A l’approche des commémorations du drame du 5 novembre 2018, l’adjointe à l’urbanisme de la Ville de Marseille Mathilde Chaboche et la maire du 1/7 Sophie Camard ont fait un point d’étape sur la réhabilitation du quartier de Noailles. « Nous souhaitons redessiner ce quartier, en faire un endroit désirable », affirment-elles en préambule. Cette réhabilitation passera notamment par la rénovation de l’habitat, très délabré dans ce quartier, une mission assurée par la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), qui vient d’entrer dans sa phase d’action. Mais il faudra également apaiser les abords des immeubles.
Pour cela, la ville souhaite accéder à une vieille requête des habitants du quartier : la piétonnisation des rues. « Nous avons trouvé un accord avec la Métropole Aix-Marseille Provence pour entamer la piétonnisation. A partir de début 2023, huit bornes seront installées à l’entrée de certaines portions de rue », détaille Sophie Camard. Ces bornes seront amovibles pour permettre aux camions de livraison de continuer à accéder (voir l’emplacement des futures bornes sur la carte ci-dessous). Cette opération de piétonnisation concernera dans un premier temps le bas de la rue d’Aubagne : en effet, le haut de de cette dernière étant pour l’heure toujours fermé à la circulation, sa piétonnisation interviendra dans un second temps.
La Ville compte aussi s’attaquer au problème du manque de nature et d’îlots de fraicheur, s’appuyant sur les résultats de l’étude « Centre-ville résilient », parue en juin 2020 (voir l’étude en document source) : « Notre centre-ville a tous les paramètres d’une cocotte-minute : en 2017, 60 degrés au sol étaient relevés dans le quartier de Noailles. Si nous ne faisons rien, en 2050, cette température atteindra les 90 degrés et personne ne pourra plus y vivre », alerte Mathilde Chaboche. La municipalité souhaite donc installer des îlots de fraicheur et promouvoir les actions d’éco-citoyenneté.
Préemption du théâtre Mazenod et du Domaine Ventre pour « ramener du service public dans le quartier »
La Ville souhaite également multiplier les équipements publics dans le quartier. Mathilde Chaboche et Sophie Camard ont ainsi annoncé la préemption du théâtre Mazenod, jusqu’alors propriété du Diocèse, qui a vocation à devenir un lieu accessible à tous. « Centre socio-culturel, équipement sportif … Plusieurs options sont sur la table » pour l’avenir du théâtre, détaille Mathilde Chaboche.
Idem pour le domaine Ventre, lieu historique autrefois dédié au travail du bois, qui dispose de trois entrées, dont une 78 rue d’Aubagne. Ce domaine a été préempté, de même que le 44 rue d’Aubagne, afin de créer une Maison pour tous qui s’étendra sur les deux sites.
Quant au lieu des effondrements, la fameuse « dent creuse » de la rue d’Aubagne, la Ville n’a pas encore tranché sur son avenir, en dépit de la consultation citoyenne organisée en avril dernier sur l’avenir du haut de la rue d’Aubagne. Seule certitude pour la Ville : « Nous ne voulons pas effacer le passé mais faire revenir la vie. » Elle a donc écarté l’hypothèse d’une simple plaque de commémoration. Dans le cadre d’un projet intitulé « Noailles Autrement », financé par la Fondation de France, de nouveaux ateliers de concertation auront lieu le 20 novembre, auxquels pourront prendre part les citoyens. Une chose est sûre, le 66 rue d’Aubagne, immeuble face à la dent creuse, c’est l’association « Le Bouillon de Noailles », qui porte plusieurs actions culturelles, d’insertion professionnelle ou encore de formation, s’est vu octroyé un bail par la Ville.
Reste encore le sujet de l’insécurité dans le quartier, dont se plaignent les commerçants, et que la Ville peine à régler : « Ce n’est pas qu’une question de vente à la sauvette, c’est surtout de la petite délinquance. Malheureusement, la présence de la police municipale comme nationale n’y ont rien fait […]. Notre rôle à nous est d’avancer avec le tissu associatif sur la réhabilitation du quartier. Cela permettra déjà d’évoluer », conclut Sophie Camard.
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