La grève du 10 novembre a été suivie à Marseille, même si l’Unsa Syndicat enseignant et la CFDT appelaient à se manifester autrement : l’Unsa SE s’est mobilisée en distribuant un tract aux parents : « Non nous ne sommes pas des superhéros ». Les enseignants Unsa alertent aussi sur la dégradation de leur quotidien en adressant « une pluie » de fiches du Registre Santé et Sécurité au Travail, de SST sur l’administration locale.
« Nous mentons aux usagers en faisant croire que nous y arrivons et ce mensonge, la profession ne le supporte plus. »
Unsa
Dans une lettre ouverte adressée à l’inspecteur académique et communiquée à la presse, le syndicat déplore « la colère, l’exaspération et l’épuisement des personnels ». L’Unsa constate que « tout est décidé et organisé en permanence dans la précipitation, au dernier moment et sans prendre en compte l’avis des professionnels dont nous sommes les représentants. Dans les faits, cela se traduit par des écoles et établissements qui n’arrivent pas à appliquer les règles sanitaires. Nous mentons aux usagers en faisant croire que nous y arrivons et ce mensonge, la profession ne le supporte plus. »
De fait avec ou sans grève, nombre d’écoles sont dans l’incapacité de poursuivre leur mission. Le personnel municipal, qui assure le ménage et la surveillance des cantines, est absent à plus de 50% dans certaines écoles : les cas contacts, les personnes à risque, les arrêts maladie font qu’il n’y a plus personne pour assurer la sécurité sanitaire et la cantine.
Lorsque le personnel municipal est présent, il refuse d’appliquer le nouveau protocole sanitaire déployé depuis le 2 novembre : il demande un nettoyage plusieurs fois par jour au lieu d’un passage quotidien. Signe de la désorganisation, 11 pathologies avaient été retenues pour se positionner comme personnes vulnérables, elles ont été réduites à 4, par le ministère. Mais le conseil d‘État a considéré ce décret “non suffisamment justifié”, donc retour aux 11 pathologies justifiant un retrait. Résultat : des personnels n’ont pas remis les pieds dans les écoles depuis le début du premier confinement. Dans certaines écoles la mairie a envoyé des agents de nettoyage privés qui ont fait preuve d’une grande efficacité, mais la solution n’est pas pérenne.
Avec moins de personnel, les équipes pédagogiques doivent néanmoins accueillir tous les enfants. Mais sans qu’ils se mélangent, donc dans des classes non pourvues d’enseignants. Compliqué !
Cherche lavabos…
La situation est aggravée à Marseille vu l’état des écoles. Le protocole prévoit que les enfants doivent se laver les mains en arrivant, avant et après la récréation, avant et après le repas, ce qui fait 7 à 9 passages aux lavabos, calcule un instituteur. Sauf que le nombre de lavabos est notoirement insuffisant et que ce passage devient un casse-tête chronophage.
Manifestement le courant ne passe pas entre la maire et les services. L’équipe municipale proclame que toutes les écoles sont pourvues en gel et savon. Que tous les enfants auront des masques gratuits. En fait de gel, un bidon de 5 litres sans pompage a été livré, mais pas renouvelé depuis le 9 octobre, les masques ne sont pas livrés et le personnel n’a pas de lingettes pour désinfecter les matériels de sport ou de bureautique entre deux classes, ce qui est prévu dans le protocole. La communication entre services ne semble pas fluide : un service annonce que les classes seront nettoyées de 16 h 30 à 16 h 50, sauf que le service du personnel en charge du nettoyage n’est pas averti !
5 tests pour 10
Quant aux tests, le message s’est là aussi perdu en route, puisque les marins-pompiers mobilisés par la mairie sont arrivés dans des écoles de plus de 10 enseignants avec juste cinq tests disponibles.
La tension monte avec les parents aux portes des écoles, ils doivent se rendre impérativement au travail et l’école risque de fermer ou de supprimer les activités périscolaires.
Pris dans des directives précipitées et inapplicables, mis sous pression par les parents, par l’administration, par des enfants désemparés, : « ils ont, écrivent – il, dans la lettre de l’Unsa (voir page suivante) besoin de temps pour pouvoir s’organiser, ils ont besoin de pouvoir se projeter dans la durée et d’un cadrage organisationnel clair, précis et rassurant ».
La situation dégradée dans les écoles marseillaises est dénoncée également par l’opposition municipale. Le groupe Une volonté pour Marseille a diffusé lundi 9 novembre un communiqué (lire ci-dessous) dans le lequel il dénonce la gestion du dossier par la nouvelle majorité.
Ecoles marseillaises : une gestion municipale proche du chaos !
« A la veille d’un énième mouvement de grève touchant les écoles de notre ville, les élus du groupe Une Volonté Pour Marseille s’interrogent sur cette tant promise et donc tant attendue « révolution » que la nouvelle majorité devait lancer dans les écoles de la Ville de Marseille !
En attendant, le constat est édifiant : une situation grave dont les conséquences sont, encore et toujours, portées par les enfants et les parents !
Pour la simple journée du jeudi 5 novembre ce n’est pas moins de 218 cantines sur 320 et 158 écoles sur 470 qui étaient totalement fermées, ainsi que 43 crèches municipales sur 59.
Où sont les élus qui, hier encore, décriaient la gestion des écoles ? Où sont toutes les solutions miracles promises par le nouvel exécutif municipal au sein duquel 4 adjoints sont en charge du sujet ? Il est évidemment bien plus simple de blâmer lorsque l’on est pas, soi-même, confronté aux réalités de la gestion. »
Les élus du groupe Une volonté pour Marseille
La mairie de Marseille réagit
La mairie de Marseille a tenu à réagir à notre article par la voix de Pierre Huguet adjoint à la Maire de Marseille en charge de l’éducation et des cantines scolaires. Nous publions ses précisions dans un article complet : Les précisions de la mairie de Marseille sur la situation dans les écoles.