Étrangement, la pandémie n’a pas mis l’immobilier à terre. Le marché de l’immobilier d’habitation en 2020 a tenu bon. Selon les chiffres publiés par la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), la chute des transactions a été de 80 % pendant le confinement dur de mars 2020, mais sur l’année, la baisse nationale n’est que de 8%. Au niveau du département des Bouches-du-Rhône, 28 009 ventes ont été actées entre octobre 2019 et octobre 2020, soit 6,7% seulement de baisse d’activité (voir notre article précédent).
En fait le marché est en train de se scinder
D’un côté ceux qui étaient des primo accédants, jeunes ménages, salariés en début de carrière, parents célibataires divorcés, voient le rêve d’un achat s’éloigner. La fin des dispositifs d’aides comme les limites du prêt à taux zéro, les exigences des banques qui demandent de plus en plus un minimum d’apport avec un examen des revenus plus suspicieux font que le scoring des ménages à revenu moyens et modestes est dégradé, même avec des crédits longs.
La nouvelle fracture immobilière
Ce sont eux qui sont les exclus de l’immobilier avec en plus une hausse du prix moyen de 1,8 % des logements, une rareté du foncier et des logements, mêmes à surface limitée, qui affichent des prix du mètre carré élevé.
Il se dessine, si les politiques publiques d’appui au logement, si les critères des banques n’évoluent pas, une véritable fracture immobilière dans la société. Et l’on sait que c’est ce public-là qui est en demande forte de logement. Les familles continuent donc à occuper les logements locatifs, souvent sociaux qui bloquent la chaîne de l’habitat et laissent en file d’attente ceux qui ont postulé.
Des choix de vie inventifs
De l’autre, les familles plus aisées sont en train de réévaluer leur choix de vie en intégrant le télétravail, le confort de vie à domicile, l’intérêt d’un extérieur et la qualité de relation dans les espaces semi-ruraux.
« Le marché de l’immobilier d’habitation, déclare Didier Bertrand, président de la Fnaim d’Aix-Marseille-Provence, a tenu bon et cela s’explique notamment, car l’immobilier, malgré les crises, reste une valeur sûre, pour laquelle les Français sont très attachés. Ce sentiment de confiance dans la valeur refuge de la pierre a été d’autant plus accentué par les confinements que le logement s’est retrouvé durant ces périodes, le lieu non seulement du foyer mais aussi souvent le lieu d’activité professionnelle d’un grand nombre de Français avec l’obligation au télétravail ». Avec une hausse de 1,8 % sur notre département, les prix restent donc stables si l’on tient compte de l’inflation. Marseille, comme Dijon et Rouen reste une grande capitale régionale ou il vaut mieux acheter que louer.
« Le confinement a bien accentué l’attrait de la clientèle d’acquéreurs vers des biens à l’extérieur de la ville ; durant les périodes de confinement les sites des agences immobilières ont relevé ce souhait de la clientèle vers des biens, hors grandes métropoles… Cependant, si le souhait de sortir de la ville s’est révélé, le passage à l’acte d’achat ne s’est pas concrétisé en transaction pour la plupart de la clientèle locale. »