A l’occasion d’un point presse organisé ce lundi 5 septembre, l’adjointe à l’urbanisme de la Ville de Marseille Mathilde Chaboche a dressé un bilan pour l’année 2021 – 2022 en matière de logement à Marseille. Ainsi, entre septembre 2021 et août 2022, ce sont 3390 permis de construire qui ont été délivrés, soit un chiffre nettement supérieur à l’objectif municipal fixé à 3000 annonce l’élue du printemps Marseillais. En revanche, la mairie accuse toujours un retard en termes de constructions de logements sociaux : 698 permis accordés pour du logement social locatif seulement sur la même période, contre un objectif de 1200. « Ce n’est pas encore assez, mais nous constatons malgré tout une progression », argumente l’adjointe, qui brandit pour preuve les chiffres sous l’ancienne municipalité de droite : « En 2017, 3900 opérations approuvées pour 400 logements sociaux ; en 2019, seulement 250 sur un total de 3800 logements », énumère Mathilde Chaboche.
Afin d’améliorer ces chiffres, la municipalité milite auprès de la Métropole pour inscrire dans le Plan local d’urbanisme intercommunal (Plui) la nécessité pour les promoteurs d’intégrer du logement social dans leur construction dès que les opérations comprennent 30 logements – un seuil actuellement appliqué par la Métropole mais uniquement dans les zones bien desservies par les transports en commun. Elle mise aussi sur la rénovation et la réhabilitation de logements déjà existants et laissés vacants, pour la plupart anciens, ce qui représenterait « 40 000 logements » en tout selon Mathilde Chaboche.
Par ailleurs, la mairie dit avoir atteint le seuil légal de logements sociaux, fixé à 25%, sur toute la superficie de la ville ; en revanche, admet l’adjointe, ce taux reste très inégalement réparti, étant principalement concentré dans les quartiers nord et quasiment absent dans le centre et au sud.
Une lettre du Préfet qui a « 40 ans de retard »
L’adjointe à l’urbanisme de Marseille réagit en outre à la lettre envoyé par le Préfet Mirmand à la présidente de la Métropole Martine Vassal (voir notre précédent article), dans lequel il alerte sur un risque de pénurie de logements dans la cité phocéenne. « La lettre du Préfet est à la fois en avance et en retard », tique Mathilde Chaboche. « En retard de 40 ans car elle défend une approche quantitative plutôt que qualitative, qui est aujourd’hui dépassée. Or ce n’est pas notre conception. C’est ignorer les enjeux environnementaux actuels. Et en même temps, il est regrettable que le Préfet n’ait pas attendu que nous lui communiquions nos chiffres pour s’exprimer ! »
« On ne peut pas continuer d’étendre la ville inexorablement »
Mathilde Chaboche
La Ville entend ainsi maintenir sa stratégie pour la rentrée – qui lui vaut toutefois des frictions avec les promoteurs immobiliers : recentrer au maximum l’habitat vers le centre et privilégier les projets à teneur écologique. « On ne peut pas continuer d’étendre la ville inexorablement. Si on continue à construire des logements sans réfléchir, nous risquons de suffoquer », poursuit l’adjointe, qui souhaite développer les espaces verts en ville.
Mathilde Chaboche : « Avoir une vision métropolitaine du logement »
Sur la production de logement, Mathilde Chaboche plaide pour une approche davantage métropolitaine. A l’échelon métropolitain, le document fixant la stratégie du déploiement de logements sur le territoire, le Plan local pour l’habitat (PLH), est actuellement toujours en cours de négociation. « Il nous faut ce PLH d’urgence », plaide Mathilde Chaboche, qui fustige cependant la stratégie de la Métropole : « Ses services sont en train de constituer un document à la carte, selon les demandes des maires des communes autour de Marseille. Or, la plupart de ces maires ne souhaitent pas de logement social et comptent sur notre ville pour combler les quotas. Ce n’est pas comme cela qu’il faut procéder, il faut avoir le courage de porter une vision métropolitaine du logement », affirme l’élue.
Contacté par Gomet’, le vice-président en charge du logement à la Métropole David Ytier, par ailleurs président de la SPLA-In en charge de la rénovation urbaine, réagit aux propos de Mathilde Chaboche : « Si le PLH stagne, c’est parce que nous attendons justement que Marseille nous communique ses objectifs en termes de logements. Les maires des 91 autres communes nous les ont remis, il ne manque plus qu’eux. Nous aurions déjà dû avoir un PLH achevé cet été », défend-t-il. S’il s’accorde à dire qu’il est nécessaire de réhabiliter les logements vacants et de recycler les terrains pour la construction, il abonde dans le sens du préfet : « Il faudra passer par du quantitatif si la Ville veut combler son retard en matière de logements. La réhabilitation de l’ancien ne suffira pas à combler la demande », analyse-t-il. Quoiqu’il en soit, le dossier de la rénovation du logement en centre-ville de Marseille, abondé financièrement par l’Etat, devrait avancer dans les mois à venir, promet le président de la SPLA-In, avec l’annonce de nouveaux objectifs d’ici la fin septembre.
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