« Je suis convaincu que nous pouvons devenir la première région de l’ESS », lance Denis Philippe, le président de la Chambre régionale des entreprises de l’économie sociale et solidaire (Cress) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce jeudi 3 novembre, la Cress a organisé le cinquième salon ESS Sud pour réunir l’écosystème local. « Un vrai salon d’affaires », tient à préciser l’élu qui s’évertue à placer l’ESS au rang de l’économie « classique ». Longtemps mises à l’écart, les entreprises de l’ESS ont aujourd’hui toute leur place sur la scène économique, représentant 19% des emplois à Marseille, 13% des emplois en région et 10% des emplois en France. Le salon ESS Sud est devenu un moment stratégique pour les 150 exposants qui se structurent et valorisent leurs modèles économiques.
Si Marlène Schiappa, la secrétaire d’État déléguée à l’ESS, n’était pas présente physiquement, son discours, lui, était attendu. Quelques semaines après l’indignation de Denis Philippe à l’égard de l’État, Marlène Schiappa a rassuré le président dans une vidéo diffusée en introduction de l’événement. La secrétaire d’État se dit « attachée au modèle des Cress » qui sont « les poumons des territoires ». Attentif à cette reconnaissance, Denis Philippe a salué le « signal fort de l’État » envoyé à toutes les Cress de France, invitées à se réunir début janvier 2023 au cabinet ministériel pour réorienter leurs rôles au sein des territoires. Un changement de statut en vue ? Des subventions de l’État comme pour les Chambres de commerce et d’industries (CCI) ? Rien n’est encore défini.
En amont de ces échanges, Denis Philippe soulève un besoin urgent de pédagogie auprès des élus locaux. La Cress a ainsi créée un module de formation pour les accompagner à saisir les enjeux de l’ESS qui réalise « 7% du PIB régional », selon les chiffres de la Région Sud. En tant que premier partenaire du salon Ess Sud, la Région s’est engagée à aider les entrepreneurs à financer leur développement, en consacrant un budget de 96 millions d’euros répartis jusqu’en 2028, soit 16 millions d’euros par an. En effet, ces entreprises fondées sur le bien commun sont « encore trop frileuses face au risque financier. Elles restent très ancrées au niveau local, sans passer à l’échelle », analyse le président de la Cress. Mais cette tendance évolue.
Mieux communiquer sur ses actions
Depuis la crise Covid-19, les petites structures prennent confiance en elles. Elles ont prouvé leur résilience et leur utilité pour accompagner la transition sociale et écologique des entreprises. Sur le salon ESS Sud, elles sont venues davantage communiquer sur leurs bonnes actions, comme La Team Web, une agence digitale basée à Marseille, qui accompagne ses clients dans leur transition numérique. « On vient prouver que l’on peut faire du digital et du durable », explique le trafic manager, Guillaume Denis.
Pour Myriam Bouden, chargée de développement des ressources humaines de la Table de Cana, le salon ESS Sud est l’occasion de saluer ses partenaires et de se montrer. « Sur le salon, nous avons réalisé toute la partie traiteur. C’est un bon moyen de nous faire connaître après d’autres entreprises », se réjouit la jeune salariée. Aujourd’hui, le traiteur responsable emploie 14 salariés à temps plein et 31 personnes en réinsertion professionnelle à Marseille.
L’ESS mise sur la réinsertion professionnelle
Comme la Table de Cana, la réinsertion professionnelle est le fer de lance de plusieurs structures présentes, à l’image du groupe La Varappe (Aubagne) et du groupement d’entreprises GDID (Salon-de-Provence). Ces entreprises de l’ESS génèrent plusieurs millions de chiffre d’affaires grâce à la réinsertion professionnelle en développant « des filières et des métiers en tension sur le marché de l’emploi », explique Sabrina Thiefin, chargée de développement du GDID.
Rassemblant 173 000 emplois dans la région, l’ESS est devenu un véritable vivier économique pour le territoire. Toutefois, certains ajustements sont encore à mener, comme la surreprésentation des femmes(68%) dans les emplois de ces structures, expliquée par le fait qu’ils soient encore « mal rémunérés », selon Denis Philippe qui s’empare de son prochain combat.
Liens utiles :
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