux en faveur de Martine Vassal par rapport au Printemps marseillais.
Un avantage immense qui donnerait un avantage déterminant sinon décisif pour disposer des clés de la mairie centrale à Mme Vassal – la majorité étant de 51 sièges. Ainsi, entre volonté de ne pas porter une nouvelle fois le chapeau d’une mairie du 13-14 aux couleurs du RN et nécessité de conserver des chances d’emporter la mairie centrale, le Printemps va devoir trancher. Si les 8,63 % de voix de Josepha Colin, candidate DVD sur les listes du dissident LR Bruno Gilles, devraient aller à Martine Vassal, la gauche réunie pourrait capitaliser sur 32,75 % des suffrages du premier tour, en additionnant les scores de Jérémy Bacchi, Julien Rossi et Mohamed Bensaada (liste écologiste Unir, 5,87 %). Un total qui pourrait néanmoins se révéler insuffisant dans le cadre d’une triangulaire face à Stéphane Ravier.
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