« Je viens d’apprendre à l’instant une très bonne nouvelle », lance le maire Benoît Payan dans une vidéo face caméra publiée ce jeudi 28 avril sur Twitter. C’est officiel, Marseille est bien retenue dans le cadre du programme européen des 100 villes neutres pour le climat d’ici 2030. Au total, 377 communes avaient candidaté à ce label. « Ce n’était pas gagné d’avance », répète à plusieurs reprise l’édile socialiste. Certes. Mais, malgré le retard constaté de Marseille dans sa transition écologique et énergétique, cette distinction était attendue. Depuis la soirée organisée par la mairie mardi 12 avril autour de la candidature marseillaise, en présence des 150 partenaires de la Ville, c’était même devenu un secret de polichinelle. Qu’importe, la récompense est là, et elle devrait permettre à la mairie, dans les mois à venir, d’enclencher plusieurs chantiers prioritaires.
#MarseilleVillePlusVerte |🌍Marseille est désignée lauréate du label européen “100 villes neutres en carbone d’ici à 2030”. Notre ville se hisse désormais à l’échelle européenne pour devenir une ville pionnière de la transformation écologique & sociale 👉 https://t.co/LMWYWh3Gsd pic.twitter.com/NHsyUJjys2
— Ville de Marseille (@marseille) April 28, 2022
La Ville annonce que le Palais du Pharo sera illuminé en vert jusqu’à ce week-end pour célébrer la victoire marseillaise.
Le projet marseillais a séduit Bruxelles
Benoît Payan le concède en toute transparence : « on est une ville très polluée (…) avec un air pas très sain et des pollutions qui nous affectent ». C’est une évidence, Marseille accuse un décalage écologique dans plusieurs secteurs. Principalement « le transport (38%) et le logement (26%) », précisait en début de mois Fabien Perez, l’adjoint marseillais aux financements européens. Pourquoi Marseille est-elle récompensée malgré ses lacunes ? « C’est la victoire d’un projet, la victoire d’une volonté, d’une ambition (…) On est reconnu comme une ville qui va aller de l’avant », explique Benoît Payan. Dans le dossier qu’elle a déposé le 31 janvier sur le bureau de la Commission européenne, Marseille dessine les contours d’une ville plus durable à l’horizon 2030. L’objectif affiché par la mairie est de réduire de 75% les émissions de CO², et de diminuer de 8 points le taux de pauvreté à Marseille (27% en 2022).
Les cinq priorités de Marseille
1. Le transport et la mobilité
2. La décarbonation du parc immobilier
3. La nature urbaine
4. L’inclusion citoyenne
5. L’innovation
Parmi les projets imaginés par la mairie de Marseille et ses partenaires (collectivités, institutions, associations, privés…), on retrouve notamment la réhabilitation de la gare Saint-Charles. L’infrastructure ferroviaire historique, au cœur de Marseille, doit être restructurée, avec la création d’une gare souterraine à l’horizon 2030. La mairie promet également la création de sept lignes de tramway et de bus pour désenclaver les quartiers Nord. Côté immobilier, les futurs constructions devront être climatiquement neutres. La moitié des bâtiments universitaires AMU seront réhabilités au cours de la décennie, avec une réduction drastique (-40%) de leur consommation en énergie. De nouveaux récifs artificiels vont être également créés. À noter que le grand plan écoles, piloté par la mairie et par l’État, fait également partie des arguments marseillais.
Fonds européens : « Pas de chiffrage précis »
Côté finances, aucun chiffre précis n’a été dévoilé, ni par la Ville de Marseille, ni par l’Europe. Benoît Payan assure que « dans les mois qui viennent, cette ville va pouvoir bénéficier de financements qu’elle n’avait pas jusqu’à présent ». De son côté, l’adjoint au maire en charge de la transition écologique, Sébastien Barles, estime que ce label est « une formidable opportunité pour accélérer nos politiques de transition écologique ». Contacté par Gomet’, il évoque « une double source de financements liée au New Green Deal européen » – le Pacte vert est un contrat à mille milliards d’euros sur toute la décennie 2020 dont l’objectif principal est de supprimer les émissions de gaz à effet de serre en Europe d’ici 2050.
Une double source de financements liée au New Green Deal européen.
Sébastien Barles
Suite à l’obtention du label, Marseille va être accompagnée sur l’ingénierie de montage et sur le financement de « projets démo-réplicables ». Toutefois, l’élu écologiste reconnaît l’absence de « chiffrages précis ». L’Europe, qui évalue encore les dossiers des lauréats, aurait promis à Marseille « de gros potentiels de financement » à condition de monter des projets solides et réalistes. « On n’en manque pas », commente Sébastien Barles. La Ville doit maintenant travailler son contrat « ville climatique » – dont l’écriture débute en mai avec une signature prévue début 2023 – pour décrocher de nouvelles subventions, et accumuler les fonds d’investissement. Sans quoi elle ne pourra pas résoudre la question financière, pierre angulaire de son projet de neutralité climatique.
Une réforme de la gouvernance à venir
Selon la mairie, « la gouvernance est l’une des principales raisons pour lesquelles Marseille est en retard en termes de neutralité climatique ». Avec ce nouveau contrat ville climatique, elle souhaite la réformer. La gouvernance sera « multi-acteurs et multi-échelles », selon un modèle public-privé et citoyen, et partagée entre la région, la ville, la métropole, l’État. Deux organes externes seront mis en place pour fournir « des conseils et des recommandations » : le comité scientifique (co-piloté avec AMU) et l’assemblée du futur, qui sera composée de membres de la société civile.
Quant à la mise en œuvre des cinq priorités, elle sera pilotée par des établissements publics, des sociétés publiques ou des sociétés à économie mixte. On retrouve ainsi la SPLA-IN des écoles (Spem) et celle de l’habitat pour les projets en lien avec le bâti, le groupement d’intérêt publique (GIP) Aix-Marseille Provence mobilités pour le transport, la SEM Energies, dont le montage est en cours, s’occupera de la production d’énergie décarbonée, le grand port (GPMM) pour l’aspect industrie, et enfin le duo Ville – Parc national des calanques pour relever les défis liés à la protection de la nature.
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