Après l’annulation de l’édition 2020 de la foire de Marseille, le président de la Safim, Loïc Fauchon tire la sonnette d’alarme pour sa société mais surtout pour les exposants qui réalisent jusqu’à 65% de leur chiffre annuel pendant l’événement. Il alerte également sur la menace qui pèse sur tout le secteur événementiel qui n’a plus de recettes depuis six mois.
Le préfet a annoncé l’annulation de la foire de Marseille de cette année. Un coup dur pour l’économie locale et la Safim. Qu’est-ce que cela représente pour vous en termes de perte d’activité ?
Loïc Fauchon : C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour la Safim. L’organisation de la Foire de Marseille représente environ 40% de notre chiffre annuel qui est de l’ordre de 20 millions d’euros, c’est à dire environ 8 millions sur ce seul événement. Ces pertes viennent s’ajouter à près de six mois d’inactivité complète. Ça commence à faire beaucoup. Pour compenser, on a mis en place le chômage partiel pour l’ensemble de nos équipes et on devrait le prolonger au moins jusqu’à la fin de l’année. Mais nous ne sommes pas les plus à plaindre.
Vous pensez surtout aux petites entreprises qui perdent une grosse partie de leur chiffre d’affaires réalisé à la Foire. L’impact est pire pour eux ?
Loïc Fauchon : Oui, c’est surtout à eux qu’il faut penser et leur venir en aide. La Foire de Marseille réalise un chiffre d’affaires annuel moyen situé entre 80 et 100 millions d’euros pour tous ses participants. Pour certains commerçants ou artisans, elle est l’occasion de faire les deux tiers de leur chiffre annuel. C’est un manque à gagner terrible. On va essayer de les aider à tenir le choc.
Comment pourrait-on aider les entreprises à encaisser ce choc ?
Il faudrait créer un fonds d’indemnisation dédié à la Foire
Loïc Fauchon
Loïc Fauchon : On va se tourner vers l’Etat et les collectivités pour les aider financièrement. Le plan de relance annonce déjà de nouveaux prêts en trésorerie et des mesures de chômage partiel mais dans leur cas, cela risque de ne pas être suffisant. Il faudrait créer un fonds d’indemnisation dédié à la Foire qui permettrait de compenser sinon la totalité de leurs pertes, au moins une partie. Rien ne l’empêche légalement alors il faut travailler sur ce sujet. Ils sont menacés par une disparition pure et simple. Cela doit être une priorité des pouvoirs publics.
Outre la Foire de Marseille, la plupart des grands événements marseillais et même français ont été annulés. Quel est le risque pour la filière événementielle ?
Loïc Fauchon : Les entreprises de l’événementiel n’ont aucune recette depuis le début de l’année. On risque de voir très bientôt le tissu professionnel du secteur disparaître massivement avec des faillites en cascade. Et cette menace concerne aussi bien les petites sociétés que les grands groupes du secteur. J’entends de plus en plus de grands acteurs s’inquiéter de la dégradation de leur situation financière.
Avez-vous discuté avec le préfet avant qu’il ne prenne sa décision d’annuler la Foire ?
Loïc Fauchon : Bien sûr. Nous sommes en lien depuis plusieurs semaines et on lui a présenté un dispositif exemplaire en terme de sécurité sanitaire. Dans un espace clos, on peut mettre en place des mesures bien plus efficace que ce qui est possible sur l’espace public. Le préfet a lui-même reconnu la qualité de notre proposition et j’ai longtemps cru qu’il allait nous laisser tenir la Foire. Au final, il nous a un peu jeté en pâture sur la place publique. C’est dommage car on espérait faire de cette Foire 2020 un exemple national pour l’organisation de tous les événements de cette taille dans les meilleures conditions de protection sanitaire.
Vous restez persuadé que la Foire n’aurait fait courir aucun risque aux exposants et aux visiteurs alors que les derniers chiffres démontrent bien une accélération de la propagation de l’épidémie à Marseille ?
Commençons déjà par faire respecter la loi sur la voie publique.
Loïc Fauchon
Loïc Fauchon ll faut faire très attention avec les chiffres. Le taux d’incidence limite de 100 sur 100 000 habitants mis en avant par les autorités ne me semble pas une bonne appréciation. Aujourd’hui, il y a plus de cas positifs car il y a plus de tests que lors de la précédente vague au printemps. Lorsque l’on regarde précisément les chiffre de l’Insee, on remarque que sur les 1 600 morts par jour en France, seulement 20 le sont à cause du Covid contre plus de 400 du cancer. Il faut remettre les choses en perspective et regarder plusieurs chiffres avant de bloquer toute une économie et risquer de faire encore plus de dégâts que le virus lui-même. Commençons déjà par faire respecter la loi sur la voie publique. Il y a tous les soirs des fêtes sur la corniche et le port où les gestes barrières ne sont pas du tout respectés. C’est un véritable scandale de voir que le bêtise de certains pénalisent ceux qui veulent travailler.
Etes-vous confiant pour la suite ?
Loïc Fauchon : Difficile à dire… je ne reviendrai pas sur le passé, il faut aller de l’avant et j’espère que la situation s’améliorera. Le préfet a bien précisé que le dispositif sanitaire sera évolutif et on pourra peut-être enfin reprendre une activité normale d’ici un mois. Dans son discours, le Président de la République a dit « la vie doit continuer ». dans ce cas, il ne faut pas annuler les événements.
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